Vers un avenir chimique

Deux jours à la Cité des Sciences pour découvrir les formations et les métiers de la chimie et des sciences de la nature et de la vie. Olivier et Eglantine sont partis tôt pour être au Village de la Chimie dès l’ouverture le samedi et éviter la foule de l’après-midi.

Hasard du destin, ils ont d’abord rencontré une femme travaillant à France Chimie. Surtout, sa fille est dans la même situation qu’Eglantine. Elle est trop fatiguée pour suivre l’ensemble des cours. Elle passe son bac en deux ans. Elle a un an de plus qu’Eglantine et termine donc ses épreuves cette année. Et elle veut, elle aussi, poursuivre ses études dans la chimie.

La maman chimiste a partagé avec Olivier et Eglantine toutes les recherches en orientation que sa fille et elle avaient déjà entreprises. Un gain de temps et d’énergie précieux.

Différentes pistes se dessinent à la suite de ce salon. La réflexion est de plus en plus étayée par toutes les informations réunies depuis la première visite à une école de chimie.

Comme quoi, une étincelle suffit à allumer un feu. Une brochure posée sur le bureau de sa prof principale au lycée a entraîné l’inscription aux portes ouvertes d’une école. Parce qu’un monsieur y semblait esseulé à son stand, j’ai entamé la conversation. Il représentait les anciens élèves. C’est lui qui m’a parlé du Village de la Chimie.

Depuis ce premier prospectus, la recherche est ardente. Elle prend forme. Des idées sortent de l’ombre, la filière s’éclaire. Eglantine se projette dans son avenir.

Une seule grande certitude, son avenir sera chimique.

La douce odeur des pains au lait

Cuisiner des pains au lait pour le goûter, Eglantine y pensait depuis un moment. Trop fatiguée ces derniers temps, elle repoussait sans cesse à plus tard. Finalement, ce vendredi matin, elle s’est levée relativement en forme, décidée à préparer ses petits pains.

Elle s’est débrouillée toute seule. Acheter de la levure de boulanger, préparer sa pâte, utiliser le robot de sa sœur pour enlever les grumeaux, incorporer des pépites de chocolat, doser la farine à rajouter pour que les pâtons ne collent pas trop aux doigts, allonger la pâte en petits tas sur une plaque, recouvrir d’un torchon, glisser la plaque dans le four pour la protéger des truffes félines et laisser gonfler le temps du rendez-vous chez l’ergothérapeute.

Sitôt revenue, elle s’est lavé les mains, a sorti la plaque, mis le four à préchauffer, badigeonné les pâtons avec de l’œuf, entaillé les pains au lait du fil d’un couteau bien aiguisé et enfourné les huit brichetons.

Elle les a regardés finir de gonfler et dorer moelleusement. L’odeur ronde de la pâte chaude a rapidement parfumé la maison. Quand elle les a retirés du four, quinze minutes après, elle avait la joie gourmande et le sourire friand. Nous étions avides de les goûter. Nous leur avons à peine laissé le temps de refroidir un peu. Ils fondaient en bouche, tendres et savoureux.

Vite, une photo, avant de tous les dévorer !

La satisfaction de faire soi-même était amplifiée par la réussite incontestable de la recette. Eglantine a promis de nous en préparer à nouveau. J’en salive d’avance.

Le Père Noël habite près de chez nous

Le Père Noël existe. Il habite près de chez nous. Il a des cheveux blancs et une petite moustache assortie – pas de barbe, on le reconnaîtrait trop facilement. Il se déplace en bus et en RER. Parfois, il utilise son beau vélo bleu, un prototype unique dont il peut vous raconter l’histoire.

La première fois qu’il a sonné à notre porte, il avait rempli son caddie magique de Traou Mad et de pâtés Hénaff – le père Noël est breton, mais chut, c’est un secret, tout le monde le cherche au pôle Nord. Notre camion de déménagement venait de repartir en Roumanie. Nous étions ensevelis sous les cartons. Depuis, il passe régulièrement boire un petit noir – le père Noël aime beaucoup le café turc – dans sa tasse en porcelaine d’Iznik décorée de tulipes traditionnelles. Orta şeker, avec un demi-sucre.

Pour fêter le retour de la Tasse de Thé, il est venu nous apporter des financiers au blé noir – de Bretagne – dans une boîte en fer en forme de Traou Mad. Des grands et des petits, qui ont été engloutis à la sortie du collège et du lycée. J’ai pu en sauver un petit. Je confirme l’avis de mes gourmandes préférées : ils étaient très bons.

Plus une miette

C’est vraiment chouette d’avoir le père Noël comme voisin. Surtout qu’il cuisine drôlement bien.

Notre Père Noël en cuisine

Merci !

Être ici est une splendeur

J’ai acheté ce livre de poche à la librairie du musée d’Orsay après ma visite de l’exposition « Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort »  en novembre. C’est à cette occasion également que j’ai découvert Une maison de poupée, de Ibsen.

Sur la couverture, une femme nue jusqu’à la taille, main droite posée sur son ventre rond, un long collier tombe au creux de ses petits seins dont les tétons ont la même couleur que les perles – au moment où j’achète le livre, je ne sais pas encore que c’est de l’ambre. La main gauche retient un drap blanc autour de son bassin, juste sur le pubis. Peau ocre sur fond vert amande. La jeune femme a les joues roses, le regard doux et large, le nez légèrement rougi les cheveux tressés sur la tête. Le visage, de trois-quarts, fixe le lecteur légèrement par en-dessous, comme pour lui dire : alors, qu’en dis-tu ?

Et le titre ! Être ici est une splendeur. Cette phrase m’a saisie. Quelques mots d’une beauté étrange qui ont tout de suite résonné en moi. Ils sont de Rainer Maria Rilke.

J’étais persuadée d’avoir lu l’auteure, Marie Darrieussecq. Pourtant, quand je regarde sa bibliographie, je ne reconnais aucun titre que j’aurais lu. Finalement, j’ai dû tellement entendre parler d’elle et des polémiques qu’elle a suscitées, que je pensais connaître ses écrits

J’imaginais lire ce petit livre en quelques heures. Il m’a accompagné deux semaines. Glissé dans mon sac, quelques pages en attendant un rendez-vous, compagnon de mes attentes.  Posé sur ma table de nuit, dernière lecture avant de fermer les yeux, gardien de mes rêves. Abandonné sur la table basse, lecture le temps d’une pause thé, ami des temps libres.

Car ce livre m’a conduite sur des chemins détournés. Marie Darrieussecq y raconte la vie de Paula Modersohn-Becker. P.B.M. ainsi qu’elle signait ses toiles. Pourtant, ce n’est pas réellement une biographie. L’auteure y partage ses impressions, ses sensations, ses supputations. Disons plutôt que c’est la promenade de Marie Darrieussecq au pays de cette peintre allemande visiblement peu connu en France. J’ai eu envie d’en savoir plus.

Sur Rainer Maria Rilke, tout d’abord. Autrichien, né à Prague, il vécut longtemps à Paris, proche de Rodin, grand voyageur. J’ai écouté des podcasts, notamment celui sur Radio France, Rainer Maria Rilke, la nécessité de la création. J’ai regardé des photos. J’ai cherché le portrait de lui peint par Paula. Il ne serait pas fini. Amitié, flirt ? Une relation intense, documentée par leurs nombreuses lettres à tous les deux.

Sur Paula Modersohn-Becker, surtout. Le livre s’ouvre sur sa maison de Worpswede, qu’elle habitait avec son mari Otto Modersohn, plus connu qu’elle de son vivant. Moins célèbre aujourd’hui. Marie Darrieussecq s’appuie sur les journaux intimes et les lettres échangées entre ami·es et famille autour des années 1900. Elle exprime également les peintures de Paula avec ses mots d’écrivaine française du XXIè siècle. Elle en fait presque une histoire personnelle.

Je suis allée voir les œuvres sur internet. Mais surtout, j’ai emprunté le catalogue de l’exposition au Musée d’Art Moderne de Paris en 2016. Ma médiathèque a un rayon de livres d’art très bien fourni.

J’ai refermé le livre depuis quelques jours et je continue de feuilleter le catalogue. Marie l’écrivaine et Paula la peintre accompagnent encore mes rêveries.

Pensées vagabondes

C’est une belle meulière aux volets turquoises, entourée d’un jardin à l’anglaise. Végétation foisonnante, même au cœur de l’hiver, quand la nature dort sous la grisaille. En ce matin glacial, alors que je pousse le portail pour entrer mon vélo, un rayon de soleil, ténu, fugace mais intense, attire mon regard.

Savoir regarder, c’est réussir à s’émerveiller des choses simples qui nous entourent.

Choses simples, cet entrelacs de branches et de feuilles ? De mon point de vue, oui. Car je n’ai qu’à ouvrir les yeux pour en profiter. Comme la majorité des humains, la nature me semble simple, parce qu’elle est là. Ne dit-on pas, pour quelque chose de facile, que c’est naturel ? Elle est naturellement douée, il est naturellement drôle. C’est inné, c’est facile, c’est naturel.

On sait pourtant aujourd’hui que la nature est bien plus complexe que le simple regard émerveillé que nous posons sur elle. Nous, les humains, la domptons toujours plus, nous l’exploitons à notre service. Moi la première, qui vit dans un confort douillet, baigné de technologie. Celle que j’utilise notamment pour photographier et partager mes mots. Complexe, elle nécessite des processeurs puissants, des matériaux rares et chers que des femmes et des hommes sont allés extraire, sur lesquels d’autres humains ont longuement réfléchi pour réussir à créer cette technique avancée. Cette complexité me parle parce que je la connais. Je me reconnais dans ces humains qui la fabriquent et dans ceux qui l’utilisent.

Sous la simplicité de la nature se cache également une force complexe et sophistiquée. Quand je regarde ce jardin, j’oublie que sous la terre s’étend un réseau de racines, à l’image des relations entre les êtres vivants, les arbres, les plantes et les autres animaux, dont l’humain commence à peine à prendre la mesure.

Je regarde cet arbuste devant la belle meulière, la grille turquoise, le rayon de soleil. Et mon esprit vagabonde sur tous les possibles de la vie. Regarder, s’émerveiller, penser… une porte ouverte vers la création.

Quand je repars un peu plus tard, le soleil n’illumine plus le feuillage. La magie du moment est passée. Il me reste cette photo. Et ces impressions volatiles que je partage avec vous.

Feuillage précieux

Des blattes aérées

Le matin, pour réveiller Hortense, je mets de la musique et j’ouvre le store de son Velux. Je tâtonne parfois un moment avant de trouver la commande d’ouverture au milieu des carnets et des livres entassés sur le bureau.

Quelle surprise un matin en découvrant deux énormes blattes sur un carnet à croquis. J’ai eu un mouvement de recul immédiat. Puis, retrouvant mes esprits, j’ai remarqué que les bestioles étaient quand même sacrément grosses. Surtout, elles n’avaient esquissé aucun mouvement de fuite.

Alors je me suis souvenu que j’avais acheté ces animaux en plastique pour une décoration d’Halloween, il y a déjà plusieurs années. Hortense avait trouvé amusant de les laisser traîner négligemment sur son bureau.

Quelques jours plus tard, elles sont toujours là. Et j’ai toujours envie de les écrabouiller.

Déblatérer sur des blattes qui prennent l’air sur un dessin, quelle charmante Tasse de Thé !

Sous le soleil du théâtre

Dans le foyer Avignon du théâtre en ce lundi matin, les techniciens prennent leur café. Ambiance joyeuse avant d’entamer le démontage des immenses rideaux noirs qui ont servi d’écrin aux marionnettes de La petite casserole d’Anatole. Il faut ranger le plateau en vue du prochain spectacle, Sentinelles, de Jean-François Sivadier. L’histoire de trois pianistes. Une pièce qui interroge sur le rapport à l’art en général, à la musique en particulier et à l’amitié. Deux représentations. Mercredi et jeudi.

Mais je n’en verrai aucune car cette semaine est consacrée aux Petites Cantines. Réunion de travail mardi soir, soirée des lauréats du budget participatif écologique et solidaire d’Île-de-France mercredi et apéro info jeudi, au bar du théâtre, justement pendant la pièce.

Revenons au foyer ce matin. Des bises, des checks et des chouquettes. Les nouvelles s’échangent, les sourires sont généreux, les blagues fusent et les rires se chevauchent jusqu’au moment où tout le monde s’éparpille. Je range le foyer Bussang. Celui des artistes. Les marionnettistes ont été très discrets. Pas de bazar. Je termine rapidement.

Puis je monte m’installer au bar. En dehors des spectacles, il n’est pas ouvert au public. Les équipes de l’Azimut, quand elles quittent leur QG de la Piscine (l’un des trois sites de l’Azimut), s’y installent là pour travailler. Ce matin, j’espérais bien trouver un petit coin pour avancer sur les Petites Cantines avant d’aller bosser avec Hélène. Aucune envie de repasser par la maison.

La chance m’a sourit autant que le soleil qui inondait les tables à travers la grande baie vitrée. Personne au bar. J’ai branché mon ordinateur, sorti mes dossiers et me suis mise au travail. C’était parfait. Par-dessus les toitures basses de la vieille ville, le clocher procurait une sensation de village paisible.

A 11h, j’ai replié mes affaires, traversé le plateau par la passerelle, récupéré mon vélo près du quai de chargement et je suis partie sous le regard bienveillant du régisseur qui donnait ses instructions à deux intermittents.

Travailler au théâtre m’ouvre décidément des horizons nouveaux.

Parade de poireaux

J’aime l’élégance du poireau, ses longues feuilles alanguies, ses racines ébouriffées, ses blancs doux, ses verts tendres.

J’aime l’élégance du poireau, ses longues feuilles alanguies, ses racines ébouriffées, ses blancs doux, ses verts tendres.

Je les photographie souvent quand je prépare un repas.

Poésie éphémère de la cuisine.

Photographie en vert et blanc.

Un livre sur une île déserte

Moi, maman, si je devais ne prendre qu’un seul livre sur une île déserte, ce serait un dictionnaire, oui, mais alors, celui-ci.

Et Hortense désigne les énormes volumes du Dictionnaire historique de la langue française, d’Alain Rey. Je vous en avais déjà parlé, c’est grâce à lui que j’ai découvert les pannequets.

Un jour, j’avais raconté aux filles l’histoire d’Ingrid Betancourt, prisonnière pendant plus de six ans dans la jungle amazonienne et à qui les FARC avait accordé le droit d’avoir un livre. Un seul livre comme unique compagnie intime pendant six années douloureuses. Elle avait choisi un dictionnaire. A l’époque de sa libération, j’avais lu cette information dans un portrait d’elle. Quelques mots noyés dans le flot d’une interview fleuve. J’avais trouvé l’idée fabuleuse.

Hortense, elle aussi, avait dû être marquée par ce choix puisqu’elle s’en rappelait encore hier, bien longtemps après avoir écouté cette histoire.

J’ai découvert aujourd’hui qu’une nouvelle édition du dictionnaire d’Alain Rey vient de paraître. Pas n’importe laquelle, il s’agit de l’ultime. Alain Rey est mort en 2020, à l’âge de 92 ans. Il travaillait encore, annotant, recherchant, expliquant. Éternel pédagogue et amoureux de la langue française.

Le couverture de cette ultime édition est différente de celle que nous possédons. Fini la silhouette du profil du linguiste. Désormais, un arbre monumental déploie sa frondaison généreuse, plongeant ses racines dans les mille et unes histoires de la langue française mais continuant à créer de nouvelles branches. Un rappel que le français est un organisme vivant, en constante évolution, à l’ombre duquel il fait bon se reposer, contre lequel chacun peut prendre appui et dans lequel on peut imaginer des cabanes fantastiques pour accueillir nos histoires.

Les Scorsese de la SVT

Elles sont venues directement du collège. Elles ont abandonné leurs gros sacs-à-dos et leurs baskets dans l’entrée. Puis, elles ont investi la cuisine et se sont fait cuire des crêpes pour le goûter. Je suis descendue travailler au sous-sol pour les laisser entre elles.

En remontant une heure plus tard, je n’entends personne. Pourtant les sacs sont toujours là. Les blousons aussi. Enfin, des éclats de rire me parviennent du jardin. Elles m’expliquent qu’elle préparent un exposé de SVT.

Elles mettent en scène un film pour parler d’un volcan. Elles jouent les différents rôles, alternant ceux de scientifique et de journaliste. Elles enchaînent les prises, font preuve d’une imagination remarquable, construisent leur propos dans une belle dynamique collective.

Enfin, elles branchent le téléphone sur la télé et commencent le montage en direct sur le grand écran. Elles ont déjà en tête le bêtisier et anticipent les réactions de leurs camarades.

Je leur offre le dîner et raccompagne la petite troupe en voiture. Les parents sont prévenus mais il est quand même tard pour les laisser retourner seules chez elles. Elles ont passé cinq heures ensemble. Elles sont toute étonnées quand je le leur fais remarquer. Elles ont trouvé le temps trop court.

Tu m’envoies la vidéo ! lance une de ses amies à Hortense avant de rentrer chez elle.

Elles rajouteront les rushs de la quatrième copine dès qu’elles l’auront filmé. Pour le moment, elle a 39 de fièvre. Le montage ne représente aucune difficulté pour Hortense qui en maîtrise parfaitement les techniques depuis son téléphone.

L’exposé de SVT me fait plus penser au travail de Scorsese qu’à celui de Buffon. J’ai hâte de voir le résultat.

Action !