Une vieille bâtisse au bord de la Creuse, ses buissons d’hortensias, ses murs de pierre et ses épaisses portes en bois. Une vingtaine de jeunes bacheliers venus se détendre après les dernières épreuves, à quelques jours des résultats.
Eglantine les a rejoint pour trois jours.
A l’extérieur, végétation luxuriante, piscine et terrain de volley. A l’intérieur les restes du déjeuner côtoient les derniers petits-déjeuners sur la toile cirée de la cuisine. Des vêtements abandonnés constellent les fauteuils du grand salon. Shorts et maillot de bain, sweats à capuche et tee-shirts, le pratique et le confortable siéent au relâchement des corps et des esprits.
A la grand table étirée sous les arbres et les parasols, ça discute tranquillement en avalant le riz-ratatouille du déjeuner. Lotion anti-moustique et crème solaire traînent sur les sièges. Il est 15h ce samedi quand je viens chercher Eglantine. Embrassades et aurevoirs. La petite troupe se dispersera à la rentrée en différentes facs, écoles et prépas.

Ultimes moments avec les élèves qui ont accompagné la dernière année de lycée d’Eglantine. Une classe en or qui a toujours respecté ses besoins particuliers et ne lui a jamais tenu rigueur de sa différence. Pendant ces trois jours avec eux, ils lui avaient d’ailleurs réservé une chambre seule pour qu’elle puisse se reposer à l’écart.
Ça n’a pas suffi à empêcher la fatigue. Trop heureuse de cette ambiance de troupe qu’elle a toujours affectionnée, Eglantine est allée au bout de ses forces. Elle a mis plusieurs jours à retrouver assez d’énergie pour sortir de sa chambre une fois de retour à la maison. Malgré le nouveau traitement.
Mais les souvenirs de ces moments partagés sont précieux. Le grand sourire et les yeux brillants de joie estompent les cernes et la pâleur.
Et c’est le cœur radieux qu’elle a commencé son inscription administrative à la fac. Un nouveau souffle l’emporte dans une odyssée inédite, l’âge adulte.








