Pinson du printemps

Quand le printemps résonne des chants d’un oiseau qui s’était tu depuis trop longtemps.

Le jardin déploie depuis des semaines ses pastels fleuris et ses verts vifs. Les oiseaux envahissent le bruissement tendre des feuillages. Mais il en est un en particulier que nous sommes heureux de réentendre. Églantine a récemment rejoint une chorale sur son campus. A la maison pour les vacances, son chant tintinnabule sous la douche, murmure dans sa chambre, glisse dans l’escalier, volette en attendant le dîner.

Pinson printanier, mélodie d’un renouveau attendu depuis des années.

De la Maîtrise de son collège, Églantine a gardé l’art de déchiffrer les partitions, l’enthousiasme des chants sacré, le plaisir de la vibration des voix qui s’unissent, se répondent, se chevauchent. Elle a rapidement trouvé sa place dans cette chorale, plaçant les aigus de sa voix fluette dans le battement vital du groupe.

Soleil matinal dans l’arbre de Judée

Scoutes des villes

Elles sont arrivée à six, avec leurs sacs à dos surmontés des tapis de sols bien roulés et le lourd sac de toile contenant la tente. Elles avaient de onze à quatorze ans, des chemises bleues bardées d’écussons et leurs foulards bleu et jaunes autour du cou.

L’équipage a rapidement entrepris de monter la grande tente patrouille sous le cèdre. Déplier l’épaisse toile, planter les sardines, installer les poteaux, poser la faîtière, fixer le double-toit, régler la tension des cordes, positionner le tapis de sol… C’était un week-end en autonomie. A elle de se débrouiller toutes seules. Pas de chef pour superviser.

Elles avaient fait leurs courses. Et si elles ont utilisé la cuisine le samedi soir pour manger une plâtrée de pâtes bien chaudes, elles ont aussi utilisé le vieux barbecue comme feu de camp.

Vue du campement à l’heure du petit-déjeuner

Les toilettes ont servi jusque tard dans la nuit. Une façon de se réchauffer alors que la température est descendue à 4° au plus froid de la nuit ?

Hortense avait installé son équipage dans un autre jardin. Et comme elle s’est joindre l’utile à l’agréable, elles ont planté leur tente de la jardin de sa copine Juliette. L’occasion pour elle de dormir sous la tente.

Des scoutes dans un jardin, c’est comme des coquelicots dans un vase me direz-vous. C’est pas vraiment l’aventure, la vie sauvage, le confrontèrent à soi-même, la plongée dans ses ressources ultimes.

Pourtant, ce genre de week-end est l’occasion pour ces Guides de s’organiser complètement seules. Gérer le matériel, les courses et les imprévus. Bref, se débrouiller. Tout en gardant la sécurité de lieux connus et bienveillants, sous l’œil toujours alerte des parents présents.

Les scoutes des villes restent des scoutes toujours.

La table à feu, les feuillets, les tentes suspendues et autres constructions, les jerricans d’eau portable, la douche froide et tout le reste, c’est pour le camp d’été.

PS : j’écris scoutes parce que ce sont des filles. Je ne sais pas si c’est académique mais, à moi, ça me convient.

Éclats de verdure

J’aime le printemps ; ses ciels gris sombres qui précèdent les orages et succèdent aux bleus éclatants ; la lumière qui s’accroche dans les premières feuilles des arbres ; les touches cotonneuses de vert tendre, de rose pastel et de blanc velouté suspendues aux branches tortueuses des grands arbres et des humbles buissons.

J’aime l’odeur de la terre après la pluie, la chaleur qui réchauffe les visages, la nuit qui tombe plus tard, les oiseaux qui chantent aux premières lueurs du jour.

En attendant Eglantine cette semaine, je me suis promenée dans le bois derrière son école. J’ai ressorti ma boîte d’aquarelles. Des années sans pratiquer, un long moment sans dessiner, j’ai besoin de temps pour être satisfaite de ce que je produis. Mais la couleur me manque, peinture ou aquarelle, pastels ou crayons de couleurs, j’ai envie besoin, de remettre de la matière sur le papier ou sur la toile. Je suis confiante, ça reviendra doucement.

En attendant, il me reste les photos. Je vous partage ce soir deux clichés pris au bois de Verrière alors que le printemps s’annonce doucement.

Fragments de printemps

Besoin d’air. De grandes bouffées aspirées à plein poumons. A l’heure où le jour est encore pâle, les températures encore basse, les joggers encores rares, je cours vers le parc de Sceaux.

Traverser les travaux du tramway et entrer dans le parc par l’entrée de la Grenouillère. Les jonquilles ont envahis tous les sous-bois. Camaïeux de jaunes et de verts où restent suspendues les dernières gouttes de pluie.

Les bourgeons éclosent en premiers bouquets de feuilles. Encore petites et timides face aux milliers de petites fleurs éphémères des arbustes à travers le parc.

Les nuages étouffent encore la douce couleur jaune orangée du soleil matinal. Parfois, un rayon illumine les troncs nus où se promènent lentement escargots et limaces. Dans les grandes plaines ponctuées de chênes, quelques chiens courent, pris d’une folie de liberté, loin des laisses et du béton de la ville.

Les corneilles au regard noir ont mis les poubelles à sac et planent au-dessus des frondaisons. Les percussions d’un pic vert retentissent à proximité. Des petites mésanges volettent entre les branches nues. De petits passereaux sautillent dans les allées, se réfugiant en hauteur à mon approche.

Dans le bosquet nord, les larges troncs noueux des cerisiers de Japon attrapent les premiers éclats du soleil. Leurs bourgeons sont encore fermés, austères.

Le parc se remplit. On marche, on court, seul, à deux ou en groupe. Vêtements colorés. Téléphones fixés au bras pour évaluer ses performances. J’ai aussi un brassard pour accrocher mon téléphone. Mais je ne suis pas dans la performance. Je m’arrête sans cesse, cherchant ces petits détails qui m’émerveillent.

Fragments de printemps, quand la lumière et les couleurs reprennent le pouvoir.

Prémices du printemps

Le printemps s’annonce dans les allées du Parc de Sceaux. Les bourgeons affleurent, les premiers pistils pointent, la verdure s’immisce entre les branches nues, les feuilles mortes et la terre humide.

Le printemps s’annonce dans les allées du Parc de Sceaux. Les bourgeons affleurent, les premiers pistils pointent, la verdure s’immisce entre les branches nues, les feuilles mortes et la terre humide.

Dès l’ouverture des hautes grilles à 8h, les joggeurs colonisent les allées en brassées joyeuses. On s’attroupe sous les frondaisons chauves, on s’étire en chœur sur les bancs de pierre, on se salue allègrement démasqués.

Vers 10h, le parc fourmille. Dès l’heure du déjeuner dominical, il foisonnera de ces milles vies heureuses d’humer l’air printanier des sous-bois et de pique-niquer sur les vastes prairies. Familles et amis partageront un verre, un jeu, une discussion. Tout ce qui peut alléger la lourde chape des contraintes sanitaires.

Je file.

Les couleurs de la course

C’est l’histoire d’une course où l’on fait le plein de couleurs. C’est l’histoire d’une mère qui veut faire plaisir à sa fille. C’est l’histoire d’une femme qui n’aime pas courir.

Pourtant ce dimanche d’avril, Petit Oiseau et moi sommes dans le RER à une heure où les croissants sortent du four. Soleil frais. Humeur joyeuse. Nous promenons nos sourires sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. La Color Run éveille les rives de la Seine.

Tatoos colorés éphémères, lunettes de soleil protectrices et baskets confortables. Nous descendons sur les quais.

Musique entêtante, coachs qui entraînent le public. Là-haut, entre deux caissons verts fermés de bouquinistes, trois huluberlus s’assoient culs nus sur le parapet de pierre.

Top départ.

Petit Oiseau démarre vite. Mais finalement, nos rythmes de croisière sont accordés. Nous courons côte à côte.

Jaune. Pays des Minions. Nous passons le premier nuage de couleur. Au prochain, il faudra fermer la bouche… Soleil sur le pont des Arts. Rive gauche. La Seine brille. Les coureurs ont la banane.

Bleu. Pays des Schtroumpfs. Petit Oiseau est passé à toute vitesse dans le nuage de poudre. Les familles papotent. Les copines font un selfie. Nous courons toujours.

Vert. Pays des Martiens. Des hommes et des femmes aux visages couverts de masques de peinture nous balancent généreusement des particules colorées.

Rose. Pays des Barbapapas. On a même pris le temps de jouer sur les bords de Seine. C’était avant ou après le flamand rose de la péniche du Rosa Bonheur ? La Tour Eiffel apparaît.

Petit Oiseau accélère. Le plaisir de passer la ligne d’arrivée avec une pointe de vitesse. Je la regarde de loin. Mes jambes ne me portent pas assez pour de telles excentricités. J’ai quand même précisé que c’est l’histoire d’une femme qui n’aime pas courir !

A l’arrivée, Petit Oiseau et moi fêtons nos efforts à grand coup de sachets de couleur. On en rajoute partout. Sur le pont face au Trocadéro, la poudre chamarrée s’envole en batailles joviales sous le regard bienveillant de la Grande Dame de Paris.

Finalement je me suis plutôt bien tenue physiquement. J’ai même aimé cette sensation d’apaisement une fois la course terminée. Malgré les courbatures. Même que j’en ai pas eu tant que ça. Merci les 26 km à vélo pour aller voir l’expo Kupka au Grand Palais quelques jours auparavant. Quand t’as pas de tête et que t’oublies les préavis de grèves perlées, heureusement que t’as des jambes.

Enthousiasme du printemps, des fleurs et des couleurs, des senteurs de lilas et des glycines tombantes, voilà que finalement je continue à courir une à deux fois par semaine.

Les enfilades de peupliers et les eaux calmes du Parc de Sceaux accueillent mes foulées laborieuses. Et quand une fontaine m’encourage d’un arc-en-ciel, je trouve la vie encore plus belle !

Comme un air de muguet

Quand la maison dort encore, prendre mon appareil photo pour cueillir du muguet sous la rosée du jardin.