Village nature

Deux jours sur un stand au Village Nature organisé par notre ville avec les Petites Cantines. Inventer des jeux sur l’alimentation durable, ressortir le bon vieux panier garni (en alimentation durable avec du bio, du vrac et du local !), cuisiner un millier de cookies dans une ambiance détendue et solidaire, croiser des sourires, répondre à des questions étranges, découvrir des gens fabuleux, partager des idées, refaire le monde, embellir la vie, multiplier les rencontres autour de l’alimentation durable.

Deux jours de richesse humaine en répétant en boucle son pitch sur les Petites Cantines. Accueillir de nouvelles bénévoles. Retrouver de vieilles connaissances. Découvrir de belles personnalités.

Dix jours de préparation. Deux jours non stop sur le stand. Le bruit de la scène où s’enchaînent les spectacles de danse de tous les centres de loisir.

Ambiance joyeuse et pleine de vie comme je les aime.

Mes yeux se ferment. Mes rêves s’envolent. La fatigue me terrasse.

Toujours à la recherche d’un équilibre.

Savoureuse sculpture

Un article dans M, le magazine du Monde. Un titre, Soleil VERT. De la lumière, de la chaleur, de la couleur. Mon envie de lire est immédiate. Fabien Vallos y partage une recette de cuisine. Les artichauts à la barigoule.

Les cuistots amateurs iront chercher ingrédients et préparation dans le magazine. Moi, j’ai particulièrement aimé découvrir le parcours et les idées de ce monsieur.

Déjà, pour vous donner une idée du personnage, quand j’ai googlelisé son nom, les réponses étaient aussi multiples que des variétés de pommes. Philosophe / auteur / théoricien et professeur de philosophie en écoles d’art / gastronome érudit / artiste / éditeur / traducteur / commissaire d’exposition / docteur à l’université. Un véritable slasheur de l’esprit et du palais.

Surtout, j’ai beaucoup aimé son discours sur « l’accueil à travers la nourriture ». C’est un tel écho à notre projet de Petites Cantines ! Je le cite : « on se rencontre autour d’une table remplie, puis on apprend à se connaître et on discute. »

Il parle aussi de « sculpture sociale » pour les banquets qu’il a organisé avec ses étudiants. « Que l’on vive un moment ensemble, aussi bien dans sa création que dans son partage ». Quand je vous disais hier que la rencontre apporte de la richesse. J’aime beaucoup cette idée de sculpture sociale autour de la cuisine. Chaque repas devient une œuvre éphémère au souvenir tenace.

Certes ma rencontre avec Fabien Vallos est à sens unique. C’est le problème du papier. Il n’est pas très interactif. Mais cette idée de sculpture sociale m’accompagnera désormais. Elle est venue enrichir mes propres réflexions, nourrir mes envies et conforter mes observations. Ajouter un rayon de soleil dans mon univers. La lumière, encore, toujours.

Pour en savoir plus sur la gastronomie de Fabien Vallos :
– L’article du Monde, Fabien Vallos : « Ce que j’aime surtout en mangeant, c’est sentir une intensité gustative, alliée à une technique et un récit » (en ligne, le titre Soleil VERT a disparu…)
– Son site devenir-dimanche.org, avec les 2500 recettes méditérannéennes recueillies à travers voyages et travaux de recherche
– Sa page Instagram Devenir-Dimanche (@fabienvallos)

Pluton en Verseau, je prends de la vitesse

Il paraît que c’est rarissime. Le 23 mars, Pluton est entrée dans la constellation du Verseau. La dernière fois, c’était pendant la Révolution française. Mais c’est bien sûr !

J’ai du mal à tenir la cadence des Tasses de Thé ces dernières semaines. Les deadlines s’enchaînent. Le temps se contracte sans que je ne le vois passer. Puis j’ai besoin de pauses pour récupérer. Finalement, le résultat est le même. Je n’écris pas pour le blog.

Cependant, cette vie en accordéon n’est pas synonyme de bras baissés ou de petit moral. Avec le printemps qui explose dans les arbres et les parterres fleuris, le soleil qui se glisse dans les cœurs et Pluton en Verseau, ma vie se peuple de petits exploits ordinaires.

Mon projet des Petites Cantines est en train de prendre une nouvelle dimension. C’est épuisant mais tellement enthousiasmant. Je continue d’écrire et j’espère que vous aimerez la nouvelle de ce mois-ci. Encore l’histoire d’une rencontre, de la recherche d’un équilibre personnel, de bienveillance et d’écoute de soi et des autres. Et peut-être une piste de boulot en freelance de rédactrice web. J’attends les premiers retours. Pas de pression. Même si pour une question d’estime de moi, j’aimerais que ça colle.

Ça se bouscule.

Et les deux semaines de vacances qui débutent ce soir vont, je l’espère, permettre d’apaiser un peu tout cela.

D’autant qu’il me reste un dossier de reconnaissance de handicap à terminer.

Au boulot !

Comme le chante Izïa, je prends de la vitesse.

Grosse différence avec la chanson, je suis ravie d’avoir mon homme à mes côtés, qui croit en moi et soutient tous mes projets.

Le doigt, la main, le bras et tout le reste

L’associatif est un milieu enthousiasmant. Faire bouger les lignes, doucement, pas après pas, geste après geste, petite victoire après petite défaite. Sortir de sa zone de confiront. Découvrir de nouvelles compétences. Se confronter aux autres. Mettre en regard différentes façon de penser. Battre en brèche les idées reçues. Apprendre à faire confiance. Accepter ses limites.

Le problème de l’associatif, c’est que c’est un milieu enthousiasmant. L’enthousiasme est un moteur puissant. Mais il ne peut pas étirer le temps. Seulement créer plus d’envies. Envie de construire, envie de partager, envie de développer, envie d’assurer, envie de faire plus. Encore. Toujours.

Et les journées s’allongent. Les heures s’additionnent au fil des opportunités de faire vivre un projet qui tient à cœur.

Mettre le doigt dans l’associatif, c’est y plonger sa main, son bras et, enfin, tout le corps.

Parfois, on a besoin de rejoindre une plage au sec.

En ce moment, je nage en apnée pour Les Petites Cantines Antony. Je ne suis pas la seule. Heureusement, nous avons déjà trouvé quelques planches pour construire un radeau qui pourra porter notre projet en gardant la tête hors de l’eau. Et qui sait, rejoindre la plage de rêve d’où contempler l’étendue de ce que nous avons accompli.

Quand l’eau délie les langues

6h30, je remplis la bouilloire pour préparer le thé. Le robinet hoquette puis reste parfaitement sec.

Depuis trois semaines, la rue est en chantier. Des ouvriers refont la canalisation d’eau sur toute la longueur de la rue. Mais le chantier est à l’arrêt entre 17h et 8h…

On diffère les douches et je prépare le thé avec l’eau qui reste dans un bouteille au frigo.
Je sors dès que j’aperçois les gilets oranges fluo des ouvriers dans la rue. Je ne suis pas la seule. Tous les voisins émergent de leurs maisons, visages interrogatifs, chiffonnés par un réveil à sec.

L’ancienne canalisation a lâché vers 5h ce matin. Une équipe est déjà arrivée pour les réparations. Ils vient d’installer un point d’eau en face du restaurant italien au début de la rue. Déjà, un voisin revient avec deux seaux remplis d’eau. Chacun rentre chez soi à la recherche de contenants pour rapporter de quoi tirer les chasses d’eau, faire un brin de toilette et préparer le café du matin.

Une procession d’hommes et de femmes avec des arrosoirs, des seaux ou des caddies chargés de carafes et de bouteilles se relaye au bout de la rue. Les conversations s’engagent. L’ambiance est bonne enfant même si certains sont excédés. A croire que le monde leur veut personnellement.

Ce soir, l’eau n’est toujours pas revenue. Des ouvriers Veolia sont occupés à scier la canalisation pour mieux la réparer. Chirurgiens des tuyaux. Alors docteur, elle va s’en sortir ? L’eau courante va sortir de son coma ?

Deuxième voyage avec les arrosoirs et la bonbonne d’eau.

On réfléchit à demander l’asile hygiénique chez des voisins dont la rue n’est pas touchée. On irait bien prendre une douche chez eux.

Quand je pars à mon atelier d’écriture, l’eau n’est pas encore revenue. Il fait déjà nuit quand Eglantine m’appelle pour partager son enthousiasme. L’eau est revenue !

Plus de quatorze heures sans eau permettent d’apprécier le confort de l’eau courante à domicile, l’énormité de notre consommation, l’utilisation incessante de l’eau tout au long de la journée. Laver un fruit, se laver les mains après être allé aux toilettes, avant de manger, après le repas, en rentrant à la maison…

Pas de lessive. Pas de vaisselle. Peu de cuisine pour éviter de laver les légumes et réduire la vaisselle.

Mais des discussions joyeuses avec les voisins et voisines autour du robinet sorti du trottoir le temps de notre mésaventure.

Notre confort moderne, eau courant, électricité, etc… nous permet une autonomie individuelle, réduisant les occasions de faire société, de tisser des liens ou même, simplement, de se croiser.

Non, je ne milite pas pour le retour des lavoirs.

Mais je suis confortée dans la nécessité de créer des lieux où remettre le lien au centre des préoccupations. Comme le font les Petites Cantines.

Justement, hier soir, nous avions une Cantine Ephémère. Des rencontres, des discussions, des sourires autour d’un bon repas partagé.

La vie a besoin de fluide, les rencontres de coulent pas de source. Il faut parfois les provoquer, sans attendre la panne sèche.

Le pitch du canard

Connaissez-vous le pitch ? Bien sûr, les fans de goûter penseront tout de suite aux petites brioches fourrées de pépites de chocolat. Les pro de l’entrepreneuriat et des projets, eux, auront reconnu cette présentation, courte et percutante, qu’ils doivent être capables d’exposer à la moindre occasion.

Un pitch, c’est quelques minutes pour convaincre.

Des heures de préparation.

Parce qu’on a beau connaître son projet sur le bout des doigts – pour moi, il s’agit des Petites Cantines Antony, dont je suis une des porteuses de projet – le résumer en quelques phrases est plus difficile qu’il n’y paraît. Tendance à répéter et à paraphraser pour être certaine que l’interlocuteur.rice a bien compris. Usage outrancier de superlatifs parce que, forcément, c’est un SUPER projet, tellement formidable que vous aurez envie de le soutenir, c’est sûr. Envie d’entrer dans les détails au risque de perdre le destinataire.

Ce matin, Hélène et moi étions convoquées au Conseil Départemental à Nanterre. En face d’un petit cimetière à l’ombre des tours de La Défense. Le dossier envoyé dans le cadre de l’appel à projet Progr’ESS 92 – notez le jeu de mots qui utilise le verbe progresser et le sigle de l’Economie Sociale et Solidaire – compétait de nombreux éléments détaillés sur nos objectifs et les moyens pour y arriver. Mais sur les vingt-neuf dossiers envoyés, quinze ont réussi une première sélection au terme de laquelle ils étaient auditionnés.

Nous étions les troisièmes à être entendue ce matin. Cinq minutes pour pitcher, cinq minutes de questions-réponses.

Nous avons terminé de répéter notre pitch dans la voiture devant l’Hôtel du Département.

Nous avons revêtu nos tabliers aux couleurs des Petites Cantines dans le hall du bâtiment, en attendant d’être appelées.

Dans la salle de réunion du troisième étage, une dizaine de femmes et d’hommes assis autour d’une table ovale. Et au bout, deux chaises vides.

Nous sommes assez fières de nous car nous avons réussi à être fluides. Assez pour noter les réactions du jury face aux informations que nous leur donnions. Ils aimaient les chiffres. C’est à ce moment qu’ils ont pris le plus de notes. Nous qui prônons une société basée sur la confiance plus que sur la performance… Pour les partenaires qui nous soutiennent, la performance reste le principal critère.

De l’intérêt, alors, d’appartenir à un réseau et de s’appuyer sur l’expérience des dix Petites Cantines déjà ouvertes en France.

Ainsi, en dix minutes, tout était joué. Tel le canard nageant sur l’eau d’un lac dont on ne voit pas les pattes qui moulines sous la surface, nous devions montrer un visage avenant, un discours efficace et un modèle économique solide sans laisser paraître le travail et les doutes que cela représente par ailleurs.

Un jeu d’équilibriste.

Réponse dans deux ou trois mois, le temps que la décision soit prise, validée, contre-signée et tamponnée trois fois.

Une histoire de confiance

Porter un projet associatif est une véritable aventure, chargée d’imprévus, d’expériences et de rebondissements. Depuis deux ans, je suis engagée dans le montage des Petites Cantines Antony. La nourriture, à travers la cuisine participative et les repas partagés, est un prétexte à la rencontre. Le faire ensemble amène la confiance et c’est tout un modèle de société qui se dessine.

Ouvrir une Petite Cantine, c’est mobiliser une communauté, construire un budget, obtenir des financements et, surtout, trouver un local. Il faut tout mener de front avec des bénévoles dont l’investissement va et vient au gré de leurs envies et de leur temps libre.

Nous sommes trois à porter le projet, à des degrés plus ou moins important. Je parle de temps disponible. Moi je suis au milieu. Deux fois moins de temps qu’Hélène, mais deux fois plus que Nathalie.

Quand j’ai signé pour être porteuse de projet, Eglantine venait de sortir de l’hôpital. Je pensais que le plus dur était derrière nous. C’était certainement le cas. Mais le plus long et le plus fastidieux, c’est maintenant. L’accompagner dans la construction de sa vie au rythme de sa fatigue. C’est aussi un beau projet.

Et puis il y a ce besoin d’écriture, cette envie de peinture qui me taraude et que je laisse de côté pour le moment, la photographie que j’oublie aussi.

Comme d’habitude, tout se bouscule. Ça joue des coudes dans l’agenda.

Parfois, j’ai envie de baisser les bras, passer mon tour, abandonner la partie. Le morceau est trop gros pour moi. Pourtant, après une discussion d’équipe, on se remonte le moral, on se pousse, on se tire, on se fait la courte échelle et on atteint des paliers. Une aventure, je vous dis !

Ce soir je rentre juste d’un conseil d’administration frustrant. Un de ceux où se posent plus de questions que ne sont apportées de réponses. Pourtant, je ne suis pas abattue. L’équipe a encore besoins ‘être étoffée mais elle semble assez solide pour trouver les réponses.

On navigue encore à vue, dans le brouillard, sur un rafiot pas bien grand. Mais l’océan des possibles qui s’ouvre à nous, même s’il fait peur, a de bien jolies couleurs. Juste, ce serait bien de laisser tomber les rames pour un bon moteur. Ça viendra. Il faut avoir confiance.

Les Petites Cantines, c’est justement une histoire de confiance.