Le casque de VR

Il est arrivé un soir de décembre, quelques jours avant Noël. Un gros cube en carton caché derrière le sourire radieux d’Olivier. Le sourire d’un enfant ayant reçu le cadeau des rêves. Un sourire qui déteint dans les yeux, qui illumine la brume nocturne, qui réchauffe les cœurs les plus endurcis. Un sourire simple, sincère, généreux.

Rapidement, la boîte s’est retrouvée échouée sur le tapis, éviscérée, oubliée. Le casque a pris place sur la tête d’Olivier, avalant la moitié de son visage, enserrant son crâne dans les larges sangles. Cyborg à trois yeux. Et toujours ce sourire béat.

Le casque de réalité virtuelle était entré dans la bergerie.

Attention, il n’est pas là pour rigoler. C’est un outil de travail, prêté par l’entreprise d’Olivier pour le télétravail. Faire oublier le bureau étriqué, deux jours par semaine, coincé dans une chambre sous les toits, entre une armoire et des peluches. Désormais, les salles de réunions sont monumentales. Les avatars s’installent face à la mer. Les documents sont partagés sur un immense écran en lévitation au-dessus du sable. L’immersion est totale. La concentration maximale. L’humain entre complètement dans la machine. Seule son enveloppe charnelle demeure attachée au fauteuil du bureau.

Le soir, pourtant, le casque VR colonise le salon. Quelques minutes après son arrivée, les premiers jeux étaient installés. On pousse la table basse et les fauteuils pour accueillir les mouvements amples de celle ou celui qui porte le casque. Tour à tour, les filles et Olivier se transforment en cyborgs, chimères modernes d’un monde évanescent.

Rapidement, la batterie se vide. Le casque aspire également l’énergie de celle ou celui qui le porte. Eglantine ne peut pas l’utiliser plus de trente minutes sans être totalement épuisée. Le mal de crâne gagne Olivier après une seule réunion dans le métavers. Seule Hortense ne sent pas la fatigue l’envahir. Elle pourrait rester des heures dans ce monde digital affranchi de tout repère temporel et spatial. Elle en revient pourtant les yeux brillants et les traits tirés.

Alors nous avons fixé des règles. Un temps maximum d’utilisation quotidien. Une heure limite après laquelle il ne doit plus servir.

Quant à moi, la plus réfractaire à ce monde coupé des autres corps, de la terre, de l’air et tout ce palpable qui fait, à mes yeux, la magie du quotidien, j’ai promis d’essayer bientôt ce casque avide de conquérir nos têtes. Je préfère quand même les livres, les mots et les couleurs de la vie.

Les prémices de Noël

Le compte à rebours a commencé. Noël approche.

Cette année, j’ai fabriqué les calendriers de l’avent. Version chocolats, pâtes de fruits et pâtes d’amande, choisis en fonction des goûts des filles pour éviter les mauvaises surprise.

Comme je ne souhaitais pas entreposer les contenants jusqu’à l’année prochaine, j’ai opté pour une version en papier, branche d’arbre et rubans. J’avais tout à la maison. Les rubans datent de l’époque des bazars turc dont je revenais toujours avec trop de choses. J’ai ramassé les branches dans le parc de sceaux il y a quelques années, amoureuse de leurs nœuds tortueux. J’ai fabriqué les boîtes dans du papier aquarelle épais sur lequel il était aisé, ensuite, de tracer les chiffres en rouge, vert et violet. J’ai découpé chaque boîte à la main à partir du modèle trouvé sur le site Tête à modeler. 48 boîtes, 192 trous, 96 boucles de nœud.

Rien de compliqué mais c’était long. Pour le 1er décembre, je n’avais préparé que la moitié. J’ai terminé ce matin, à l’heure où tombaient trois flocons de neige, alors que tout le monde dormait encore. Impression d’atelier du Père Noël.

Plaisir de voir les visages ravies des filles alors qu’elles ouvrent leurs pyramides en papier.

Le goût de la montagne

Qui ne connaît pas cette envie d’aller voir de l’autre côté ? En cette dernière semaine d’octobre, alors que le soleil réchauffe doucement la baie de Fethiye, Yeşim, Eglantine et moi prenons le bateau pour nous rendre au marché. Conduite par un vieux capitaine à la peau burinée, la navette quitte l’hôtel toutes les heures. En arrivant vers le port, nous croisons quelques-uns de ces bateaux pirates qui hantent les baies et les criques de la région, musique à fond, pour des excursions festives à la journée. Mais aussi de beaux voiliers appelant au voyage et les fameuses gület (goélette), synonymes de croisières luxueuses, loin des foules.

Sans musique, juste un avant-goût d’Halloween

Visiter le marché, c’est se plonger au cœur de la Turquie. Retrouver les sons, les odeurs et les saveurs que nous avons tant aimées lors de nos années dans ce pays. Mais se rendre au marché de Fethiye, c’est surtout partir à la découverte des montagnes environnantes, imaginer les chemins pierreux, deviner les arbustes aux baies parfumées dans la chaleur sèche de l’été. Dans les allées du marché de Fethiye se succèdent les petits étals des paysans des environs. Ils viennent vendre leur production.

Paysanne en costume traditionnel

Chez eux, pas de pyramides de courgettes au vert éclatant, d’aubergines luisantes, de chou-fleurs d’un blanc parfait. Les femmes portent leurs vêtements traditionnels. Des foulards vaporeux et colorés noués sur la tête, des pantalons larges, confortables, resserrés aux chevilles, aux motifs fleuris. Leurs mains sont larges, abîmées par le travail. Leurs visages sont marqués par le soleil et l’air de la montagne. Les hommes portent des pantalons en flanelle dans lesquels leur chemise est soigneusement rentrée. Surtout les vieux. Les plus jeunes préfèrent généralement la facilité d’un polo ou d’un tee-shirt.

Marchande de plantes séchées

Au milieu des fruits et légumes communs à tous les marchés de Turquie, nous en remarquons d’autres, plus petits, aussi discrets sur les étals que dans les montagnes d’où ils viennent. Grâce à Yeşim, nous nous obtenons des noms, des détails sur leur provenance, la façon dont ils se mangent. Nous goûtons tout. Les saveurs sont surprenantes, inhabituelles. Elles ont le goût des plantes sauvages, l’âpreté des arbustes de montagne, quand la douceur vient à la fin, subtile récompense.

Je note les noms turcs. Il sera toujours temps ensuite de trouver l’équivalent français.

La tâche s’avère finalement compliquée. Je commence par Google traduction, je tape les noms turcs et les possibilités en français dans mon moteur de recherche, j’explore les correspondances avec les photos que j’ai prises, je furète dans les vidéos YouTube en français et en turc…

Enfin, je peux vous raconter ce que nous avons goûté.

D’abord, le fruit inconnu. Sa couleur évoque une olive mais sa forme le rapproche d’un tout petit coing. En turc, il s’appelle mersin. Mais je n’ai pas réussi à trouver son nom français.

Mersin

Nous n’avons eu aucun mal à reconnaître le cynorhodon. Quand on a une fille qui s’appelle Eglantine, il y a longtemps que l’on connaît le nom du fruit de cet arbuste. Par contre, j’ai goûté pour la première fois le fruit de l’aubépine, la cenelle, alıç en turc (se prononce aleutch).

Alıç

Le goût du jujube, lui, évoque celui d’une petite pomme. En turc, il s’appelle hünnap.

Un peu partout, nous trouvions des étals de plantes séchées pour des infusions. Si nous en reconnaissions la plupart, une espèce en particulier nous intriguait. Des tiges très longues, rigides, sur lesquelles on semblait avoir enfilé comme des perles des petites corolles serrées de fleurs jaunes. Les petites pancartes en carton annonçaient ada çayı, la sauge. Mais je ne retrouvais pas dans cette plante les longues feuilles veloutées vert amande de la sauge classique. Une vendeuse expliqua à Yeşim qu’il s’agissait d’une espèce sauvage typique des montagnes voisines. Après quelques recherches, j’en ai conclu qu’il s’agit de la crapaudine de Crête ou Sideritis syriaca.

Ada çayı

Enfin, intriguées par de petites graines aux reflets bleutés, nous avons goûté le çitemik. Visuellement, il ressemble à du poivre mais son goût se rapproche plus de sésame. La graine n’est pas très agréable à croquer car elle est dure et laisse plein de petits éclats dans les dents. Il faut en prendre plusieurs à la fois pour que ça ait un réel intérêt gustatif. Je suis une des rares à avoir aimé. Mes recherches me font penser qu’il s’agit des baies de térébinthe séchées, le fruit du pistachier térébinthe.

çitemik

Quand nous arrivons à l’hôtel après le marché, nous avons l’impression de rentrer d’un voyage dans un pays inconnu, la tête pleine de sensations nouvelles, du plaisir de la découverte et de la rencontre. Et l’envie de partir visiter la montagne après l’avoir goûtée avec autant d’ardeur.

La presqu’île du bonheur

Une côte découpée comme de la dentelle, roches aux nuances de gris, d’ocre et de rouille, eaux turquoises virant sur le marine ou le vert en fonction de la lumière, la baie de Fethiye est encore douce alors que l’automne pleut sur Paris. Notre hôtel occupe une vaste presque-île qui s’enfonce dans la mer Méditerranée. Le soir, au loin, les lumières de la ville scintillent derrière celles des mats des bateaux qui mouillent pour la nuit.

Cabotage le long des côtes

Bonheur paisible de la baignade et du farniente. L’hôtel propose une quantité improbable d’activités. De grands toboggans accueillent les rires tourbillonnants des enfants avant d’être submergés dans l’eau encore très chaude. Un peu plus loin, les paddles, kayaks et optimists sont en libre accès. De l’autre côté de l’hôtel, on croisera un père et son fils en train de pêcher. En grimpant sur les hauteurs, on s’aventure au tir à l’arc. Le sommet d’une autre petite colline héberge un mini-golf et un terrain de badminton. On peut s’essayer à l’ebru (papier marbré) ou à la poterie. On retrouve aussi l’incontournable aquagym, les leçons de danse et de Zumba et les cours de Yoga. Mais la liste est encore longue. Impossible de tout expérimenter…

Vue sur la plage aux toboggans

Dans la douceur des fleurs de bougainvilliers, nous profitons de vacances en famille sans autre contrainte logistique que celle de choisir sur quelle plage se retrouver. Les cousines partagent des moments précieux, elles qui ne se voient que rarement. Même Eglantine, une fois passée la fatigue du voyage, s’épanouit au soleil.

Elle partage avec son père et sa sœur un vol incroyable depuis le sommet de Babağda, cette montagne qui domine la baie de ses 1975 mètres. Moment intense lorsque les voiles des parapentes se gonflent et filent dans l’azur. Ils partiront chacun à quelques minutes d’intervalle, bien arrimés aux parapentistes professionnels qui enchaînent les vols en duo. Alors que je redescends en voiture, je regarde le ciel constellé de voiles colorées qui pirouettent avec habilité. J’arrive bien après eux sur la plage d’Ölüdenız où ils ont atterri.

Pour Hortense, nous avons tous embarqué sur un bateau de plongée. Portants chargés de combinaisons Néoprène, palmes rangées dans des casiers sous le toit, bouteilles et détendeurs calés le long des parois. Olivier et Eglantine feront leur baptême. Plongée à 5 mètres le matin. 7 l’après-midi. Chantal, Elise, Estée, Yeşim et moi profiterons des petites baies où s’ancrera le bateau pour nager avec les poissons, simplement équipées de palmes, de masque et de tuba. Hortense, elle aura le droit de plonger à 18 mètres grâce à sa carte de plongeuse niveau 1. Malgré son mètre soixante-quinze, elle n’a encore que 13 ans et la Turquie interdit aux moins de 14 ans d’aller jusqu’à 20 mètres.

Première plongée d’Hortense en Turquie 🇹🇷

Grâce à leur cousine Estée, les filles découvriront aussi le ski nautique. Plaisir de glisser sur l’eau. Premiers slaloms. Et même, sortir du sillon, passer la vague, puis revenir dans l’axe du bateau. Sourires radieux.

Délice des papotages retrouvés avec mon amie Yeşim, tout en profitant du reste de la famille. Surtout Élise et Estée que la distance et les rythmes de vie ne permettent pas de voir très souvent.

Dernier matin avant le départ, attendre le lever du soleil.

Enfin, alors que la toute jeune république turque fête ses 100 ans, que les drapeaux rouges inondent les rues, les boutiques, les façades et les moindres recoins du pays, chacun.e repart dans sa direction. Eglantine et moi rentrons à Paris alors qu’Elise et Estée retrouvent Vienne. Olivier, Chantal et Hortense, eux, profitent encore un peu de la Turquie à Istanbul avec Yeşim.

L’archère joyeuse

A peine un mois après la rentrée, Eglantine est déjà épuisée. Difficile de laisser tomber les matières qu’elle a tant aimée l’année dernière. Elle s’est fait une raison pour la philo mais a bien du mal à ne pas aller en cours de sciences de la vie et de la terre, de physique-chimie et de maths expert. Quant aux cours d’anglais, il y a trop à perdre à ne pas pratiquer pendant toute une année. On y ajoute les incontournables rendez-vous médicaux, les cours de piano, un emploi du temps mal fichu et une belle rhino-pharyngite. La recette est complète pour le visage tiré, la fatigue qui écrase, le raplapla général.

On oublie toujours trop vite que la vie d’Eglantine reste une question de dosage permanent, d’anticipation continuelle, de renoncements récurrents.

Heureusement, Eglantine reste Eglantine. Joie de vivre, vision positive, projection optimiste.

Ce soir, visage reposé après une journée où l’on avait tout annulé, elle était radieuse à l’heure de rejoindre ses tout nouveaux cours de tir à l’arc. Se concentrer, viser, tirer, relâcher. Une métaphore de son quotidien ?

Lors des portes ouvertes en septembre 2022

Schopenhauer, la Bretonne et les embouteillages

En arrivant sur Paris, l’A6 se resserre et les voitures se tassent à l’entrée du périf. Nous, nous prenons la direction de la Porte d’Orléans. Le samedi matin, nous allons chez le médecin d’Eglantine. Devant moi une Bretonne, drapeau noir et blanc sur sa plaque affichant fièrement le département 22 et autocollant A l’aise Breizh, avance à tâtons. Trois voitures s’engouffrent dans l’espace qu’elle garde constamment devant elle. Un peu plus loin, alors que le feu est vert, elle n’avance pas, semblant attendre qu’il passe à rouge. Mes mains caressent le klaxon. J’ai une furieuse envie de pulvériser la Bretonne à coups d’avertisseur.

Le feu passe de nouveau au vert. Elle avance tout doucement. Suffisamment pour que je me faufile à droite et prenne les chemins de traverse. Elle, elle s’engouffre dans le nœud gordien de la Porte d’Orléans.

Enfin je respire.

Peu m’importe désormais les feux, les piétons, les bus, les taxis, les livraisons, les trottinettes, les scooters, les autres voitures ou les vélos. Au moins, j’avance.

Eglantine s’amuse de me voir si heureuse d’être débarrassée de cette voiture.

Je lui fais remarquer que, après avoir été bloquée derrière une conductrice qui semblait refuser d’avancer, tout me semble être désormais fabuleux. N’est-on pas encore plus heureux après avoir vécu un moment pénible ?

Verbe riche et pensée structurée, Eglantine me trouve des points communs avec la pensée de Schopenhauer qui définissait le bonheur par opposition au malheur. Comme M. Jourdain qui découvre qu’il pratique la prose depuis plus de quarante ans, je me réjouis d’avoir des accointances avec Schopenhauer.

Nous contournons le Lion de Belfort et alors que la voiture tremble sur les pavés de Denfert Rochereau, je me régale d’avoir une fille capable de faire de la philo dans les embouteillages.

Carmen.

On a bouclé la trilogie de François Gremaud !

Après Phèdre ! et Gisèle…, nous avons découvert Carmen. au très beau théâtre Jean Vilar de Suresnes dans le cadre du Festival d’Automne.

La scène, toujours si dépouillée. Un grand rectangle blanc, une interprète, Rosemary Standley (la chanteuse de Moriarty), deux chaises vides pour tout décor et cinq musiciennes comme orchestre. Flûte traversière et piccolo, violon, accordéon et castagnettes, harpe (capable de changer une corde en plein spectacle sans rater une mesure !) et saxophone.

Calixte avait invité Eglantine. Les places étaient réservées depuis des mois.

Mais la fatigue s’est déjà accumulée. Inenvisageable de prendre les transports en commun pour aller jusqu’à Suresnes. Alors, quitte à prendre la voiture et à attendre deux heures sur place, autant voir le spectacle également. J’ai acheté à la dernière minute un des trois derniers billets disponibles et me suis moi aussi glissée dans un fauteuil rouge pour petites jambes (les rangées sont vraiment étroites).

Humour, décalage moderne-contemporain, remise en perspective des points de vue en fonction de l’évolution de la société (Carmen, c’est quand même l’histoire d’un féminicide), ode à la liberté, découverte des textes et de l’histoire derrière des airs mondialement connus. Tout le spectacle est un régal. Rosemary Standley nous transporte dans l’univers de Bizet, fait vivre l’esprit libre de Carmen, interroge la place des femmes. François Gremaud a écrit pour cette chanteuse. Une collaboration extrêmement bien réussie.

J’espère que ça jouera un jour dans notre théâtre. Je serais tellement heureuse de le revoir !

En attendant, nous avons les livrets des trois spectacles. Ils sont distribués au public vers la fin de la représentation. Les spectateurs participent ainsi à la mise en scène. Cette fois-ci, nous avons tous chanté…

L’amour est enfant de Bohème,

Il n’a jamais connu de loi ;

Si tu ne m’aimes pas, je t’aime,

Si je t’aime, prends garde à toi.

Que sera, sera

Ultime soir de canicule. Je sors de mon troisième et dernier train. Dans quelques mètres je serai à la maison. Le ciel enflamme les nuages qui moutonnent paisiblement. Le doré vire à l’orange puis au rose. La lumière chaude lutte contre la pénombre qui avale déjà les rues.

Olivier, lui, vient d’arriver en Espagne. Les filles ont préparé leur dîner. Quand je pousse la porte, elles dansent ensemble devant le ventilateur. La chaleur est encore lourde. Leurs sourires m’accueillent.

La rentrée rétrécit le temps, bouscule les heures, consomme les minutes. Elles, elles dégustent la fin de l’été entre sœurs. Petits bonheurs sans les parents. Moment suspendu avant de replonger dans les cours.

Au milieu de la nuit, la pluie tambourine sur le toit. Grosses gouttes, lourdes comme ces années qui marquent la fin de deux cycles importants. Le collège pour l’une. Le lycée pour l’autre.

Que sera, sera…

Qu’il est bon de leur faire confiance et de les voir grandir, malgré les orages.

La photo de rentrée

Il est loin le temps où elles partaient côte-à-côte, leurs gros cartables sur le dos, la grande et la petite, oscillant entre l’excitation de retrouver les ami.es et la crainte de l’inconnu que recèle chaque nouvelle année scolaire. Je les prenais en photo devant la maison. Parfois, Olivier pouvait faire un bout de chemin avec nous. J’ai une très belle image de cet immense papa accompagnant notre petite Eglantine sur le chemin de sa rentrée en sixième.

Ce matin, Eglantine a coiffé son casque, sorti son vélo du garage et glissé son sac dans la sacoche. Pantalon fluide à motifs bleu et blanc, blouse bleu marine sans manche et grosse ceinture de paille, elle est désormais majeure et n’a plus besoin qu’on lui tienne la main.

Hortense, elle, commençait les cours cet après-midi seulement. Je partais aujourd’hui dans le sud-ouest, alors elle a déjeuné chez une amie. Elle a choisi ses vêtements avec soin. Un jean et une blouse bleue et blanche aux larges manches fluides fermées sur le dessus par une série de nœuds. Les mèches rouges qui encadrent son visage depuis le début des vacances se sont estompées dans de doux reflets cuivrés. Elle a rempli son sac du matériel de base. Le même chaque année. A peine si nous complétons la trousse avec un nouveau surligneur.

Je les ai prises en photo. Pourtant, je n’aime pas ces pauses forcées à un moment où elles ont hâte de partir retrouver leurs camarades de classe. L’envie de me souvenir de ces dernières rentrées ? La fin du bac pour Eglantine, la fin du collège pour Hortense. Moments de nostalgie devant ces deux grandes et belles jeunes filles qui construisent leur vie délicatement, artistiquement, scientifiquement, joyeusement, facétieusement, concrètement et avec une richesse d’esprit qui fait rêver.

Prendre son propre départ

Satanés moustiques

Personne n’aime les moustiques., n’est-ce pas ?

Ce lundi, ma photo est un tableau de chasse.

Pour la deuxième année consécutive, notre jardin, notre rue, notre quartier sont envahis de ces petites bêtes au désagrément inversement proportionnel à leur taille.

Ce tableau de chasse est celui d’Olivier un jour de juillet. Sept moustiques. En moins d’une heure si mes souvenirs sont bons.

Depuis, nous avons investi dans une raquette électrique. La meilleure à ce jeu-là, c’est Eglantine. Elle manie la raquette toute en délicatesse, dans de grands mouvements amples quand, soudain, un crépitement annonce la mort violente d’un moustique.

Nous avons découvert hier, une vidéo publiée sur YouTube par Le Parisien sur l’invasion de moustiques dans notre ville. Une pétition appelle la municipalité à l’action. J’ai du mal à voir ce que le maire peut faire contre les moustiques. J’ai envie de croire qu’une action providentielle puisse chasser ces bestioles détestables. Je rêve d’un miracle qui les ferait disparaître.

Mais je pense que je vais compter encore quelques temps sur nos chasseurs à mains nus ou à raquette et me contenter d’apprécier les baisses de températures pour voir diminuer la population des moustiques.

Satanés moustiques