L’art et la danse

Nuit européenne de musées. Le temps est doux alors que nous attendons pour entrer au musée d’art moderne de Paris. MAM pour les intimes. La nuit est encore loin et les filles jouent à l’ombre des arbres le long du parapet qui remonte l’avenue du président Wilson vers le Trocadéro.

A peine entrés des applaudissements retentissent. D’où viennent-ils ? Non, il ne faut pas les suivre. En cette nuit spéciale, le MAM accueille les danseurs du Centre national de danse contemporaine d’Angers. Or ils changent de scène au gré de l’arrangement à l’apparence aléatoire de Robert Swinston, traversant tout le musée. Alors, suivre un itinéraire pictural, des œuvres de Fautrier aux collections permanentes, ou repérer une scène et profiter de cette danse qui vient bousculer la tranquillité du musée ?

Dans un premier temps, nous choisissons une salle où doivent se produire les danseurs. La scène est délimitée par une bande de scotch clair au sol. Au mur, trois peintures de Pierre Bonnard. Femme à sa toilette, Nu dans le bain et Le jardin. En face, le public se masse silencieusement. Beaucoup d’enfants.

Puis les danseurs aux pieds nus silencieux se faufilent sur les côtés. Ils entrent en scène un à un, tout de noir vêtus. On oublie les tableaux de Bonnard pour ne se concentrer que sur eux. Leurs gestes gracieux se cassent à la perfection dans les chorégraphies de Merce Cunningham. Ils se regroupent puis s’étirent, s’élancent en silence, tombent et se rattrapent, pointes de pieds, jambes tendues, puis les corps se plient et se replient encore. Nous sommes subjugués.

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Ils partent rapidement vers leur prochaine étape. Et nous choisissons de profiter de La fée électricité de Raoul Dufy avant que cette salle ne ferme pour travaux.

Nous entrons littéralement dans cette peinture de 1937 qui glorifie l’invention de l’électricité. Au centre, la première centrale électrique est surmontée des Dieux de l’Olympe. A droite, la vie et les grands penseurs avant la découverte de l’électricité. A gauche, la vie moderne et ses inventeurs, catalysés par la fée électricité qui éclaire la nuit de mille lumières.

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La salle est vide. Les filles s’amusent à se raconter des histoires en fonction des expressions des personnages et des scènes de la vie qui s’entrelacent. De nouveaux visiteurs arrivent, de plus en plus nombreux, qui ne repartent pas, voire s’installent à même le sol au centre de la pièce. Effectivement un scotch barre le sol du fond de la salle. Les danseurs vont certainement venir. Nous nous asseyons nous aussi, au premier rang. Les danseurs doivent arriver dans 35 minutes. Mais cette œuvre monumentale nous envouterait bien plus longtemps encore.

A l’heure dite la salle est comble. Tout le monde est serré, assis par terre dans la pénombre. La lumière semble venir directement de la peinture de Dufy. Derrière nous des voix s’élèvent. A droite, une femme baragouine du yaourt anglais. A gauche, une autre semble lui répondre en allemand. Une sorte de, puisque là encore les mots se perdent dans des sons que l’on ne peut pas identifier.

Arrivées à hauteur de la limite de la scène, les deux femmes se mettent à chanter. Les voix semblent porter les danseurs qui arrivent les uns derrière les autres. Quelques accords dissonants viennent régulièrement casser une harmonie précaire. A l’instar des danseurs qui ont parfois des gestes saccadés, cassés ou à l’envers. Comme une machine folle qui s’intègre parfaitement à la modernité de la peinture de Dufy.

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A la fin de la performance les filles accusent un coup de fatigue. Mais elles sont enthousiastes, comme nous. Quelle chance d’avoir été au centre de cette salle pour voir évoluer les danseurs au premier rang. La peinture a pris vie pendant les 17 minutes de la danse. Magique.

Il est tard. Mais l’exposition Jean Fautrier « Matière et lumière » se termine le lendemain. J’ai envie de la voir, même trop vite. Nous la faisons en sens inverse car les danseurs sont maintenant dans la première salle de cette expo. Impossible de passer. Nous croisons une des visites guidées gratuites. Trop tard pour glaner quelques informations. La patience des filles atteint ses limites. Et elles ont du mal avec la matière un peu brute que Fautrier pose sur ses toiles. Moi j’ai beaucoup aimé ses paysages et sa façon de ne garder que l’essence des objets, mais aussi des gens, comme dans le portrait intitulé Sarah.

De ses personnages aux visages verdâtres et aux larges mains violettes, j’aurais aimé avoir plus d’explications.

Mais ce soir, nous étions dans l’émotion de l’art, pas dans les explications. Il avait bien fallu faire un choix. Or l’émotion ne se rattrape pas en lisant un livre.

Et nous sommes rentrés avec des étoiles d’électricité dans les yeux !

Les couleurs de la course

C’est l’histoire d’une course où l’on fait le plein de couleurs. C’est l’histoire d’une mère qui veut faire plaisir à sa fille. C’est l’histoire d’une femme qui n’aime pas courir.

Pourtant ce dimanche d’avril, Petit Oiseau et moi sommes dans le RER à une heure où les croissants sortent du four. Soleil frais. Humeur joyeuse. Nous promenons nos sourires sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. La Color Run éveille les rives de la Seine.

Tatoos colorés éphémères, lunettes de soleil protectrices et baskets confortables. Nous descendons sur les quais.

Musique entêtante, coachs qui entraînent le public. Là-haut, entre deux caissons verts fermés de bouquinistes, trois huluberlus s’assoient culs nus sur le parapet de pierre.

Top départ.

Petit Oiseau démarre vite. Mais finalement, nos rythmes de croisière sont accordés. Nous courons côte à côte.

Jaune. Pays des Minions. Nous passons le premier nuage de couleur. Au prochain, il faudra fermer la bouche… Soleil sur le pont des Arts. Rive gauche. La Seine brille. Les coureurs ont la banane.

Bleu. Pays des Schtroumpfs. Petit Oiseau est passé à toute vitesse dans le nuage de poudre. Les familles papotent. Les copines font un selfie. Nous courons toujours.

Vert. Pays des Martiens. Des hommes et des femmes aux visages couverts de masques de peinture nous balancent généreusement des particules colorées.

Rose. Pays des Barbapapas. On a même pris le temps de jouer sur les bords de Seine. C’était avant ou après le flamand rose de la péniche du Rosa Bonheur ? La Tour Eiffel apparaît.

Petit Oiseau accélère. Le plaisir de passer la ligne d’arrivée avec une pointe de vitesse. Je la regarde de loin. Mes jambes ne me portent pas assez pour de telles excentricités. J’ai quand même précisé que c’est l’histoire d’une femme qui n’aime pas courir !

A l’arrivée, Petit Oiseau et moi fêtons nos efforts à grand coup de sachets de couleur. On en rajoute partout. Sur le pont face au Trocadéro, la poudre chamarrée s’envole en batailles joviales sous le regard bienveillant de la Grande Dame de Paris.

Finalement je me suis plutôt bien tenue physiquement. J’ai même aimé cette sensation d’apaisement une fois la course terminée. Malgré les courbatures. Même que j’en ai pas eu tant que ça. Merci les 26 km à vélo pour aller voir l’expo Kupka au Grand Palais quelques jours auparavant. Quand t’as pas de tête et que t’oublies les préavis de grèves perlées, heureusement que t’as des jambes.

Enthousiasme du printemps, des fleurs et des couleurs, des senteurs de lilas et des glycines tombantes, voilà que finalement je continue à courir une à deux fois par semaine.

Les enfilades de peupliers et les eaux calmes du Parc de Sceaux accueillent mes foulées laborieuses. Et quand une fontaine m’encourage d’un arc-en-ciel, je trouve la vie encore plus belle !

Comme un air de muguet

Quand la maison dort encore, prendre mon appareil photo pour cueillir du muguet sous la rosée du jardin.

Les étoiles amoureuses

J’ai tracé des étoiles avec mes mots. Je les ai peintes avec mes pinceaux. J’ai chuchoté mon amour sur les grains du papier. J’ai inventé des constellations qui retracent notre histoire. Bref, je me suis pelotonnée dans les douceurs épistolaires de la Saint Valentin.

Mais qui a programmé un match du PSG ce 14 février ? Chandelles versus crampons, je vous laisse deviner qui a gagné.

Heureusement qu’on a tout le reste de l’année pour s’aimer.

La grue et l’arc-en-ciel

Ce matin, Paris est gris. A la sortie des Halles, Saint-Eustache affronte la pluie, cernée par les doudounes à capuches et les parapluies sombres.

Les pas sont rapides, évitant ces autres avec qui partager le trottoir, sans un regard.

Cet après-midi une lumière éclatante, presque irréelle, vernit les rues parisiennes encore humides.

Mais l’ondée guette et profite des premiers nuages pour rappliquer. Faisant naître un arc-en-ciel qui égaye fugacement le paysage cafardeux d’une grue solitaire de banlieue.

Poésie des petits riens.

Le tee-shirt doudou et le gâteau

Je me réveille. Il fait encore nuit. Je suis en forme. Quelle heure est-il ? J’allume mon portable. 4h50. Aouch. C’est mort pour me rendormir. Je pourrais jouer au solitaire sur mon écran en basse luminosité, dans la chaleur confortable du lit. Et me bousiller les yeux dès le matin, avec mal de crâne assuré dès 10h.

Je pourrais descendre et m’allonger dans le canapé confortable, une couverture sur les pieds, un livre dans les mains. Mais j’ai peur d’avoir ensuite du mal à sortir de ma lecture quand viendra l’heure de se lever pour de bon.

Je descends encore d’un cran et me faufile à travers la maison jusqu’au sous-sol. Un monstrueux tas de vêtements occupe tout le petit canapé. J’ai vidé machine sur machine, sans même prendre le temps de mettre les vêtements à plat. Ça fait du volume.

Arg la charge mentale ! Je me lève à 5h du mat’, et j’atterris devant ma table à repasser ?!

Oui, mais non. Parce que je me mets un podcast. En l’occurrence, ce matin, je me suis régalée avec Popopop d’Antoine de Caunes. Je ne connaissais pas. Je me suis abonnée.

Parce que le repassage, c’est chiant. Soyons claires. Et un peu vulgaire au passage. Oui. Mais c’est parce que vraiment, le repassage, je déteste. J’en connais qui font ça tranquillou en regardant la télé. Moi je ne peux qu’avec des séries débiles. Sinon, suivre un film en ne faisant pas un pli, je n’y arrive pas.

Mais en ce moment, j’ai pas envie de séries débiles. Et puis le wifi ne capte pas très bien dans le sous-sol, alors ça coupe tout le temps. Frustrant.

Mais le wifi, il capte assez pour les podcasts. Du coup, quand je repasse, je me cultive. C’est beau comme une plante qui pousse non ? Ou l’art de mettre du rêve dans le quotidien.

Alors, quand je tombe sur un vieux tee-shirt d’une équipe universitaire de 94 (waow, le siècle dernier !), tout élimé et troué, mais qui revient inlassablement dans les lessives, j’ai un coup de tendritude (une sorte de tendresse attitude).

Ce tee-shirt, je le connais depuis que je connais mon homme. Il en a quelques-uns comme ça. De l’époque où il n’avait pas les chevilles usées et le dos en compote, quand il jouait encore au volley du haut de son mètre quatre-vingt-treize.

J’ai essayé plusieurs fois de les jeter au cours de nos pérégrinations à travers le monde. Puis j’ai compris. Ce sont des tee-shirts doudous. De ces petites choses qui font du bien. Et qu’on garde à travers le temps et l’érosion du quotidien.

Ces tee-shirts, c’est la douce nostalgie d’un autre temps. Un bout de jeunesse. Presque d’enfance. Comme ce gâteau que mon cher Grand Arbre dispute à ses filles au petit déjeuner. Ça tombe bien, ce matin j’ai le temps (de l’art de tomber du lit). J’en refais un vite fait, pour le goûter des filles. Et pour ce petit plaisir gourmand ce soir, quand mon homme rentrera à la maison.

Quoi la charge mentale ? Notre couple est clairement déséquilibré sur les tâches ménagères. Certes. Mais franchement complémentaire au final. Et ça, c’est plus précieux que les chaussettes sales et les vieux tee-shirts.

C’est la couplitude 😉

« Regarde les lumières mon amour »

Rien que le titre déjà, j’adore. Je n’avais encore jamais lu un livre d’Annie Ernaux. Quand je suis tombée sur celui-ci à ma médiathèque, avec un cœur de bibliothécaire collé à côté du titre, je me suis précipitée sur la quatrième de couverture.

Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l’hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne. « Voir pour écrire, c’est voir autrement », écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. avec ce relevé libre de sensations et d’observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.

Un livre sur un hypermarché ! Voilà de quoi décomplexer l’écriture. Une source d’inspiration pour ces petites choses de tous les jours qui me font moi-même vibrer.

Autant vous dire que depuis que j’ai terminé cet ouvrage, moi qui aime déjà faire virevolter le quotidien, je ne regarde plus l’infini des rayons de mon supermarché de la même manière.

J’aurais même une anecdote à ajouter au journal d’Annie Ernaux. Peut-être parce que, justement, je regarde mon hypermarché plus intensément. Ou simple hasard, je ne sais pas. Rayon chocolat bio, un homme me demande conseil. Je prends toujours le même, un lait aux noisettes, que toute la famille aime.

Ah, vous êtes mariée… Quel rapport avec le chocolat ? En fait le type me drague. Moi, avec ma grosse doudoune noire, mes grandes bottes, mes cheveux gris, mes formes maternelles et mon caddie de ménagère de moins de 50 ans (encore un peu).

Je pense à Annie Ernaux. Elle n’a pas noté ce genre d’aventure dans son livre.

Le type insiste. Il s’appelle Nicolas. Je reste ferme, mais flattée, j’avoue.

Je repars vers les yaourts. Il repose sa plaquette de chocolat.

Peut-être que de regarder les choses avec plus d’intensité fait émaner une lumière particulière. Par-delà les manteaux d’hiver, les pattes d’oie aux coins des yeux et les néons blafards.

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Regarde les lumières mon amour, Annie Ernaux, chez Seuil, collection Raconter la vie, mars 2014

Repos

Repos. Tel a été le mot d’ordre du weekend. Pas de course contre la montre pour enchaîner les activités. Pas de soirée, pas de nocturne. Juste un déjeuner chez des amis, un dimanche avec vue sur les toits de Paris, le ciel gris et la pluie. Le regard qui se perd dans le lointain quand soudain la discussion reprend son souffle, traîne dans les pensées de chacun, puis se ranime, se ravive, croisant à nouveaux ses feux d’un bout à l’autre de la table, dans la quiétude chaleureuse d’un appartement parisien.

Désolée maman, mais là, je lis

Dans notre maison, on trouve du papier partout. Livres, magazines, journaux, BD, dessins, carnets… J’avoue, ça vient un peu (beaucoup ?) de moi. Le papier me rassure. Il m’entoure, bienveillant, gardant les nouvelles jusqu’au moment où je suis prête à les lire. Accueillant mes pensées, fixant les paroles entendues, les moments fugaces.

Mon grand plaisir est de voir que les filles ont attrapé mon virus. Loin de leur faire peur, les livres les accompagnent. Ils se baladent dans la maison, traînent aux pieds de leurs lits, sont oubliés sur le canapé, s’entassent avec les magazines sur la table basse.

Elles attendent d’ailleurs avec impatience l’arrivée de ces derniers. Elles sont abonnées chacune à des magazines différents, mais les échangent malgré la différence d’âge. Petit Oiseau se jette avec délectation sur l’Astrapi de sa cadette. Et Petit Chat dévore goulûment les J’aime Lire Max destinés aux pré-ados.

Petit Chat croque les BD, Petit Oiseau engloutit les romans de fantasy. Leur magasin préféré ? La librairie ! Elles s’y sentent à l’aise et y vont régulièrement toutes seules. Elle est juste au bout de la rue. Et quand je rentre un soir avec Dans la combi de Thomas Pesquet, la dernière BD de Marion Montaigne (l’autrice de Tu mourras moins bête sur Arte), elle est immédiatement confisquée par une petite lectrice gourmande.

Alors ce matin, quand je m’adresse à Petit Chat, elle me répond, plongée dans un magazine :

« Désolée maman, mais là, je lis. »

Bouffée de tendresse…

La mort du livre et de l’écrit ne passera pas par chez nous.

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Quand une séance de repassage dans le sous-sol s’accompagne d’une pause lecture entre les chaussettes et les torchons.

 

PS (on peut ajouter un post-scriptum à un billet de blog n’est-ce pas ?) : non, le papier ne s’oppose pas au numérique. Nous avons également beaucoup d’écrans à la maison, et tout cela cohabite très bien. L’iPad ne tue pas le papier. Les dessins-animés n’enterrent pas les livres. La diversité est notre richesse.

 

 

 

Paysages intérieurs

Place d’Italie sous la pluie. Théâtre 13eme Art dans le centre commercial. Une sortie en famille, un spectacle mélangeant danse et marionnettes. Quelques images glanées sur internet et des critiques enthousiastes avaient titillées mon envie de découverte, à partager avec mon Happy Family. Paysages intérieurs, de Philippe Gentry.

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Pour moi, une porte ouverte sur l’imaginaire, une vie symbolique, entre rêves et cauchemars, entre peurs et désirs. A la recherche de soi dans un temps suspendu, sa jeunesse, son adolescence, sa part de féminité, de masculinité, l’attirance sexuelle, l’amour, le rapport aux autres et à soi, la violence, la guerre, l’identité…

Mais pour Grand Arbre et Petit Oiseau, un spectacle hermétique. Une succession de scènes sans discernement, sans but et sans plaisir. Où même la volupté et la magie de la mise en scène ne lèvent pas l’incompréhension et la lassitude. Oui, disons-le clairement, ils se sont copieusement emmerdés.

Petit Chat, elle, avait gagné mes genoux et tentaient au creux de mon oreille d’obtenir un semblant d’explication. J’ai pu partager un peu de mes sentiments, lui exprimer ce que je voyais. Termes laconiques chuchotés rapidement. Aussi compliqué que de raconter un rêve alors que déjà il s’évapore.

Pour moi, il suffisait de se laissait porter par les illusions, les images et les couleurs. La rêverie quoi.

« Moi, maman, j’ai trouvé que c’était plutôt un cauchemar… »

Debrief dans le métro au retour. Non décidément, ils n’avaient pas vu la même chose que moi. Ah si, la marionnette au début, c’était drôle.

Mais le meilleur souvenir des filles restera ce jeune homme avec un gros casque sur les oreilles sur la partie aérienne de la ligne 6 direction Nation. Il chantait à tue-tête un tube de Michel Berger :

« Si tu crois un jour que tu m’aimes

Si un jour tu as de la peine

La la la la la la

Pense à moi »

Peut-être qu’avec la musique dans les oreilles ça sonnait juste. Pour nous c’était assez dissonant. Mais les sourires des gens dans la rame, plus que moqueurs, étaient bienveillants, envers celui qui oubliait le monde autour de lui pour chanter comme sous sa douche.

Pour le coup, lui, il était à fond dans ses paysages intérieurs !