Une chambre (presque) à soi

Depuis trois ans, Olivier travaille dans la chambre d’Hortense. Les premiers jours du confinement, en mars 2020, il s’était d’abord installé sur le bureau familial, au rez-de-chaussée. Intenable, tant pour lui que pour nous. Alors, la journée, il mettait son ordinateur portable sur le bureau d’Hortense qui, elle, profitait de tout le reste de la maison.

Quand le confinement a été levé, Églantine est entrée à l’hôpital. Olivier a changé de chambre. Pendant un an, il a occupé le bureau d’Églantine. Tout cela était provisoire. Quand même, Olivier a installé un écran plus grand, un clavier, un haut-parleur pour conférence, en répétiteur wifi… Il a tout déménagé dans la chambre d’Hortense quand Églantine est sortie de l’hôpital. Elle passe tellement de temps dans son lit qu’il est impossible de partager son espace.

Trois ans après, le télétravail n’est pas un choix. Deux jours par semaine, Olivier reste donc à la maison pour travailler. Aucun espace n’était prévu pour cela quand nous avons choisi cette petite meulière ouvrière des années 30. Olivier continue donc d’utiliser la cambre d’Hortense. Le télétravail n’est plus une question sanitaire. C’est le moyen pour son employeur de faire des économies.

A nous donc l’électricité, la connexion internet, le chauffage et l’aménagement d’un espace de travail. Et pour le moment, pas d’autre solution que la chambre d’Hortense pour que toute la famille ne profite pas des réunions non-stop d’Olivier. Alors, Hortense n’avait plus de bureau, envahi par l’ordinateur de son père.

Or Hortense est une adolescente qui a désormais envie de se mettre dans sa chambre pour faire ses devoirs, lire, dessiner et regarder des vidéos. Elle me tannait depuis plusieurs mois pour que nous réorganisions sa chambre. En plus, elle a découvert Pinterest et regardait avec envie les jolies chambres aux couleurs douces.

Alors, enfin, pendant cette première semaine de vacances, nous avons tout réorganisé. Un bureau pour Olivier, de nouvelles bibliothèques pour les livres d’Hortense. Elle a viré ses jouets d’enfants qui dormaient dans des meubles blancs, roses et verts, couleurs d’une petite fille heureuse, qui se mariaient mal avec le gros écran noir de son père.

Ensemble, nous avons trié, jeté, donné, dépoussiéré et réaménagé. Plusieurs voyages chez Ikea, des heures de montage – que c’est lourd, un bureau ! Et un résultat parfaitement réjouissant. Hortense était aux anges ce soir. Surtout quand son père, rentré tard d’un dîner avec des collègues coréens, a aussi pris possession de son nouveau bureau. Fauteuils dos-à-dos, chacun a pris possession de son nouveau bureau – pour Hortense, c’était une redécouverte du sien. Echanges complices d’Hortense avec son papa, satisfaction partagée, sentiment d’avoir enfin un véritable endroit à soi, à son image d’adolescente.

Elle a encore plein d’idées de ce qu’elle voudrait faire dans sa chambre. Mais ce soir, elle se dit qu’elle peut attendre. Parce que c’est déjà extra comme ça !

Écrire

Écrire tous les jours.

Écrire les petites choses, les impressions, les sentiments, les états d’âmes et quelques opinions.

Écrire sur soi, sans autre intérêt que ce que l’on voit.

Écrire sans envergure mais avec liberté.

Écrire alors que les muscles tirent.

Écrire même si les paupières sont lourdes.

Écrire comme un entrainement.

Écrire pour s’aérer l’esprit.

Écrire pour relâcher la pression.

Écrire quand le ciel est bleu et quand il pleut.

Écrire pour oublier.

Écrire pour y penser.

Écrire pour s’amuser.

52 Tasses de Thé depuis le début de l’année.

Une par jour.

Écrire pour continuer.

Partager les rues

Le code de la route est très clair.

L’art. R.110-2 du Code de la Route stipule que dans les zone 30 :

toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes, sauf dispositions différentes prises par l’autorité investie du pouvoir de police.

Donc, quand je sors de chez moi à vélo et emprunte ma rue, limitée à 30 km/h, à contresens des voitures, je respecte parfaitement le code de la route. Voyons, me rétorquera-t-on, tout le monde ne connaît pas cet article du code la route !

Il date quand même de 2008. Quinze ans, donc, qu’il est en vigueur. Mais, d’accord, on peut passer à côté de l’information.

Cependant, la suite de l’article stipule que :

Les entrées et sorties de cette zone sont annoncées par une signalisation et l’ensemble de la zone est aménagé de façon cohérente avec la limitation de vitesse applicable.

Sur ce point, la voirie de ma commune respecte scrupuleusement la législation. Un panneau placé au début de la rue indique que la rue est à double sens pour les cyclistes.

Alors, quand je manque me faire renverser par un énorme SUV qui arrive à plus de 30 km et qui refuse de partager la route avec moi, je suis très énervée. Je suis largement visible, la rue est en ligne droite et il avait la place de se déporter sur le côté.

Non seulement, il ne s’est pas poussé d’un quart de millimètre, mais il n’a même pas ralenti pour être moins dangereux. J’ai du faire un écart et me coller au trottoir pour ne pas être renversée.

J’étais partie en sifflotant dans les derniers rayons de soleil de la journée. J’ai eu très peur.

Alors je sais bien que les vélos qui grillent le feu, qui slaloment dangereusement entre les voitures et qui se croient tout permis sont horripilants. En tout cas, moi, ils m’horripilent, que je sois au volant de ma voiture ou sur la selle de mon vélo. Mais je rappelle que dans une collision entre un vélo et une voiture, c’est le cycliste qui met sa vie en jeu. Peut-être que certains automobilistes devraient être sensibilisés à la question. Je propose de les faire circuler une semaine en deux roues dans la banlieue parisienne.

D’autant que, quand je me gare une fois arrivée à destination, je découvre un des deux arceaux à vélo à moitié plié. Un truc bien solide, ancré dans le béton. Ce n’est pas le poids d’un vélo qui l’a ainsi tiré vers le sol. Alors que le mien est plutôt lourd, il n’a jamais fait ployer un arceau.

De l’impact d’une voiture sur l’environnement urbain.

C’est bien une voiture qui a mis l’arceau dans cet état. Allez, éventuellement, prenons un modèle plus gros, une petite camionnette – il n’y a pas la place pour qu’un camion se gare là. Ou un de ces gros SUV qui trouvent que les vélos prennent trop de place. Tout ça pour rappeler qu’un vélo, c’est plus fragile qu’un arceau, alors imaginez son état quand un SUV décide de le percuter.

Or, rappelons-le, un vélo pollue beaucoup moins qu’une voiture, même quand c’est un vélo électrique. Et si plus de monde roulait à vélo, il y aurait moins d’embouteillages. Un vélo, ça prend nettement moins de place qu’une voiture.

Ca vaut donc la peine de faire un peu attention aux deux roues quand on est au volant de sa voiture. Ce n’est pas si compliqué de partager les rues. Je le fais tous les jours en voiture aussi bien qu’à vélo.

Des histoires et des fleurs

Entrer chez un fleuriste, c’est être ébloui par une végétation luxuriante. Des odeurs, des couleurs et des textures qui assaillent tous nos sens. Dans le béton des villes, les fleuristes sont des oasis de verdure qui me fascinent. Il m’arrive assez souvent de les photographier, sans trop savoir pourquoi.

L’attirance de la couleur, peut-être. Mais quand je reprends mes clichés ce soir, les couleurs sont trop vives, trop artificielles. Le noir et blanc y apporte de la douceur et recentre le propos sur la texture des pétales, l’accumulation par petites touches des superpositions de fleurs, les jeux de matière entre la végétation, les grands pots en vannerie et les larges pavés d’un trottoir parisien.

Cette semaine, j’ai acheté un jasmin pour une amie. La fleuriste était bavarde. Elle m’a raconté ses sauvetages de plantes. Elle en parlait comme de ses amies. Les amputées pour les bouquets, les jetées dans le fossé, les maltraitées. Elle les récupérait, trouvait le bon endroit pour les soigner et s’en occupait avec délicatesse.

Elle m’a parlé de ce jasmin qui s’accrochait à tout ce qui était à proximité et que son père appréciait tant. Elle avait la voix qui tremblait quand elle m’a confié que cette plante lui permettait de maintenir vivant le souvenir de son père. Il l’avait gardée un été et s’était attaché à ce jasmin délicieusement liant. Le revoyait-elle, vivant et riant, dans la douce odeur délicate des petites fleurs blanches ?

J’aime les petites histoires que les gens racontent ainsi en passant. Elles nourrissent mon imaginaire et colorent le quotidien encore mieux que les fleurs flamboyantes des fleuristes.

S’endormir au fil des saisons

Nous sommes tous des péninsules. Des êtres reliés à la terre, à la communauté, mais un peu seuls dans leur mer intérieure. Je viens de terminer La péninsule aux 24 saisons de Mayumi Inaba. Une femme, à peine plus âgée que moi, quitte Tokyo pour vivre une année dans sa petite maison de vacances sur une péninsule où la nature déploie tous ses charmes.

Sa vie est rythmée par les changements de saison. Loin de se contenter des douze périodes classiques, elle cadence sa vie sur les vingt-quatre saisons de l’ancien calendrier japonais. On est dans l’infime, dans l’observation intime, dans le temps lent, à l’opposé de l’effervescence frénétique des grandes mégapoles.

J’ai eu un peu de mal à la lecture avec cette épaisse douceur. Je perdais mes repères, comme dans un brouillard ouaté où les sons sont atténués et les sensations tamisées. En plus, j’ai lu ce livre sur ma liseuse, donc le soir, avant de m’endormir. Je règle la luminosité de l’écran à son niveau le plus bas pour ne pas perturber le sommeil d’Olivier. Petit à petit, le sommeil me gagne et je m’endors à mon tour. Une lecture de toute fin de journée, un ultime voyage avant de transiter vers un nouveau jour. Si bien qu’il n’était pas rare, en lisant ce livre, que les mots se bousculent, que les images s’entrechoquent dans ma tête, augmentant cette sensation de flou qui me poursuit après la lecture de ce livre.

Je rejoins par contre cet intérêt pour le quotidien, cette observation des petits changements, ce goût de l’insignifiant.

Des vies simples et curieuses, cassées, réparées ou abandonnées qui se retrouvent sur cette péninsule où dansent les lucioles. Un livre à relire, peut-être. A l’ombre d’un grand cèdre, le nez chatouillé par les odeurs d’herbe fraîchement coupée, un rouge-gorge chantant dans les branches du prunier alors que le soleil se faufile à travers le feuillage de l’arbre de Judée.

Django, lui, appréciait mes lectures nocturnes. Il venait se caler près moi, appuyant parfois son museau contre mon livre électronique.

Lecture et chatteries nocturnes

Selon l’ancien calendrier japonais, nous terminons aujorud’hui la première période du printemps – du 4 au 18 février – le risshun, ou saison du premier jour de l’année lunaire. Demain commencera la deuxième saison, le usui, lorsque la neige laisse place à la pluie et que les glaces fondent.

Pour une poésie plus visuelle et contemplative, il faut visionner les vingt-quatre vidéos YouTube de The seasons of Yamato, avec la pianiste Mine Kawakami. Voici le lien vers la première saison, risshun, celle du premier jour de l’année lunaire.

Enfin, j’ai trouvé sur le site Aventure Japon, le résumé de ces vingt-quatre saisons.

Extrait du site Aventure Japon

Passerelle culturelle

Quand il n’y a pas de public, je peux garer mon vélo à l’intérieur du théâtre. Je rentre par l’arrière, à cet endroit que les techniciens appellent le quai. Parce que c’est là que les troupes déchargent puis rechargent leur matériel. Un immense monte-charge descend jusque dans le grand espace de stockage des décors derrière le plateau. Comme la rue est en pente, le quai est à la hauteur de la passerelle au-dessus de la salle.

Plan en coupe du théâtre
provenant du site de le ville

L’entrée du théâtre se trouve de l’autre côté. En bas de la grande façade de baies vitrées sur trois étages qui donne sur un parvis très minéral. Pourquoi avoir coupé, pendant les travaux, les arbres qui auraient pu rafraîchir et donner de la vie à cet espace ? C’est un autre sujet.

Je pose mon vélo contre la rambarde qui sépare la passerelle des cintres, l’endroit où sont suspendus les décors et répartis les éclairages. Cette coursive est le moyen le plus simple de relier l’arrière et l’avant du théâtre. Je l’emprunte souvent. J’aime regarder le plateau depuis les cintres, découvrir les décors, les accessoires, la disposition de la salle – les gradins sont mobiles et peuvent être disposés face-à-face en bi, tri ou quadri-frontal. De là, j’aperçois généralement l’équipe technique, tout habillée de noir, qui s’active pour installer les derniers accessoires ou terminer de régler le son et la lumière. Un jour, je vous les présenterai. Les lendemains de spectacle, ils terminent de démonter, de replier et de stocker le matériel. Faire, défaire, refaire et ainsi de suite, des heures, des jours de travail. De longues périodes sans beaucoup de sommeil.

Le plateau est vide quand je passe au théâtre cet après-midi. Enfin vide… A cet instant, tous les régisseurs sont dans le foyer au sous-sol et les musiciens ne sont pas encore arrivés. Mais la scène, elle, est déjà peuplée des chaises et gros instruments savamment disposés pour le concert du jour. Brouhaha silencieux des pupitres qui attendent les musiciens pour briller.

Finalement, je trouve au dernier étage, dans la salle de répétition, un violoniste qui exerce son instrument. Il profite d’être encore seul. Ce soir, quatre-vingt musiciens sont attendus. Le théâtre accueille l’orchestre Colonne. Rien à voir avec les larges supports de pierre cylindriques des temples grecs. Le nom lui a été donné par son fondateur en 1873, Edouard Colonne. C’est donc l’un des plus anciens orchestres de France. A Paris, une petite rue porte le nom du créateur de cette formation. Elle longe le théâtre du Châtelet où s’installât l’orchestre à sa création.

Et voilà comment, même sans aller voir le concert – envie de rester tranquille à la maison – mon petit boulot au théâtre me fait découvrir des univers que je ne connais pas, ou peu, ou mal. Une passerelle culturelle perpétuelle.


Pour en savoir plus sur Edouard Colonne et son orchestre éponyme, on file sur Radio France :

Les Concerts Colonne ont 150 ans ! (1/3) : Edouard Colonne, Gabriel Pierné et Paul Paray

Les Concerts Colonne ont 150 ans ! (2/3) : Pierre Dervaux

Les Concerts Colonne ont 150 ans ! (3/3) : Laurent Petitgirard et quelques chefs invités

Edouard Colonne, la passion de la jeune musique

Météo d’une journée de bataille

Quand j’ai conduit Églantine au lycée ce matin, une lumière rose délicate baignait les files de voitures. La circulation était fluide. La journée s’annonçait douce.

Nous sommes arrivées un peu en avance. Nous avons papoté un moment dans la voiture. Normalement, je m’arrête juste le temps qu’elle descende et je repars de suite. Mais aujourd’hui, la secrétaire avait demandé à me parler. Ce n’est jamais une bonne nouvelle mais j’étais confiante. S’il y avait eu un problème avec le PAI d’Églantine, j’aurais tout de suite été prévenue. Surtout, nous l’aurions su depuis longtemps. Les épreuves de spécialité sont dans quelques semaines. 

Certes, nous n’avions toujours pas les dates de convocation pour les épreuves de maths et de physique-chimie. J’aurais dû me méfier.

Je suis tombée des nues quand madame H. m’a expliqué la situation. La bonne nouvelle, Églantine avait bien obtenu les onze aménagements d’épreuve que nous avions demandés. Le problème, la personne qui avait rempli son dossier au centre des examens avait interverti les épreuves qu’Églantine devait passer cette année et celles de l’année prochaine. D’où le fait qu’Églantine n’avait toujours pas de date pour ses spécialités. Par contre, elle était inscrite, par exemple, pour l’histoire-géographie alors qu’elle ne suit pas les cours cette année. Or, à la maison des examens, personne ne répondait aux messages d’alerte de la secrétaire du lycée.

J’ai laissé tomber ce que j’avais prévu pour la matinée et je suis partie au centre des examens. C’est pour ce genre d’urgence aussi qu’il est nécessaire d’avoir cette souplesse que me laissent mon petit boulot au théâtre et mon travail bénévole pour Les Petites Cantines.

Je suis d’abord retournée à la maison prendre un thermos de thé, de quoi lire et de quoi écrire. Bref, de quoi tenir un siège de plusieurs heures face à l’administration française. J’ai aussi ressorti de mon tiroir un comprimé pour calmer la crise d’angoisse et de colère mélangées que je sentais monter en moi.

De façon étrange, le temps était à l’unisson de mon humeur. Le ciel s’était voilé de nuages gris et quelques gouttes de pluie tachetaient mon pare-brise. J’avais envie de pleurer. Les dossiers de PAI sont lourds à remplir. Obtenir ces aménagements est un vrai parcours du combattant. Et voilà que le manque de rigueur de la personne chargée de la saisie de ces aménagements menaçait les études d’Églantine. Ils étaient en train de lui flinguer son bac. J’avais un bazooka au fond du cœur, prête à pulvériser les responsables de cette absurdité.

Je sais, je sais, la violence ne résout rien. C’est pour ça aussi que j’ai fait en sorte de me calmer avant d’arriver sur place. A l’accueil, j’ai été reçue par un monsieur très aimable, le crâne parfaitement lisse, des lunettes fines et le sourire compréhensif. J’étais prête à affronter tous les barrages et à passer la journée sur place tant que je n’aurais pas rencontré quelqu’un capable de modifier le calendrier des épreuves d’Églantine.

« Bonjour Monsieur, je viens chercher une solution. » J’avais aussi décidé d’être diplomate. Il paraît que c’est plus efficace que le lance-flammes.

Il a appelé le référent de notre département, monsieur C. Le téléphone a sonné longtemps dans le vide. Je n’étais pas surprise. Ça faisait deux semaines que la secrétaire du lycée essayait de le joindre, par mail et par téléphone, sans que celui-ci ne daigne répondre. Assise sur les fauteuils en métal dans le hall, je le regardais recommencer plusieurs fois sans succès.

« Il y a une réunion ce matin, ça risque d’être long. » me lança-t-il. Je lui faisais comprendre que j’avais tout mon temps et sortais mon thermos. J’ajoutais que madame P. (la grande cheffe de monsieur C.) avait également été contactée par le lycée. Peut-être serait-elle plus facile à rencontrer ?

Plusieurs personnes se présentèrent à l’accueil. Elles venaient passer divers examens. Un homme arriva avec un bébé dans une poussette. Il cherchait à récupérer un diplôme qu’il n’avait pas réussi à obtenir en ligne. Je trouvais le tableau réjouissant. Derrière le comptoir de l’accueil, un homme. Devant lui, un jeune papa avec son bébé. Loin des stéréotypes de la femme à l’accueil et de la maman avec son enfant.

Puis, un autre groupe entra dans le hall. Monsieur Crâne-Lisse interpella alors une femme. Je reconnus le prénom de madame P. Une minute après, je pouvais effectivement lui exposer la situation d’Églantine. Là, dans le hall d’accueil, elle nota toutes les informations sur un post-it jaune et m’en donna un autre avec son adresse électronique. Est-ce que je voulais bien lui écrire tout cela dans un mail pour plus de sécurité, en y joignant un scan de la confirmation erronée des épreuves ?

J’ai transformé le hall de la maison des examens en bureau. J’ai déplié le clavier de ma tablette. J’ai scanné le document avec mon téléphone. J’ai pris le temps nécessaire pour trouver les bonnes tournures de phrases – chut le bazooka, sur ce coup, il vaut mieux rester tranquille – puis j’ai cliqué sur « envoyer ».

Quand je me suis garée devant le lycée un peu avant 13h pour récupérer Églantine, mon téléphone indiquait un message de la secrétaire du lycée. Elle avait reçu la nouvelle confirmation d’inscription aux épreuves d’Églantine, avec la bonne répartition sur ses deux années de Terminale.  Madame P. était visiblement passée rapidement à l’action et l’insaisissable monsieur C. avait enfin réussi à modifier la situation et à envoyer un mail.

Et, devinez quoi ? Le soleil était revenu…

Il m’a fallu plusieurs heures pour que le stress redescende complètement.

Nous attendons maintenant les dates des premières épreuves du mois de mars.

Toutes les images proviennent de Pixabay et sont libres de droit.

Pérégrinations fantastiques

Univers étranges où des femmes plus ou moins nues, des poils sous les bras, des tatouages, s’enlacent et se prélassent. Des mondes peuplés de bêtes imaginaires, mythologiques où trône un soleil bienveillant au milieu d’océans alternants tempêtes et douceurs. Des aquarelles, des dessins à la mine de plomb, de la gouache sur de vieilles cartes postales, des films sur pellicule, des dioramas (mises en scènes de personnages de papier découpé), des diapositives, des papiers épais, charnus, organiques… Le support est partie intégrante des œuvres présentées.

La terre se fait mère nourricière dans des grottes où filtre la lumière et dont les plafonds ressemblent à des mamelles d’où goutte du lait. Rappelant ces femmes qui allaitent, des perles miniatures suintant de leurs seins, ronds comme le soleil.

Les oiseaux se font chamans pour interpréter ce monde merveilleux. Livres, dés, cartes de jeux ou divinatoires guident ces créatures dans un entrelacement cosmique où chacun semble chercher sa place.

Sensations éphémères, surprises miniatures, détails attachants, couleurs saisissantes, délicatesse hypnotisante, raffinement brûlant tel ce cœur ardent qu’une femme étreint tendrement. Le monde de Karine Rougier est un jeu de masques, bienveillants ou effrayants dont je n’ai pas saisi tout le sens. Mais dans lequel j’ai déambulé un long moment en ce lundi hivernal au Drawing Lab.

Une parenthèse calme et silencieuse. Personne d’autres que les créatures de l’artiste pour m’entraîner dans des pérégrinations fantastiques.

D’autres artistes sont invités, dont les œuvres font écho à celle de la miniaturiste. Tel ce poème de Nina Leger à mettre en regard du dessin éponyme de Karine Rougier : Maintenant vivantes.

Il sera plus facile de dire qu’on a rêvé.

Nina Leger

Amitié, amour, affection, partager la Saint Valentin

Mon imprimeur a beaucoup d’humour. Plutôt que de multiplier les cœurs dans sa vitrine à l’occasion de la Saint-Valentin, il a mis à disposition des cartes postales à l’énergie du couple franco-allemand. Ainsi, j’ai trouvé à la caisse du Sac de Graines, un magasin de vrac juste en face de L’Imprimoir, une carte postale de François Mitterrand et Helmut Kohl se tenant par la main ; et une autre de Jacques Chirac et Gerhard Schröder se serrant dans les bras. Peut-être en ai-je raté une autre de Charles de Gaulle et Konrad Adenauer s’élançant l’un vers l’autre en 1963 pour la signature du Traité de l’Elysée.

Une bien belle façon de célébrer les 60 ans du Traité de coopération et d’amitié franco-allemand et de rappeler l’importance de la construction européenne pour une paix durable.

Hortense, elle, avait cuisiné de délicieux moelleux à la noix de coco pour son bel italien. Comme c’était trop bon, elle en a refait ce soir pour toute la famille. Avec des petits cœurs en sucre blanc pour rester dans le thème.

Moi, je vous offre une hellébore en noir et blanc, dont j’aime particulièrement le velouté léger baigné par la douce lumière de l’hiver où viennent s’ébattre les pistils sagement désordonnés.

Parce que l’amour, c’est avant tout un sentiment généreux, un attachement désintéressé, un goût de l’autre qui invite à donner et à partager, la Saint-Valentin peut simplement se vivre comme l’occasion de faire attention aux gens que l’on aime, d’une façon générale.

Hortense l’a bien compris, elle qui a offert à sa sœur un énorme donut gourmand pour la Saint Valentin. Pour qu’Eglantine aussi ait quelqu’un qui pense spécialement à elle. Amour de sœurs.

Ca change des cœurs en chocolat et des roses rouges.

De leur côté, les Français et les Allemands s’affrontent sur les terrains de foot. PSG-Bayern, une autre sorte de couple qui fait de l’œil à l’initiative de mon imprimeur. Ça match pour eux ce soir.

Lignes de vie

Un arbre. Un lampadaire. Et la nuit noire de l’hiver. Les branchages ressortent en négatif, lignes blanches qui tendent leurs flèches vers l’ombre du néant. Des vies qui se croisent et s’écartent, chacune tendant vers son propre but, donnant naissance à son propre chemin, ses propres idées. Pourtant, les racines restent communes et le tronc soutient l’ensemble. Le désordre n’est qu’illusion. De ce fouillis végétal naît une beauté qui m’interpelle.