Des pannequets pour la chandeleur ?

Comment passer dune grosse coupure sur mon pouce à une recherche sur Mme de Genlis ? Grâce au Dictionnaire Historique d’Alain Rey. Nous aimons beaucoup ses deux grands volumes à la couverture blanche et bleue où se dessine la silhouette du visage du fameux linguiste. Découvrir l’histoire d’un mot éveille d’autres curiosités.

Ainsi, alors que mon pouce est entouré d’un gros pansement depuis une semaine, je m’interrogeais sur l’origine du mot poupée. Simplement le latin pupa, petite fille. Rien de très original ; et c’est vers 1690 qu’il fût attesté pour définir ce pansement qui protège un doigt blessé.

Puis, tournant au hasard les pages en papier bible, je tombais sur le mot pannequet. Il est toujours amusant de tomber sur un mot inconnu. La langue française est tellement riche et variée que cette exploration semble sans fin.

Un pannequet est une sorte de crêpe épaisse, roulée et repliée en ses bouts. Le mot est dérivé des pancakes anglais. Pourtant, l’emprunt n’est pas un des ces anglicismes contemporains. Il date de 1808. On trouve sur internet quelques recettes illustrées. Mais, au regard de l’ancienneté du mot, je me suis dirigée sur Gallica. Le site de la BNF offre la consultation en ligne de nombreux ouvrages anciens, patiemment numérisés. J’espérais trouver une vieille illustration de pannequet.

Le Charivari me proposait les menus de grands restaurants, sans illustrer. Les documents du XIXe étaient nombreux qui contenaient le terme pannequet. Des manuels à l’attention des pâtissiers. Des magazines. Egalement, d’anciens menus officiels du XXe siècle. Je jetais mon dévolu sur un ouvrage de Mme de Genlis, Maison rustique, pour servir à l’éducation de la jeunesse, ou retour en France d’une famille émigrée, tome 2, 1826.

J’y ai effectivement trouvé la recette des pannequets, version XIXè, par Mme de Genlis. Ils se trouvent dans la catégorie, Cuisine des enfants. Vous noterez qu’ils ne sont pas fourrés. La recette est la transcription littérale des pancakes. Or Mme de Genlis vécut en Angleterre une dizaine d’années, lorsque son mari perdit sa tête sous la Terreur qui suivit la Révolution. C’est Napoléon qui lui permit de revenir en France.

La vie de Félicité de Genlis est d’ailleurs assez remarquable.  Elle fût la gouverneur, sans e (mais pas la gouvernante, attention !), de Louis-Philippe (qui devint Roi des Français en 1830). Déjà, cette anomalie interroge. Qu’une femme ait ainsi obtenu un poste normalement réservé aux hommes donne une idée de son caractère. Surtout, elle fût une véritable femme littéraire à une époque où il était très mal vu qu’une femme écrive. Enfin, elle était la Super Nannie de son temps, publiant de nombreux livres pour réussir l’éducation des enfants, notamment celle des princes et des princesses.

Ce qui me surprit dans le livre que j’ai feuilleté, Maison rustique, c’est surtout la variété des sujets qu’elle s’emploie à enseigner à une jeune femme qui s’installe à la campagne. Bien sûr, on ne parle pas d’une petite maison secondaire, mais d’une belle demeure de type château. On y apprend aussi bien comment creuser les fondations, quelles pierres utiliser pour la construction ou quel bois choisir pour la charpente, que la maîtrise de l’empaillage des oiseaux pour son cabinet de curiosité, l’art de décorer son autel dans sa chapelle, ou les différentes façon de soigner les animaux de la ferme.

L’ouvrage se compose de trois tomes. Il est assez amusant de les consulter. Nous sommes bien loin des livres de développement personnel actuels. Et la femme n’est pas cantonnée à un rôle de potiche sans capacité.

Il me semble que les hommes se sont vites empressés d’enterrer l’œuvre avec la vie de Félicité de Genlis. Ainsi, même aujourd’hui, quand un homme raconte l’histoire de Mme de Genlis, comme Franck Ferrand dans cette émission d’octobre 2022, le ton reste gentiment condescendent.

Pour finir, j’ai laissé de côté les pannequets fourrés à la française et les pancakes à l’anglaise. Pour une chandeleur gourmande, j’ai opté pour la galette de sarrasin garnie d’œuf, de jambon, de fondue de poireaux, d’emmental râpé et de fromage de chèvre frais.

Miam.

Le gratin de pêches d’Hortense

Découvrez le gratin de pêches d’Hortense. des pêches, du miel, de l’eau de fleur d’oranger, des pignons de pin, des amandes en poudre, de la gourmandise et beaucoup d’amour.

Il est encore possible d’acheter des pêches sur le marché. Ce sont les dernières de la saison. J’avais choisi des pêches jaunes à la peau douce et veloutée pour la recette d’Hortense. Elle l’avait repérée dans un de ces magazines de cuisine qu’elle aime feuilleter le soir dans son lit.

Pendant que je préparais le dîner, Hortense a entrepris de couper les pêches en quartiers. Les fruits étaient bien mûrs et elle n’a rencontré aucune difficulté à séparer la chair du noyau. Elle a réparti tous ses morceaux de pêche dans un grand plat à gratin ovale.

Puis elle a fait fondre à feu doux du miel et de la fleur de d’oranger dans une petite casserole. Elle n’a pas cessé de remuer jusqu’à ce que le mélange soit bien liquide. Elle l’a alors versé dans le plat en contrôlant que toutes les pêches étaient bien arrosées.

Enfin, elle a réparti des pignons de pin et des amandes en poudre sur ses fruits avant d’enfourner le plat. Le four était préchauffé à 180°. Elle a laissé cuire son gratin pendant 20 minutes.

Le résultat était délicieux, un mélange délicat des différents goûts, une ensemble très doux relevé par l’eau de fleur d’oranger.

Hortense n’a que 11 ans, mais elle s’affirme en cuisine. Pour notre plus grand plaisir !

Le gratin de peches d’Hortense

Soyons fanes !

Confinement oblige, je cuisine encore plus que d’habitude. Les premières semaines, je ne sortais même pas pour aller à la boulangerie. Puis mes réserves de farine et de levure boulangère s’amenuisant sérieusement, j’ai recommencé à acheter du pain frais.

Je participe à un groupe de cuisine sur WhatsApp. Nous échangeons des recettes afin de varier les plaisirs gustatifs quotidiens et d’éviter le retour trop régulier du jambon-purée. Je teste ainsi fréquemment de nouvelles recettes et recherche des façons différentes de cuisiner les légumes de saison.

Ces nouveautés deviennent les classiques du moment. Ainsi le risotto aux asperges vertes, citron et amandes qui ravit tout le monde. Jamais de reste ! Même si les restes ne sont pas vraiment un problème. Dès que les bacs se multiplient dans le frigo, nous faisons un dîner en mettant tout sur la table et chacun pioche ce qu’il veut. Un peu comme des mezzé.

Risotto aux asperges

Ainsi, nous ne sommes pas encore au zéro déchet mais nous avons bien progressé dans la diminution de nos ordures. Ce qui passe notamment par une bonne gestion de la nourriture. En ce qui concerne les légumes, je remplis le bac à compost avec les épluchures.

Je n’ai pas encore essayé d’utiliser les pelures de carottes. Mais aujourd’hui, j’ai décidé de cuisiner quelque chose avec les fanes de mes radis. Mixées avec de l’huile d’olive et un peu de sel, elles ont donné un pesto d’un vert printanier à l’odeur acidulée légèrement piquante. La base de ma nouvelle recette de pain feuilleté au pesto de fanes.

Autant dire que les nez se sont tordus à l’évocation de l’ingrédient phare de ma recette. Mon homme et mes filles n’étaient pas fans de mes fanes. Finalement, jambon-purée c’est bien aussi, non ?

Cependant tous les a priori ont été balayés quand nous avons goûté le fameux pain. Une pâte moelleuse, un peu fondante grâce à la mozzarella et un goût frais proche de l’ail des ours. Avec un bon velouté de légumes, ce fût un dîner à la fois simple et original. Un nouveau classique de la maison ?

En cuisine pour le 4H

Alors que je pousse le portail de la maison, Petit Oiseau déboule derrière moi, juchée sur sa trottinette. Elle est allée chercher des œufs. Car sa sœur et elles ont pris possession de la cuisine pour un goûter fait maison.

Tout le plan de travail est occupé. De nombreux bols et saladiers sont sortis. Le pot de sucre est ouvert. Ses grains se mêlent à la poudre de la farine ici et là. Petit Chat manie le fouet d’une main ferme. A côté d’elle, Petit Oiseau travaille sa pâte sablée.

Elles sont heureuses. Elles partagent leurs rires, s’entraident et s’appliquent. D’elles, je ne vois que leurs dos affairés. Je donne un coup demain pour retirer les derniers grumeaux.

Dessert, petit-déjeuner et goûter du lendemain, nous sommes parés.

Vive le 4H en cuisine !

4H-9519

Fin d’année en famille

Cupcakes, brochettes sucré-salé, et autres petits plaisirs. Un 31 décembre tous ensemble.

Petites mains chapardeuses ou hésitantes, plan de travail enfariné. Les filles se mettent en cuisine dès l’après-midi.

Hortense se lance seule la première pour ses cupcakes. Elle grimpe sur les meubles pour attraper ce qui lui manque. Elle pèse, verse, mélange. Préfère le fouet au robot. Goûte avec application, et gourmandise. Et nous offre un goûter fondant.

2017-12-31-9369

Eglantine s’attaque au salé. Elle découpe l’agneau et enfile les brochettes. Un morceau de viande, un morceau de mangue. Puis un autre morceau de mangue pour elle. Parce que c’est trop bon, s’excuse-t-elle, se pourléchant d’un air angélique.

Quand arrive le temps du réveillon, nous avons respecté notre dimanche cuisine et repos, gardant les jeux, les perruques colorées et notre énergie pour ce soir. Rires, danse et explosion de canons à confettis. Pluie d’étoiles d’or et d’argent voletant partout dans le salon quand sonne minuit.

Olivier me fait tourner. Les filles sont épatées. Elles gloussent en s’emmêlant les bras pour tenter de danser comme papa.

nouvel an 2018-9384

Elles s’écroulent finalement dans leurs lits.

Ça y est, nous sommes en 2018. Bonne année !

nouvel an 2018-9376

Dernier jour de marché

Le marché du dimanche matin attire toute la région. Même en plein hiver les étals sont colorés, foisonnants de produits tous plus appétissants les uns que les autres. En ce 31 décembre, j’y termine donc les courses pour le menu de la Saint-Sylvestre, concocté par les filles.

Dernier jour de l’année, les frigos sont déjà pleins. Il n’y a pas foule pour braver le vent humide de ce dernier matin de 2017. Même les marchands sont moins nombreux. Mais l’humeur est à la fête et à la bienveillance.

Je repars avec une treize mangues pour 4€. C’est vrai qu’elles ont l’air vraiment bien mûres. Je vais certainement avoir un peu de déchets. Mais voilà une belle occasion d’essayer un chutney à la mangue. La cagette pleine de fruits pèse dans mon sac accroché à l’épaule. Avant que je ne parte, le vendeur en a rajouté une dernière. « Au cas où vous en auriez une de trop abîmée. »

mangues-marche-antony-9389

J’ai acheté quelques litchis de la Réunion. Et j’ai découvert le combava. Un cousin du citron vert, boursouflé, mais plus sucré paraît-il. Le vendeur de fruits exotiques n’était pas débordé. Il avait le temps de discuter. A tester une prochaine fois. Aujourd’hui je reste fidèle à la recette que les filles ont choisie.

Aux fruits secs, je prends quelques noix. Et hop, une dernière poignée une fois la pesée terminée. C’est cadeau, avec le sourire, et Joyeuses Fêtes madame !

Dans le Monoprix c’est la cohue. Petits achats de dernière minute. Le rayon de mascarpone est vide. Je me rabats sur un mélange crème-mascarpone qui, je l’espère, fera l’affaire. A la caisse, une autre cliente me demande ce que je vais faire avec ça. Nous discutons menu de réveillon. Elle, elle est venue chercher des frites pour les enfants.

Nous, ce soir, c’est la cuisine des enfants ! Avec un peu d’aide…