J’ai repris mes ateliers d’écriture

J’ai repris mes ateliers d’écriture. J’en ai deux. L’un, mensuel, à distance, qui m’a permis de me lancer dans l’écriture de nouvelles. Chaque premier vendredi du mois, l’animateur affiche sur son blog une nouvelle consigne. Derrière un ton léger et un humour vivifiant, les contraintes sont réelles et me poussent à bien réfléchir chaque histoire. Nous avons dix jours pour écrire puis les textes sont mis en ligne. Nous avons alors une semaine pour échanger des commentaires sur les textes. L’animateur n’intervient pas avant le troisième jour pour ne pas biaiser les premiers avis. Ses retours sont toujours très intéressants et constructifs. Ce cocon d’écriture mensuel m’a beaucoup apporté ces deux dernières années. Malheureusement, l’atelier s’arrêtera en mai prochain. L’animateur est arrivé au bout d’un cycle. Il a créé cet atelier voilà cinq ans. Il va passer à autre chose.

Il m’est arrivé de ne pas réussir à rendre de texte. Trop de soucis dans la tête. Impossible d’aligner des mots pour extraire le récit qui avait pris vie dans mon imagination. Parfois, aussi, aucune idée ne jaillissait.

Pour l’autre atelier, nous nous retrouvons dans un appartement du centre-ville, trois fois par mois. Une poignée de femmes de trente à soixante-dix ans. L’intérêt de cet atelier est la pratique de l’écriture sous contrainte. Amener à sortir des textes que nous n’aurions jamais écrits. Quinze minutes pour créer un personnage. Quarante minutes pour imaginer une histoire. Avec, là aussi, des contraintes qui nous tirent parfois de profonds soupirs de découragement. Un lieu d’écoute et de partage qui fait du bien à l’âme.

J’ai quitté cet atelier pendant trois mois. Incapable d’écrire en groupe, d’être dans la rencontre. Pas envie de partager, de croiser mes mots avec d’autres. Trop de désarroi et de mal-être.

J’ai enfoui mes problèmes sous le tapis le temps de me retrouver. J’ai bien fait de reprendre des forces. La poussière déborde par tous les coins du tapis. Les prochains mois s’annoncent terribles. Il faudra naviguer entre tristesse, colère, culpabilité, impuissance et renoncement. J’ai perdu ma mère alors qu’elle est toujours en vie. Le peu de liens qui restaient s’est envolé dans son insensée dénégation de la réalité. Personne ne peut plus la suivre dans son monde imaginaire. Mais il faut la protéger d’elle-même.

Heureusement, il reste les mots et les rencontres qu’ils provoquent. Rencontre avec soi et avec les autres. J’ai repris mes ateliers d’écriture juste à temps pour affronter la tempête.

Impression soleil levant, de Claude Monet,
illustre le processus d’écriture, les petites touches qui deviennent nettes, la lumière qui jaillit de la pénombre.