Ceci est une clé

Ou comment Magritte peut déverrouiller une facette d’Hortense.

Ne pas partir en vacances, c’est prendre le temps de laisser faner les maladies d’hiver en un froissement de mouchoirs

en papier. C’est aussi profiter d’habiter à proximité d’une ville qui fait rêver le monde entier, surtout depuis qu’elle a été si joliment mise en scène pour les jeux olympiques.

La pluie, le froid et les journées mornes n’incitent pas à se balader nez au vent dans les rues parisiennes. Alors il reste les musées. L’offre est monumentale. Sauf le lundi, où la plupart d’entre eux sont fermés. Seul Beaubourg ouvre ses portes et ses escalators extérieurs qui révèlent petit à petit une vue magnifique sur les toits parisiens. Même quand la tour Eiffel s’estompe dans les nuages.

L’expo phare du moment est celle sur le surréalisme. Une foule compacte piétine dans les allées, écoute doctement la voix d’André Breton reconstituée par une IA tout en découvrant son écriture serrée sur les pages de ses carnets. « Surréalisme » foisonne d’œuvres plus ou moins connues, bifurque entre les amitiés et les rivalités, les nationalités, les genres, les supports, les formats, les inspirations. L’ensemble est gigantesque, limite indigeste.

Et puis il faut aimer. Ce n’est pas mon courant favori même si la démarche est passionnante. Un artiste en particulier m’a pourtant fait énormément vibrer, Max Ernst. Je connaissais un peu, de loin, de nom. Une vraie rencontre. C’est une de ses œuvres, L’ange du foyer, qui a été choisie pour l’affiche de l’exposition. Personnellement, je suis restée subjuguée par ses forêts.

J’avais traîné Hortense avec moi. Qu’elle découvre par elle-même des œuvres qu’elle peut aimer, critiquer, détester. Peu importe, du moment qu’elle s’autorise ses propres choix. Elle a traversé l’exposition sans s’attarder. Trop de monde. Contempler une œuvre tenait de la bataille opiniâtre bien que silencieuse. Elle, ce sont les œuvres de Magritte qui ont systématiquement retenu son regard.

René Magritte, Les valeurs personnelles, 1952

Ses toiles font écho aux sentiments d’Hortense. Ce décalage permanent, légèrement absurde, derrière une première impression de normalité, c’est un univers qui lui parle, dans lequel elle se reconnaît. Car sous son air désinvolte, Hortense cache surtout une grande sensibilité. Comme elle ne sait pas vraiment quoi en faire, comme elle se sent très en marge des normes attendues, elle se verrouille. Magritte a été comme une clé.

Dans l’immensité de cette exposition, Magritte n’est qu’une anecdote. Mais il m’a permis de comprendre une facette d’Hortense. Rien que pour ça, ça valait la peine d’affronter la foule.

Quand 2024 cède la place

Prise dans les conversations animées, j’aurais pu manquer les dernières minutes de 2024. Nous avons décompté les secondes dans une bonne humeur joyeuse. 2025 a pointé le bout de son nez dans la nuit glaciale et humide de l’hiver parisien.

De 2024, je garde des éclats de couleurs, le nouveau traitement d’Eglantine, la guitare d’Hortense, la résistance d’Olivier face à la maladie, l’engouement festif des Jeux Olympiques. Mais aussi la pluie qui s’obstine à imbiber les sols et la grisaille qui enveloppe même les mois d’été. Heureusement, quelques parenthèses ensoleillées dans le sud de la France, les chemins de montagne et cette belle Turquie que nous aimons tant.

Pour 2025, je nous souhaite à tous des sourires partagés et des couleurs éclatantes. Pour rendre la vie encore plus belle et continuer d’en capter la lumière.

Bonne année !

La voiture bleue

Dérouler le fil de ses souvenirs sur l’autoroute.

En ces temps de fêtes, les autoroutes sont encombrées quel que soit le jour de la semaine. On déménage de famille en belle-famille, de cousins en copains, les coffres débordant de paquets. Le flot des voitures s’écoule en vagues denses alors que les camions tracent la route, impassibles, majestueux.

Sur les aires de repos, les SUV dégorgent les familles engourdies. Les chiens se promènent au bout de leur laisse, la truffe émoustillée par la profusion des odeurs. Le froid presse tout le monde dans la chaleur de la cafeteria. Les machines à café ronronnent en continu. On se dépêche de remonter en voiture.

Les embouteillages resserrent le camaïeu de gris des carrosseries. On vient de sortir du brouillard et le bleu électrique de la voiture devant moi resplendit dans le soleil couchant. Le modèle n’est plus tout jeune. Les larges vitres laissent le regard entrer dans l’habitacle. Le châssis est sensiblement abaissé par la charge transportée.  Ils sont quatre. Les têtes se fondent dans l’ombre du toit. Les barbes se devinent dans le rétroviseur mais les silhouettes ont la minceur tonique de la jeunesse. Les mains qui s’animent en contre-jour dessinent des discussions passionnées. Un portable fixé au tableau de bord sert de GPS. Un autre apparaît de temps en temps. On devine la recherche d’arguments, la requête Google.

Absorbés par leur conversion, ils avancent sans chercher à se faufiler. Si bien que je reste un long moment derrière eux, absorbée dans les souvenirs de ces premiers voyages entre potes. Celui qui a son permis et la vieille voiture des parents. Une maison à la campagne où l’on fera un feu dans la cheminée. Le coffre chargé de victuailles et de boissons calées par quelques sacs de couchage. Les autres que l’on retrouvera sur place pour des soirées pleines de musique et de rires et des journées cotonneuses.

La voiture bleue emporte la douceur de ma mélancolie à l’échangeur suivant. La nostalgie n’est pas forcément triste. Je savoure ces apparitions radieuses du passé, en touches impressionnistes.

Soleil couchant sur une aire de repos de l’A10

Le Père-Noël est un écureuil

Écureuil : petit mammifère qui aménage des cachettes. Père-Noël : gros mammifère qui apporte des présents. Maman : un mélange des deux.

J’aime les Noël foisonnants et généreux. Les sourires qui naissent dans les surprises. Les yeux qui brillent après l’attente. Les papiers froissés qui tombent au sol. Les premières mises en marche, les premiers essayages – avec cette petite incertitude sur la taille et le coloris –, les premières pages tournées, le premier chocolat. Ces moments fugaces s’estompent trop vite dans les brumes du quotidien. Je m’en repais avec plaisir, avide de saisir les émotions suspendues au coin des lèvres ou dans l’éclat d’un regard.

Pendant des semaines, tel un écureuil frénétique, je cache les cadeaux un peu partout dans la maison. Je ne les emballe pas, ce serait trop visible. Ils se fondent dans le bazar ambiant de la maison. Je profite de notre défaut généralisé de rangement.

Le problème des écureuils, c’est qu’ils sont connus pour ne pas toujours retrouver leurs provisions… Cette année encore, j’ai retourné toute la maison à la recherche d’un cadeau trop bien dissimulé. J’avais modifié sa cachette un peu plus tôt dans la journée. Vous connaissez cet horrible sensation ? Quand on se revoit faire un geste mais que le résultat a été avalé par un trou noir mémoriel ? J’aurais voulu forer dans mon cerveau pour en extirper le souvenir enfoui.

Tout le monde dormait quand j’ai finalement mis la main dessus. Il attend sous le sapin, retardataire solitaire. Heureusement, nous sommes dans l’équipe des ouvreurs de cadeaux pendant le réveillon. Aujourd’hui, c’est vraiment Noël. Alors, il n’est pas réellement en retard.

Joyeux Noël à tous les écureuils et à leurs familles !

Et merci à Eglantine pour sa désopilante comparaison entre un écureuil et moi.

La bande d’ados

Petit bonheur de les avoir à la maison. Profiter des éclats de rire qui montent du sous-sol avant que vienne le temps où l’oiseau quittera le nid.

Ils ont quinze, seize ans. La timidité les rend un peu gauches. Ils sont plutôt atypiques, décalés, loin de ces jeunes forts de l’assurance de leurs bons-droits. Eux, ils s’interrogent sur la société, les questions de genre ou la psychologie. Ils sont cinq. Leurs rires montent du sous-sol. Je l’ai nettoyé à fond pour qu’ils puissent s’y réfugier toute la nuit.

Seules quelques parts de pizza dans le four témoignent de leur moment à cuisiner ensemble. Ils ont laissé la cuisine bien rangée. Les papiers cadeaux sont dans la poubelle de tri. Une partie de leurs présents attendent le petit-déjeuner sur la table de la salle à manger. Hortense et ses amis se font leur petit Noël à eux.

A l’étage, le sommeil s’est déjà installé dans les chambres. Les chats lissent leur pelage avant de s’endormir sur les fauteuils du salon, éclairés par le clignotement intermittent des guirlandes de Noël.

Assise sur le canapé, mon ordinateur sur les genoux, j’ai envie de partager ce moment fugace de plénitude. Malgré le temps qui s’emballe à l’approche des fêtes, Hortense a su se préserver un moment pour elle. Négocié de haute lutte. Je ne souhaitais pas tellement avoir la maison envahie par une bande d’ado dans la succession tourbillonnante des repas de fête et des derniers préparatifs de Noël.

La partie de Loup Garou bat son plein. Les matelas d’appoint sont gonflés. Couettes et oreillers sont entassés sur le dossier du petit canapé.

J’aime savoir qu’ils se sentent bien. Je profite à fond de ces dernières années où la maison vibre de leurs éclats de rire.

15 ans, des bougies et du vert plein la vie

Les yeux levés vers son mètre soixante-dix-sept, j’oubliais souvent qu’elle n’avait que quatorze ans. Seules ses joues encore pouponnes et quelques mimiques enfantines rappellent le bébé potelé, la petite fille mutine, la pré-ado taquine.

Enfin, son âge correspond un peu plus à sa morphologie. Quinze ans à la voir grandir et s’épanouir. Exubérante et secrète. Touchante et agaçante. Tendre et tranchante. Calme et bouillonnante. Brillante et fatigante. On ne s’ennuie jamais avec Hortense.

Elle ne se lasse pas de plonger avec bouteille et détendeur, gratte sa guitare avec ardeur, se déploie sur le terrain de volley, détente élastique face au filet. Elle mélange les genres avec ses ami.es., craque pour ce garçon qu’elle retrouve à la sortie du lycée et avec qui elle partage des clémentines sur la table de la cuisine.

Cette année, son anniversaire est tombé un lundi. Journée étrange qui commence tôt et s’étire tard dans la nuit pluvieuse, comme un long poignard pénétrant les brumes balbutiantes de cette nouvelle semaine. J’ai semé des bougies tout au long de la journée pour éclairer les yeux gonflés de fatigue. Une sur le croissant frais du petit déjeuner. Quinze sur le gâteau au chocolat du dîner.

Bientôt les premières heures de conduite. Et le bac qui se profile à l’horizon ! Dessins préparatoires de l’indépendance qui gardent encore l’empreinte des couleurs de l’enfance.

Si le tableau se peint encore un peu avec elle, Hortense maîtrise de mieux en mieux ses pinceaux. Et moi, j’aime regarder la façon dont elle colore sa vie. Avec une dominante de vert, couleur de vie et d’espoir. Sa couleur préférée.

Première neige

Alerte orange pour flocons blancs. La neige s’est invitée ce matin sans un bruit. Elle est restée jusqu’au soir. Sur l’autoroute, on roulait au pas. Dans les rues, les boules de neige fusaient.

Eglantine m’a envoyé cette photo en fin de journée. Le chemin qui mène à sa résidence étudiante a des airs de village endormi alors que la couleur du ciel, avec la lumière chaude du lampadaire, rappelle les vibrations d’un tableau de Van Gogh.

Beauté des premières neiges.

Orsay à la tombée de la nuit, @Eglantine

Ode aux vieilles amitiés

Le temps a l’art de patiner les vieilles amitiés. On polit les souvenirs à force de se les raconter. Vestiges chargés de la magie d’un sablier qui s’écoule éternellement. Reliefs de nos vies multiples, les amitiés profondes s’écrivent sans mots, se disent sans voix, se retrouvent sans âge. Gravures délicates, elles teintent nos présents et colorent nos avenirs, réels ou rêvés. Elles laissent dans leur sillage des impressions durables qui ressurgissent au gré des retrouvailles.

Il y a cette amie rencontrée à l’adolescence. Maisons voisines. Son rire était un phare dans la nuit des déceptions paternelles. Puis le monde a distendu nos concordes, nos vies s’échappant chacune dans des pays et des continents différents. Nous séparant parfois plusieurs années. Pourtant, au matin de notre demi-siècle, nous gloussons toujours comme si nous avions seize ans.

Il y a cette amie connue dans les couloirs de l’université et les salles enfumées des cafés parisiens. Elle diffuse toujours le parfum des soirées festives et les week-ends sans sommeil, les illusions et les désenchantements de nos vingt ans. L’âge de nos enfants aujourd’hui.

Il y a cette amie découverte dans l’open-space impersonnel d’une grosse société. Elle continue de faire vibrer le monde aux couleurs de ses rêves, tourbillon d’énergie, de musique et de danse dans lequel il fait bon s’engouffrer quand le temps marque une pause dans les sillons de nos vies.

Il y a cette amie cueillie entre deux mers, les paroles échangées sur les bords du Bosphore et de la mer de Marmara, le pinceau du temps qui teinte toujours notre amitié du bleu pétillant de ses yeux alors que nos rides dessinent les résurgences de nos souvenirs communs.

L’eau sous les ponts n’oxyde pas ces amitiés sculptées telles un silex préhistorique, les préservant de la rouille délicate qui effrite inévitablement la plupart de nos rencontres. Elles parsèment la morsure des années d’une multitude d’étoiles, impressions célestes de nos mémoires.

Image par Jörg Peter de Pixabay

La longue route de l’adolescence

Je ne me lasse pas de regarder cette vidéo (trop de visages, je ne la diffuserai pas ici), captée à la fin des vacances alors qu’Hortense avait retrouvé ses ami·es scout·es. Détendue, souriante, enjouée, elle rayonne, riant, chantant et dansant avec les autres chemises rouges lors du retour-photo des camps de l’été. Il y a les copines de toujours. Celle avec qui elle était à la maternelle et celle qui partageait ses cours de GRS à l’école primaire. Il y a les nouveaux copains. Celui qu’elle considère comme son reflet masculin, même taille, même humour, même énergie. Celui qui fait battre son cœur plus vite que les ailes d’un colibri et dont on a beaucoup entendu parler ces dernières semaines. Et celui qui, justement, les a aidés à se rapprocher, à prendre des risques, à se déclarer.

Qu’il est difficile d’apprivoiser ses sentiments quand on quinze ans ou presque. Sueurs et frémissements, entre gêne et grands engouements, alors que les hormones font des loopings délirants, montagnes russes des émotions.  J’avais oublié l’intensité de ces premiers émois.

Bonheur de voir Hortense sereine et heureuse face à cette vie qui se dessine par touches impressionnistes. S’épanouir dans la plongée. Se révéler au volley. Fleurir au lycée. Chatoyer en grattant sa guitare. Profiter des vacances en famille dans son pays natal. Vibrer avec les scouts. Éprouver de nouveaux sentiments. Se confier tranquillement. Bâtir cet univers qui lui est propre, ouvert sur les autres, légèrement décalé, pleinement assumé.

Être dans dans son monde mais avec les autres.
Beach-volley en Turquie.
Merci tante Élise pour la photo !

Elle ne crie pas, elle ne boude pas, elle laisse glisser. Souvent silencieuse avec les adultes, elle sait toutefois se faire entendre quand un mal-être s’installe. Elle choisit les chemins détournés, il faut savoir lire les signes, entendre les échos, les bruissements et les murmures. Nous l’avons éprouvé d’une autre manière avec Églantine. Alors nous restons à l’écoute, entre vigilance et bienveillance, posant des bornes qui peuvent accueillir quelques herbes sauvages, propices à une pause sur la longue route de l’adolescence.

Pas cette interminable ligne droite de l’autoroute. Plutôt les virages sinueux de la montagne avec ses cailloux, de belles pentes et des cols compliqués. Mais les rêveries nivéales en hiver, les éclats colorés du printemps, l’ombre rafraîchissante des arbres en été, les moirures mélancoliques de l’automne.

Accompagner l’adolescence, c’est faire de la place à une altérité intime qui rebat chaque jour les cartes de nos propres certitudes. Un beau voyage.

La longue route de l'adolescence
Image par Pexels de Pixabay

Les pêcheurs du Bosphore

Sur les bords du Bosphore, une forêt d’hommes étire ses longues cannes à pêche flexibles au-dessus des eaux scintillantes. Derrière eux, des seaux sont suspendus à autant de trépieds où poser leur gaule le temps d’une pause. Buissons à trois pieds en lisière de ce monde à part.

Pêcheurs dans l’ombre d’Anadolu Hisarı

Ils sont déjà nombreux, au matin, quand les rayons du soleil rasent les toits endormis de la ville. Ils arrivent par petites grappes sur la rive asiatique de la ville à cheval sur deux continents, cigarette à la bouche, matériel soigneusement plié dans des sacs similaires à ceux des tireurs, habillés de noir, bottes en caoutchouc. Leurs silhouettes dessinent un théâtre d’ombre dans le contre-jour d’une percée sur le Bosphore, entre les murs épais d’une antique forteresse et ceux en bois des yalı, ces maisons traditionnelles qui colorent les rives d’Istanbul. 

Les yalı le long du Bosphore

Les chats attendent non loin, faussement désinvoltes, prêts à saisir un poisson. Comme ce félin réfugié dans le jardin d’une mosquée, conservant fermement sa prise dans sa gueule, alors qu’une poignée de congénères le poursuit. Les flâneurs du dimanche, amusés et curieux, observent la scène. Réussira-t-il à garder pour lui seul son énorme poisson ? 

Tout comme les chats, sur ces quais de la rive européenne d’Istanbul, les pêcheurs ne prêtent aucune attention à la foule déambulant entre les restaurants huppés et les petits cafés de quartier. Bercés par l’incessant clapotis des vagues, leurs regards se perdent dans le ballet des bateaux. Coques de noix des petits pêcheurs, bateaux taxi, yachts luxueux, vapör (bateaux-bus) et autres embarcations dessinent des trajectoires aléatoires alors que les immenses carcasses de métal des cargos gardent le cap en direction de la mer Noire ou de celle de Marmara. 

Vue sur le Bosphore depuis Bebek, rive européenne

Un pêcheur remonte sa ligne. Mouvement souple du moulinet à la mécanique impeccable. Il dépose trois reflets d’argent dans son seau avant de relancer sa ligne d’un geste ample. Derrière lui, la ville vibre des klaxons des voitures et du brouhaha de la foule, de la musique des cafés et du chant d’un guitariste de rue. Pour lui, ce sera friture au prochain repas.