Le tee-shirt doudou et le gâteau

Je me réveille. Il fait encore nuit. Je suis en forme. Quelle heure est-il ? J’allume mon portable. 4h50. Aouch. C’est mort pour me rendormir. Je pourrais jouer au solitaire sur mon écran en basse luminosité, dans la chaleur confortable du lit. Et me bousiller les yeux dès le matin, avec mal de crâne assuré dès 10h.

Je pourrais descendre et m’allonger dans le canapé confortable, une couverture sur les pieds, un livre dans les mains. Mais j’ai peur d’avoir ensuite du mal à sortir de ma lecture quand viendra l’heure de se lever pour de bon.

Je descends encore d’un cran et me faufile à travers la maison jusqu’au sous-sol. Un monstrueux tas de vêtements occupe tout le petit canapé. J’ai vidé machine sur machine, sans même prendre le temps de mettre les vêtements à plat. Ça fait du volume.

Arg la charge mentale ! Je me lève à 5h du mat’, et j’atterris devant ma table à repasser ?!

Oui, mais non. Parce que je me mets un podcast. En l’occurrence, ce matin, je me suis régalée avec Popopop d’Antoine de Caunes. Je ne connaissais pas. Je me suis abonnée.

Parce que le repassage, c’est chiant. Soyons claires. Et un peu vulgaire au passage. Oui. Mais c’est parce que vraiment, le repassage, je déteste. J’en connais qui font ça tranquillou en regardant la télé. Moi je ne peux qu’avec des séries débiles. Sinon, suivre un film en ne faisant pas un pli, je n’y arrive pas.

Mais en ce moment, j’ai pas envie de séries débiles. Et puis le wifi ne capte pas très bien dans le sous-sol, alors ça coupe tout le temps. Frustrant.

Mais le wifi, il capte assez pour les podcasts. Du coup, quand je repasse, je me cultive. C’est beau comme une plante qui pousse non ? Ou l’art de mettre du rêve dans le quotidien.

Alors, quand je tombe sur un vieux tee-shirt d’une équipe universitaire de 94 (waow, le siècle dernier !), tout élimé et troué, mais qui revient inlassablement dans les lessives, j’ai un coup de tendritude (une sorte de tendresse attitude).

Ce tee-shirt, je le connais depuis que je connais mon homme. Il en a quelques-uns comme ça. De l’époque où il n’avait pas les chevilles usées et le dos en compote, quand il jouait encore au volley du haut de son mètre quatre-vingt-treize.

J’ai essayé plusieurs fois de les jeter au cours de nos pérégrinations à travers le monde. Puis j’ai compris. Ce sont des tee-shirts doudous. De ces petites choses qui font du bien. Et qu’on garde à travers le temps et l’érosion du quotidien.

Ces tee-shirts, c’est la douce nostalgie d’un autre temps. Un bout de jeunesse. Presque d’enfance. Comme ce gâteau que mon cher Grand Arbre dispute à ses filles au petit déjeuner. Ça tombe bien, ce matin j’ai le temps (de l’art de tomber du lit). J’en refais un vite fait, pour le goûter des filles. Et pour ce petit plaisir gourmand ce soir, quand mon homme rentrera à la maison.

Quoi la charge mentale ? Notre couple est clairement déséquilibré sur les tâches ménagères. Certes. Mais franchement complémentaire au final. Et ça, c’est plus précieux que les chaussettes sales et les vieux tee-shirts.

C’est la couplitude 😉

« Regarde les lumières mon amour »

Rien que le titre déjà, j’adore. Je n’avais encore jamais lu un livre d’Annie Ernaux. Quand je suis tombée sur celui-ci à ma médiathèque, avec un cœur de bibliothécaire collé à côté du titre, je me suis précipitée sur la quatrième de couverture.

Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l’hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne. « Voir pour écrire, c’est voir autrement », écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. avec ce relevé libre de sensations et d’observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.

Un livre sur un hypermarché ! Voilà de quoi décomplexer l’écriture. Une source d’inspiration pour ces petites choses de tous les jours qui me font moi-même vibrer.

Autant vous dire que depuis que j’ai terminé cet ouvrage, moi qui aime déjà faire virevolter le quotidien, je ne regarde plus l’infini des rayons de mon supermarché de la même manière.

J’aurais même une anecdote à ajouter au journal d’Annie Ernaux. Peut-être parce que, justement, je regarde mon hypermarché plus intensément. Ou simple hasard, je ne sais pas. Rayon chocolat bio, un homme me demande conseil. Je prends toujours le même, un lait aux noisettes, que toute la famille aime.

Ah, vous êtes mariée… Quel rapport avec le chocolat ? En fait le type me drague. Moi, avec ma grosse doudoune noire, mes grandes bottes, mes cheveux gris, mes formes maternelles et mon caddie de ménagère de moins de 50 ans (encore un peu).

Je pense à Annie Ernaux. Elle n’a pas noté ce genre d’aventure dans son livre.

Le type insiste. Il s’appelle Nicolas. Je reste ferme, mais flattée, j’avoue.

Je repars vers les yaourts. Il repose sa plaquette de chocolat.

Peut-être que de regarder les choses avec plus d’intensité fait émaner une lumière particulière. Par-delà les manteaux d’hiver, les pattes d’oie aux coins des yeux et les néons blafards.

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Regarde les lumières mon amour, Annie Ernaux, chez Seuil, collection Raconter la vie, mars 2014

Repos

Repos. Tel a été le mot d’ordre du weekend. Pas de course contre la montre pour enchaîner les activités. Pas de soirée, pas de nocturne. Juste un déjeuner chez des amis, un dimanche avec vue sur les toits de Paris, le ciel gris et la pluie. Le regard qui se perd dans le lointain quand soudain la discussion reprend son souffle, traîne dans les pensées de chacun, puis se ranime, se ravive, croisant à nouveaux ses feux d’un bout à l’autre de la table, dans la quiétude chaleureuse d’un appartement parisien.

Désolée maman, mais là, je lis

Dans notre maison, on trouve du papier partout. Livres, magazines, journaux, BD, dessins, carnets… J’avoue, ça vient un peu (beaucoup ?) de moi. Le papier me rassure. Il m’entoure, bienveillant, gardant les nouvelles jusqu’au moment où je suis prête à les lire. Accueillant mes pensées, fixant les paroles entendues, les moments fugaces.

Mon grand plaisir est de voir que les filles ont attrapé mon virus. Loin de leur faire peur, les livres les accompagnent. Ils se baladent dans la maison, traînent aux pieds de leurs lits, sont oubliés sur le canapé, s’entassent avec les magazines sur la table basse.

Elles attendent d’ailleurs avec impatience l’arrivée de ces derniers. Elles sont abonnées chacune à des magazines différents, mais les échangent malgré la différence d’âge. Petit Oiseau se jette avec délectation sur l’Astrapi de sa cadette. Et Petit Chat dévore goulûment les J’aime Lire Max destinés aux pré-ados.

Petit Chat croque les BD, Petit Oiseau engloutit les romans de fantasy. Leur magasin préféré ? La librairie ! Elles s’y sentent à l’aise et y vont régulièrement toutes seules. Elle est juste au bout de la rue. Et quand je rentre un soir avec Dans la combi de Thomas Pesquet, la dernière BD de Marion Montaigne (l’autrice de Tu mourras moins bête sur Arte), elle est immédiatement confisquée par une petite lectrice gourmande.

Alors ce matin, quand je m’adresse à Petit Chat, elle me répond, plongée dans un magazine :

« Désolée maman, mais là, je lis. »

Bouffée de tendresse…

La mort du livre et de l’écrit ne passera pas par chez nous.

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Quand une séance de repassage dans le sous-sol s’accompagne d’une pause lecture entre les chaussettes et les torchons.

 

PS (on peut ajouter un post-scriptum à un billet de blog n’est-ce pas ?) : non, le papier ne s’oppose pas au numérique. Nous avons également beaucoup d’écrans à la maison, et tout cela cohabite très bien. L’iPad ne tue pas le papier. Les dessins-animés n’enterrent pas les livres. La diversité est notre richesse.

 

 

 

Paysages intérieurs

Place d’Italie sous la pluie. Théâtre 13eme Art dans le centre commercial. Une sortie en famille, un spectacle mélangeant danse et marionnettes. Quelques images glanées sur internet et des critiques enthousiastes avaient titillées mon envie de découverte, à partager avec mon Happy Family. Paysages intérieurs, de Philippe Gentry.

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Pour moi, une porte ouverte sur l’imaginaire, une vie symbolique, entre rêves et cauchemars, entre peurs et désirs. A la recherche de soi dans un temps suspendu, sa jeunesse, son adolescence, sa part de féminité, de masculinité, l’attirance sexuelle, l’amour, le rapport aux autres et à soi, la violence, la guerre, l’identité…

Mais pour Grand Arbre et Petit Oiseau, un spectacle hermétique. Une succession de scènes sans discernement, sans but et sans plaisir. Où même la volupté et la magie de la mise en scène ne lèvent pas l’incompréhension et la lassitude. Oui, disons-le clairement, ils se sont copieusement emmerdés.

Petit Chat, elle, avait gagné mes genoux et tentaient au creux de mon oreille d’obtenir un semblant d’explication. J’ai pu partager un peu de mes sentiments, lui exprimer ce que je voyais. Termes laconiques chuchotés rapidement. Aussi compliqué que de raconter un rêve alors que déjà il s’évapore.

Pour moi, il suffisait de se laissait porter par les illusions, les images et les couleurs. La rêverie quoi.

« Moi, maman, j’ai trouvé que c’était plutôt un cauchemar… »

Debrief dans le métro au retour. Non décidément, ils n’avaient pas vu la même chose que moi. Ah si, la marionnette au début, c’était drôle.

Mais le meilleur souvenir des filles restera ce jeune homme avec un gros casque sur les oreilles sur la partie aérienne de la ligne 6 direction Nation. Il chantait à tue-tête un tube de Michel Berger :

« Si tu crois un jour que tu m’aimes

Si un jour tu as de la peine

La la la la la la

Pense à moi »

Peut-être qu’avec la musique dans les oreilles ça sonnait juste. Pour nous c’était assez dissonant. Mais les sourires des gens dans la rame, plus que moqueurs, étaient bienveillants, envers celui qui oubliait le monde autour de lui pour chanter comme sous sa douche.

Pour le coup, lui, il était à fond dans ses paysages intérieurs !

Une feel-good Normandie sur fond de drame social

Philippe Le Guay est venu spécialement au Select présenter son dernier film Normandie Nue. La bande annonce promettait un bon moment de divertissement. Tout un village normand à poil, allaient-ils vraiment oser ?

Le pitch

Dans le village du Mêle sur Sarthe, le vegan n’est pas au goût du jour. Les éleveurs sont pris à la gorge par les prix de la viande, toujours plus bas. Le maire (François Cluzet) se bat pour sensibiliser la France et son gouvernement aux difficultés de ses administrés.

Quand un célèbre photographe propose de faire poser le village nu, il y voit une façon de faire un buzz médiatique. Mais il va devoir convaincre !

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On rit bien

Ne soyons pas bégueules, on rit bien avec Normandie Nue. La photo est l’occasion de révéler les vieilles querelles, les belles amitiés et les petites lâchetés ordinaires.

François Cluzet est fabuleux en meneur d’hommes, impliqué mais simple et généreux.

Toby Jones, le photographe américain, est complètement perché. Il ne voit rien d’autre que le concept de sa photo, passant à côté des gens. S’il veut les mettre nus, ce n’est que physiquement. Il ne fait preuve d’aucune psychologie. Il ne voit que son art.

Et Grégory Gadebois donne du corps au boucher maladivement jaloux.

 

Mais…

Ben oui, il y a un mais. Car au-delà du rire, il ne ressort pas grand-chose du film. Du sort des villageois on ne saura rien. Le drame social ne sert finalement que de trame de fond.

Les méchants Allemands et les affreux Roumains sont seuls désignés coupables de cette situation. Car il faut bien un coupable, tout désigné dans cet autre lointain et mal connu.

Le Parisien fraîchement installé dans son trip « Retour à la terre » n’apporte rien. On se demande même ce qu’il peut bien faire là.

Peut-être à faire le pendant au jeune du pays parti à Paris, mais qui décide finalement de revenir. Et de rester. Alors que le Parisien en mal de béton s’envolera finalement en hélicoptère.

Mais comment ne pas penser alors à La ballade des gens qui sont nés quelque part de Brassens.

« C’est vrai qu’ils sont plaisants, tous ces petits villages,

Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités

Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages,

Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités.

Et c’est d’être habités par des gens qui regardent

Le reste avec mépris du haut de leurs remparts, »

 

Alors, faut-il se mettre nus pour faire parler de soi ?

Avec Normandie Nue, passé l’instant qui fait rire, il ne reste pas grand chose qu’un arrière-goût de chauvinisme basique. Pourtant l’idée de départ était plutôt alléchante : traiter du sort des agriculteurs. Ceux qui nous nourrissent encore et toujours, à l’heure du 2.0. Alors qu’on paye une fortune pour un téléphone mais où la nourriture doit être toujours moins chère.

 

Une très belle Normandie !

A défaut de rester dans les mémoires et de lancer une réflexion, le film de Philippe Le Guay présente une très belle Normandie. Et puis, un feel-good movie, finalement, on ne va pas le voir pour se prendre la tête…

En cuisine pour le 4H

Alors que je pousse le portail de la maison, Petit Oiseau déboule derrière moi, juchée sur sa trottinette. Elle est allée chercher des œufs. Car sa sœur et elles ont pris possession de la cuisine pour un goûter fait maison.

Tout le plan de travail est occupé. De nombreux bols et saladiers sont sortis. Le pot de sucre est ouvert. Ses grains se mêlent à la poudre de la farine ici et là. Petit Chat manie le fouet d’une main ferme. A côté d’elle, Petit Oiseau travaille sa pâte sablée.

Elles sont heureuses. Elles partagent leurs rires, s’entraident et s’appliquent. D’elles, je ne vois que leurs dos affairés. Je donne un coup demain pour retirer les derniers grumeaux.

Dessert, petit-déjeuner et goûter du lendemain, nous sommes parés.

Vive le 4H en cuisine !

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Ar-men, fantômes de la mer

Ar-men.

Presqu’une formule magique. Ou un personnage de légende. Et en quelque sorte, on n’en est pas très loin. Ar-men est le premier phare en mer jamais construit. Le dessinateur breton Emmanuel Lepage prend pour la première fois son pays natal comme décor. On sort de la lecture d’Ar-men avec des embruns dans les cheveux.

La bande-dessinée se fait fresque. Aussi bien par les couleurs que par le récit. Ou plutôt les récits. Car plusieurs époques s’imbriquent. Des légendes aussi. Chacune a son propre univers graphique. Et ses propres fantômes, ceux qui poursuivent les hommes la nuit, ceux qui nourrissent les mythes, ceux qui tiennent chaud lors des longues journées de gardiens coupés du monde quand le phare affronte la tempête, ceux qui comblent les solitudes.

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Emmanuel Lepage aurait pu se noyer sous la tâche. Quel défi de faire revivre le quotidien de ce phare avant qu’il ne soit automatisé, tout en retraçant son histoire, sans se perdre dans le documentarisme. Notamment concernant la construction sur une roche balayée par les vagues qui n’affleurait qu’aux grandes marées. Elle aura nécessité plusieurs années et plusieurs ingénieurs.

On s’attache à tous les personnages, dont le principal, Ar-men, fantôme au milieu de la mer, qui attire les solitudes des regards perdus sur le lointain.

L’enfer des enfers est le surnom que lui ont donné les hommes. Concentré d’espoirs, de peurs, et défis entre l’homme et la nature.

Mon premier foie gras

Cette année, j’ai décidé de faire mon foie gras. Les recettes sont nombreuses, et chacun a un peu sa technique. Moi j’ai choisi de suivre celle de mon Thermomix. Mais, pour cette fois, je ne suis pas certaine que l’appareil ait une réelle valeur ajoutée, puisqu’il ne sert que de cuit-vapeur.

J’ai pris un foie gras déveiné surgelé chez Picard. Oui, c’est sûr, avec un bon foie gras de producteur, ce doit être encore meilleur. Mais je n’avais ni le temps, ni l’envie d’en chercher. Et puis Picard, c’est à 10 minutes à pied de chez moi.

Je laisse décongeler le foie gras. Quand il a retrouvé sa souplesse, je verse deux cuillères à soupe de cognac d’un côté. J’ajoute du sel, du poivre et des épices à pain d’épice. Je laisse mariner pendant une demi-heure. Puis je retourne le foie gras. Et je fais la même chose de l’autre côté.

J’enroule ensuite le foie gras dans une première feuille de cellophane de cuisine. Puis une deuxième. Et ainsi de suite jusqu’à la quatrième et dernière feuille. A chaque fois, j’en profite pour bien serrer le foie gras et chasser l’air. Puis je ferme les extrémités.

Mon foie gras ainsi emmailloté ressemble à un crackers de Noël. Je verse de l’eau dans le bol du Thermomix et place mon foie gras dans le Varoma. Je le cuis ensuite 12 minutes, sur Varoma, à vitesse 2.

C’est là que, pour ceux qui n’ont pas de Thermomix, il suffit à mon avis de le faire cuire à la vapeur le même temps. Mais, je n’ai pas testé moi-même.

Ensuite, je retourne le foie gras. Et je le remets à cuire 12 minutes.

Une fois le temps de cuisson écoulé, mon foie gras semble tout mou et presque liquide. C’est la graisse fondue qui donne cette impression. Je renforce maintenant la fermeture des extrémités de ma papillote avec des pinces pour sachet.

Ainsi, je suis certaine que mon foie gras reste bien hermétique quand je le plonge dans le saladier d’eau froide qui va le refroidir. J’y ajoute des glaçons pour encore plus d’efficacité. Mais ça marche aussi très bien sans glaçons, surtout en hiver, quand l’eau du robinet est vraiment très froide…

Au bout de 30 minutes, le foie gras a suffisamment refroidi pour que je le mette au frigo. La recette préconise d’attendre trois jours avant de le manger. Cependant, je m’ysuis prise un peu tard. Et nous l’avons apprécié dans les 24 heures… Succès unanime !

Le foie gras a du goût, il fond en bouche, et se présente en tranches bien rondes puisqu’il a été roulé comme une saucisse. Du beau et du bon. Je recommencerai l’année prochaine !

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Pastel émoi

19h, les grandes portes en verre et fer forgé du Petit Palais s’ouvrent pour une visite privée de l’exposition « L’art du pastel, de Degas à Redon ». Rien de mieux pour lutter contre la grisaille hivernale que la matière brute du pastel, capable de faire vibrer les couleurs avec éclat. Pastel émoi, douceur et volupté.

Pastel émoi

Pour être honnête, l’exposition aurait pu titrer « de Vigée Lebrun à Redon ». Car au-delà du fait que les premières œuvres de l’exposition datent du XVIIIe siècle, ça aurait permis de mettre plus en avant les artistes féminines pourtant bien présentes dans la sélection de pastels du Petit Palais.

D’autant que la première œuvre qui m’a touchée est ce petit portrait de Vigée-Lebrun, La Princesse de Radziwill, que l’on aperçoit dès l’entrée de l’expo. Nous sommes dans le siècle d’or des pastellistes. Les portraits sont aristocratiques. Boucles des coiffures, richesse des tissus, carnation des visages, le pastel permet de rendre l’instantanéité du portrait. Avec plus de 1650 nuances, la couleur se dépose immédiatement sur le papier, sans temps de séchage comme pour la peinture à l’huile.

Avec la Révolution Française, le portrait au pastel tombe en désamour au rythme des têtes couronnées sous la guillotine. Il reste désormais réservé aux bouquets de fleurs peint par les jeunes filles de bonne famille et aux esquisses de peintre. Ce n’est qu’avec le XIXe siècle et la naissance du réalisme que le pastel revient par la grande porte.

Il flatte alors surtout les élites bourgeoises, les fameux mondains, qui veulent se faire tirer le portrait à moindre frais. Pour faire simple, on pourrait dire qu’il est le selfie de l’époque. Se montrer et être vu, dans un halo de douceur et de texture. Instagram n’a rien inventé. Chapeau Huit Reflet, effets de dentelles et de plumes, détails éclatants, les portraits ont un aspect presque photographique.

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On arrive là à l’œuvre qui m’a le plus touchée, Sur le Sable de la dune de Pierre Carrier-Belleuse (1896). Une femme nue allongée sur le sable, un ton sur ton presque duveteux, un téton qui attirerait de nos jours les foudres de la censure sur Facebook, petite maille rose lovée dans le nid du bras. Et, enfin, la chevelure noire, dense, dans laquelle s’accroche la lumière, point d’amarre dans le flot de poudre claire. J’étais subjuguée.

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Au XIXè, les impressionnistes trouvent dans le pastel le moyen de leurs envies. Ne nécessitant ni eau, ni toile, ni temps de séchage, le pastel leur permet de sortir facilement des ateliers et de transcrire leurs impressions immédiatement sur le papier. Le trait se fait couleur, la couleur se fait trait, la poudre frissonne dans les feuillages.

La seule partie à laquelle j’ai moins adhéré est celle des symbolistes, avec le fameux Redon.

Par contre, quel enthousiasme devant les couleurs en camaïeux d’ocres de Lévy-Dhurmer ! Cet admirateur de Beethoveni a su faire vibrer la musique dans ses harmonieuses saillies de couleurs.

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Vous l’avez compris, le pastel, ce n’est pas de la poudre aux yeux !