La montagne est devenue un rituel de nos étés. Nature et partage. Douceur de vivre et récompense après l’effort donnent une autre saveur aux vacances.
Septembre commence dans le clapotis des ondées alors que la chaleur a étouffé l’été tel un boa acharné sur sa proie. Nous, nous nous sommes évadés auprès des edelweiss, picorant myrtilles et framboises au bord des chemins, les cailloux roulant sous nos pieds – ou inversement –. Nos regards enjambaient les vallées, gambadaient de sommet en sommet, s’accrochaient aux ailes colorées des papillons, aux voiles gonflées des parapentes, au vol silencieux d’un planeur.
Le cœur qui bat fort, les muscles qui tirent, les poumons qui s’essoufflent. Et là-haut cet air frais, s’enrouler dans la polaire, casser la coquille d’un œuf dur, laisser couler le jus d’une pêche entre ses doigts. Murmure d’un ruisseau, scintillement d’un lac, tumulte d’une cascade sous l’azur où courent quelques filaments nuageux.
Le sifflement d’une marmotte et nos yeux fouillent la montagne. On s’arrête un instant. La tête dressée guette le moindre mouvement, disparaissant dans le sol si le danger se rapproche.
En haut de la montagne, une navigatrice a troqué son bateau pour saisir l’écume des montagnes. Peindre à l’encre de chine avec les plantes des alpages. Imprimer le brisant d’une crête dans la brume matinale. Elle accueille nos gestes hésitants dans un sourire bienveillant et partage cet art de la sérigraphie qu’elle maîtrise avec douceur.
On croque des croquants, on savoure des glaces au pied des glaciers fondus, on découvre le goût de la livèche et on retrouve celui de la reine des prés. On dîne dans des gastros. On partage des apéros. Les assiettes se multiplient autour de la table. On chante des histoires de champignons. On joue à mimer un nénuphar.
Les soirées s’étirent alors que le soleil se couche. Puis la lune se lève et les ombres escarpées accueillent nos rêveries silencieuses. Enfin, les brumes matinales estompent nos indécisions. Dans la lumière ardente, les cimes dentelées sont les mâchoires redoutables d’animaux fantastiques. Que ressent le krill face à la baleine ?
20 fêtes pour les 20 ans d’Eglantine. La surprise organisée par sa chorale est un condensé d’émotions.
Début juin, Eglantine a eu vingt ans.
L’âge de tous les possibles. Premier appart (même si c’est dans une résidence du CROUS sur son campus). Premiers choix décisifs. Tian de légumes ou tarte à la tomate pour dîner ? Plus sérieusement, elle réfléchit déjà à son envie d’entreprendre une thèse et commence à sortir le sujet du flou des possibles. Elle a encore le temps pour éclaircir tout ça, mais l’idée est là.
Eglantine a eu vingt ans et nous n’avons pas organisé de grosse fête. Elle était en stage. Donc très fatiguée. Puis sa sœur partait à son tour faire un stage, à l’étranger, puis en vacances, puis en camp scout. Trouver une date, avec tout le monde, à un moment où Eglantine ne serait pas trop fatiguée, s’annonçait compliqué. Nous avons donc choisi une autre formule (copiée parmi les excellentes idées de notre ami Henri).
Vingt fêtes pour les vingt ans.
Un an pour vingt éclats de joie, vingt confettis de célébrations.
Un an de fêtes en pointillés en fonction des disponibilités de chacun. Un anniversaire au long court plutôt qu’un gros raout.
Avec la famille. Avec les amis de toujours. Avec les amis d’aujourd’hui. A la maison, à la fac, au restau, ou en tournée.
Car si Eglantine s’épanouie dans sa nouvelle vie d’étudiante, une rencontre a plus particulièrement marqué cette année, sa chorale. Elle les a rejoint à la fin du mois d’avril. Ce fût comme une évidence, une pièce de puzzle qui s’emboîte parfaitement. Elle y a immédiatement trouvé sa place. Et n’a pas hésité une seconde à partir en tournée avec eux en juillet au lieu de faire la véloscénie avec sa mère comme prévu (Paris-Le mont Saint-Michel à vélo).
Cette chorale est celle de son campus. Une bande d’étudiants (plutôt des doctorants), d’enseignants et de chercheurs. Un gang de joyeux scientifiques qui aiment chanter et rire, et dont le principal méfait consiste à détourner des chansons.
Comme Eglantine, cette chorale a vingt ans. Alors, quand je leur ai écrit pour leur demander de participer aux vingt anniversaires d’Eglantine, ils ont rajouté deux couplets à la chanson qu’ils travaillaient en secret pour leur chef de chœur.
Samedi soir, elle a chanté la chanson des vingt ans avec les autres. Une guitare, une trentaine de chanteurs, une terrasse éclairée de guirlandes d’ampoules, la surprise enjouée du chef de chœur et, à la fin du dernier couplet, un signe de tête, une main levée, la chanson continue.
On a eu la vidéo de l’émotion d’Eglantine quand elle découvre que ces derniers couplets sont pour elle. Elle est touchante notre louloute de vingt ans. Elle est heureuse. Elle trace sa route sans nous. Pas trop loin de nous quand même, après toutes ces années à galérer ensemble, il faut nous ménager, nous rassurer.
D’ailleurs, trop heureux de la voir à nouveau chanter, nous avons suivi sa chorale en Bretagne. Un week-end en amoureux dans la forêt de Brocéliande pour notre anniversaire de mariage (mais nos vingt ans à nous, ce sera l’année prochaine). Et un concert d’Eglantine dimanche, entre une fontaine magique et un miroir aux fées.
On nous a discrètement prévenu avant le début du concert, si on veut filmer, c’est à la fin. C’est une surprise. Eglantine n’est pas au courant. D’ailleurs, elle s’est échappée discrètement après ce qu’elle pensait être la dernière chanson, pour tenir le chapeau à la sortie de l’église.
Elle a dû revenir. Regardez.
J’ai coupé les images. Parce que contrôle par Eglantine de son identité numérique, parce que j’évite de diffuser le visage de mes filles. Mais vous avez l’ambiance et les paroles. Et le bonheur qui transpire dans cette petite église bretonne sous la chaleur écrasante de juillet.
Je ne m’en lasse pas.
Puis nous sommes repartis chacun de notre côté. La chorale, c’est son domaine, sa vie, sans nous. C’est nouveau, pour nous, de rester à l’écart. C’est normal pourtant. Eglantine a vingt ans. C’est beau, de voir qu’elle n’a plus besoin de nous (plus beaucoup en tout cas).
Cèdre, sureaux, pruniers, noisetiers et arbre de Judée étendent le bruissement de leur ombre sur la chaleur indolente du jardin. Jaafar et Hortense s’installent au cœur de la brise printanière. Les mélodies de leurs guitares se joignent aux babils, pépiements et autres chants d’oiseaux. La musique emplit l’air, s’envole en volutes pincées et accords caressés. Je jette un œil par la fenêtre ouverte et sourit du bonheur simple qui vibre dans les cordes, résonne dans la douceur du bois vernis.
Nonchalance ensoleillée d’un 1er mai à l’ombre du jardin.
C’est une journée où l’heure n’existe plus. Le soleil inonde la maison. On traîne dans le jardin. Le temps s’écoule dans une lenteur bonasse.
Les boulangeries sont fermées mais le marché foisonne de couleurs printanières. Le long des trottoirs ou entre deux étals, les marchands de muguet proposent leurs clochettes blanches serties de longues feuilles vertes. Ail rose. Céladon velouté des cosses de petits pois. Blettes originales aux camaïeux de jaunes orangés. Trames rouge et verte de la rhubarbe. Fraises écarlates.
Écheveau de blettes colorées
Glycines et lilas embaument les rues sucrées de soleil. Les robes sont légères. Les pieds déploient leurs orteils dans les sandales estivales précipitamment ressorties. Lunettes noires. Chapeaux de paille. La pâleur des peaux se dévoile, avide du premier hâle.
Barbecue. Déjeuner au soleil. Se balancer dans les hamacs sous une pluie de pétales. L’arbre de Judée quitte sa robe de fleurs. Son rose vif s’estompe dans des pastels mats clairsemés de feuilles. Le vent divague dans les feuillages. Les ombres dansent sur l’indolence des chats. Un rouge-gorge virevolte dans un noisetier. Le chien s’étire dans la pelouse flétrie par la chaleur soudaine. Le muguet a fleuri sous l’églantier.
Nous nous abandonnons à la légèreté insouciante d’un 1er mai qui s’étire doucement jusque dans la tiédeur de la nuit.
Hortense est revenue d’Égypte chargée de souvenirs colorés, à nageoires ou écailles, au goût de soleil et de sel.
Lumière pâle du petit matin. Le tube de Biafine est posé sur la table du salon. Le gros sac de plongée est éventré un peu plus loin. En sortent pêle-mêle des palmes bleu et noir, le néoprène épais de la combinaison de plongée et une petite robe de plage en coton blanc ajouré. Reliefs du magnifique séjour en Egypte d’Hortense.
Elle est partie avec son club de plongée. Des moniteurs expérimentés qui la connaissent depuis quatre ans, l’ont vu grandir et l’accompagnent dans ses passages de niveaux. Plongeur Bronze, Or, Niveau 1, PE40 (plongeur encadré 40 mètre) et la poussent pour qu’elle obtienne son Niveau 2 dès qu’elle aura 16 ans. L’âge minimum.
Pour elle, ça signifie beaucoup de calculs pour apprendre à plonger en autonomie (plein de maths !), préparer elle-même son brief, savoir gérer les paliers de décompressions. Les ordinateurs de plongée calculent désormais tout cela automatiquement. Mais on exige des plongeurs qu’ils comprennent ce que fait l’ordinateur. Pour Hortense, c’était donc des cours théoriques et des entraînements à l’examen tous les jours à 18h alors que les copains traînaient dans les hamacs.
Ils sont une bande de sept ado de 13 à 17 ans. Deux filles. La plongée reste encore beaucoup un sport de mecs. Mais ça s’ouvre. Le club d’Hortense, lui, compte de nombreuses femmes. Et quantité de jeunes puisqu’il est un des rares à les former dès l’âge de 8 ans. C’est majoritairement en famille que les plongeurs se sont retrouvés dans cet hôtel posé sur le sol aride du bord de la mer Rouge au nord de Marsa Alam.
Hortense a été adoptée le temps du séjour. Par Frédéric et Catherine pendant les trajets. Par Henri pour les plongées et par sa femme, Isabelle, quand la fatigue accumulée (enchaîner le FRAT et l’ Egypte, c’était intense) nécessitait du réconfort. Par Bernard le jour de la plongée « Familles ». L’occasion pour les parents et leurs enfants de plonger tous ensemble. Normalement, les palanquées sont constituées en fonction des niveaux.
J’ai cueilli Hortense à Roissy hier après-midi, glané quelques infos de Catherine et Frédéric avant de les déposer chez eux et butiné le téléphone d’Hortense pour découvrir les premières images de son séjour. Elle n’est pas équipée pour la photographie sous-marine. Mais d’autres plongeurs sont de véritables professionnels. Ces photos-là arriveront plus tard, après un petit travail d’édition. Heureusement, on peut compter sur les amateurs pour les clichés à chaud et quelques vidéos partagées sur leur groupe WhatsApp.
Hortense nous avait aussi envoyé quelques nouvelles pendant la semaine. En grandissant, elle apprend à prendre soin de ses parents… Le jour où elle a croisé des dauphins et des tortues, son enthousiasme était à son paroxysme. Frédéric m’a appris que c’est Hortense qui avait repéré ces gros reptiles marins. Je ne suis pas étonnée. Sous son allure désinvolte et son attention évanescente, elle a un sens de l’observation très aiguisé. Et une sensibilité délicate. Alors, comme les tortues, elle se protège d’une épaisse carapace.
Pour le moment, elle est plongée dans un profond sommeil réparateur. Une odeur de Monoï persiste devant sa chambre. Elle a posé un masque sur ses cheveux desséchés par le soleil et le sel avant de sombrer sous sa couette hier soir. Il y a des naufrages bienvenus.
Quand le printemps résonne des chants d’un oiseau qui s’était tu depuis trop longtemps.
Le jardin déploie depuis des semaines ses pastels fleuris et ses verts vifs. Les oiseaux envahissent le bruissement tendre des feuillages. Mais il en est un en particulier que nous sommes heureux de réentendre. Églantine a récemment rejoint une chorale sur son campus. A la maison pour les vacances, son chant tintinnabule sous la douche, murmure dans sa chambre, glisse dans l’escalier, volette en attendant le dîner.
Pinson printanier, mélodie d’un renouveau attendu depuis des années.
De la Maîtrise de son collège, Églantine a gardé l’art de déchiffrer les partitions, l’enthousiasme des chants sacré, le plaisir de la vibration des voix qui s’unissent, se répondent, se chevauchent. Elle a rapidement trouvé sa place dans cette chorale, plaçant les aigus de sa voix fluette dans le battement vital du groupe.
Ils ont voyagé toute la nuit. Sept trains affrétés spécialement pour le FRAT. 13 500 jeunes d’Île-de-France réunis pendant quatre jours à Lourdes pour célébrer Jésus et Marie. Ce dernier aspect est certainement celui qui touche le moins Hortense.
Mais quelle joie que cet incroyable rassemblement pour elle qui n’aime rien tant que la vie de troupe avec les scouts. Partie samedi soir. Revenue aujourd’hui au petit matin. Vivre avec ses amis, dans une ferveur fébrile. Chanter ensemble. Danser ensemble. Rire ensemble. Vibrer ensemble. Accumuler les souvenirs.
Et revenir les yeux creusés, la voix cassée, la chemise froissée. Nous avons glané quelques instantanés, des photos, des vidéos, des anecdotes vite racontées. Mais dire, c’est mettre de la distance avec ce qu’elle vit. Elle a envie de rester dans cette humeur flottante qui prolonge les instants merveilleux.
Plonger dans un bain. Se couler sous la couette. La tête baignée de ces moments qui n’appartiennent qu’à elle.
Elle grandit tellement vite. Que j’aime la voir s’épanouir.
Le bonnet, signe de reconnaissance de leur groupe, en plus de la chemise et du foulard.
Être autonome, paradoxalement, c’est aussi savoir accepter de l’aide. Mais c’est là que se trouve parfois la plus grande difficulté.
Autonome, adjectif emprunté du grec autonomos « qui est régi par ses propres lois » (Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey).
Maman a toujours accordé beaucoup d’importance à son autonomie. Si bien qu’elle s’enferme dans un imaginaire lointain où seul règne encore sa propre loi. Dans la réalité, elle a besoin d’aide.
L’obliger à regarder la matérialité de sa perte d’autonomie est d’une violence cruelle. La dépouiller de ses illusions, c’est comme réveiller un enfant qui dort d’un sommeil paisible et profond.
Heureusement, j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur des professionnelles d’une grande sensibilité et d’une efficacité dantesque : sa curatrice et la directrice de sa résidence autonomie.
Car l’autonomie, c’est aussi conserver un minimum de liberté de mouvement et de décision, quitte à accepter de l’aide. Accepter, s’en remettre à un autre que soi, lui donner un pouvoir qui semble perdu. Sentiment de laisser gagner la maladie alors que le déni dupe la perception. Le déni, drogue éphémère et fatale quand vient la chute.
Maman est sortie de l’hôpital et le combat s’annonce rude pour qu’elle accepte les aides dont elle a besoin. Pour qu’elle garde le plus longtemps possible une certaine autonomie, même relative, relayée, étayée. Qu’elle reste dans cet appartement douillet en face du clocher de l’église qui rappelle une place de village, à regarder passer les saisons dans les frondaisons des arbres qui entourent la résidence.
Un lieu où on la serre dans les bras quand elle revient de deux mois de soins. Un lieu où elle peut choisir de s’isoler dans son cocon ou de partager un moment chaleureux. Un lieu dont l’âme enveloppe de liberté les petites et grandes défaillances de ses résidents.
Ce soir, j’en ai gros sur le cœur. Je suis fatiguée. De répéter. D’alerter. D’effrayer. Pour que maman conserve encore longtemps cette autonomie qui se désagrège dans sa maladie. D’étayer sa vie au milieu de courants contraires.
Certaines journées sont plus lourdes que d’autres.
Et Hortense se met au piano.
La mélodie allège l’atmosphère. Les notes volent dans le salon, emplissent la maison. Le thème épique de Pirates des Caraïbes transforme les émotions pernicieuses en pensées légères. Je pourrais l’écouter jouer toute la nuit.
A défaut de vous montrer le superbe jeu d’Hortense, je vous partage cette modeste version symphonique 😉
Ma rêverie s’amplifie sur l’air d’Expérience, de Ludovico Einaudi. Bercée par les vagues qui roulent et s’enroulent sous les touches du piano. Envolée dans les nuages qui paressent lentement dans le ciel rosé d’une soirée d’été. Allongée dans les hautes herbes qui ondoient dans la chaleur fraîche du printemps.
Hortense, magicienne du bonheur. Sous ses allures désinvoltes, elle distille un éclat effervescent. Parfois ça pique. Souvent, ça égaye. Parfois, ça bouscule; Toujours, ça vivifie.
Partage et cuisine se mêlent dans un moment suspendu aux bruits apaisants des cuisines. Une ode aux petits plaisirs du quotidien et aux liens qui nous unissent.
Mon casque sur les oreilles, j’écoute de la musique en sortant les épinards du frigo. Un kilo de feuilles terreuses que j’entreprends de nettoyer. Une eau chargée de terre coule sous mes doigts. Mon téléphone sonne. C’est Eglantine. Je prends l’appel directement dans le casque. Légèrement inquiète. Habituellement, elle ne téléphone pas. Est-elle malade, trop fatiguée ? A-t-elle des soucis ?
Rien de tout cela. Seulement une envie de discuter, de partager ses petits bonheurs du quotidien. Une excellente évaluation en chimie. La liste de ses dernières courses. Je continue de rincer mes épinards pendant que je l’écoute. Elle décide de cuisiner elle aussi. Pour nous, Saint-Jacques aux épices et épinards à la crème. Pour elle risotto de coquillettes aux asperges.
Chuchotement de l’économe. Gargouillis de l’eau. Crépitement des échalotes dans la poêle. Gémissement des épinards dans l’huile chaude.
Froissements. Éclats. Chuintement. Claquements.
Ça frémit. Ça ronronne. Ça glougloute.
Tumulte de nos cuisines parallèles. Conversation paisible.
Nous cuisions plus d’une heure, reliées par le fil de nos échanges, unies par le même plaisir de transformer des produits simples en quelque chose de savoureux. On se projette dans la nos plats. On goûte. On se réjouit ensemble.
Nos assiettes sont dressées. On raccroche.
Instant suspendu, accroché au fil de nos mémoires par les bruits de cuisine.