Eclos sur les trottoirs humides, posés sur des rebords de clôture par une main bien attentionnée mais qui n’est pas la leur, ils attendent que leurs propriétaires refassent le chemin pour les retrouver. La floraison des gants est en haute saison. Je ne peux m’empêcher d’imaginer les histoires qu’ils crient silencieusement du bout des doigts. Morceaux de poésie triste, blues pluvieux et froid de ces gants qui fleurissent sur les pas des gens trop pressés pour les rechercher.
Mois : janvier 2015
Les flop-cakes
Les pop-cakes sont un jeu d’enfants. Les kits plus alléchants les uns que les autres pullulent dans les magasins de jouets. Nous en avons offert un à Eglantine qui aime faire la cuisine.
Dans la boîte, tout le matériel pour décorer pop et push-cake, les explications pour confectionner ces petites boules et plein d’idées colorées pour leur donner des airs de fête. J’ai lu le livret sans omettre une ligne. J’ai suivi les instructions à la lettre. Le flop. Au moment de planter les bâtons dans les boules, ces dernières se sont scandaleusement ruinées en miettes grossières dans le chocolat blanc fondu.
Vexée, j’ai fait une recherche sur Google ce matin : réussir ses pop-cakes. Conclusion, abandonner la méthode sans cuisson du kit d’Eglantine qui consiste à mélanger des gâteaux sec avec du fromage à tartiner pour confectionner ces petites boules. Investir dans un moule à pop-cakes dans lequel on fera cuire une pâte genre quatre-quarts. N’importe quelle pâte avec de la levure me dira le vendeur cet après-midi.
Deuxième tentative. Les boules que je sors du four sont splendides et les filles se sont bien amusées à préparer la pâte et à lécher les ustensiles. Nous plantons les bâtons dans les gâteaux avec un peu de chocolat blanc fondu pour augmenter l’adhérence et que la boule ne glisse pas sur le bâton. Parfait.
Pendant que les filles prennent leur bain, je veux commencer le glaçage, qu’elles n’aient plus qu’à finir les décors. Re flop. Les boules se détachent des bâtons dans le chocolat blanc consciencieusement fondu au bain-marie . Trop lourd, trop épais. Je n’arrive même pas à les recouvrir complètement.
En nous voyant dans la cuisine tout à l’heure, l’iPad ouverts sur des recettes de pop-cakes, la certitude bien accrochée en médaille sur ma poitrine que cette fois c’est la bonne, Olivier n’a pas pu s’empêcher de penser à la pub Google avec ce type qui veut glacer ses cup-cakes…
https://www.youtube.com/watch?v=xK6ghqF5fG4
Je n’ai pas dit mon dernier mot. Demain je réussirai. Ou dans une semaine. Dans un mois ? Quand on aura retrouvé la boîte tout en haut des placard où je vais la refouler ? Ou je peux l’enterrer au fond du jardin et attendre que quelqu’un la trouve le jour où l’on creusera un trou pour enterrer le poison rouge que nous n’avons pas…
En tout cas les filles sont magnifiques avec leurs toques offertes par Grand-Mère à Noël. C’est déjà ça.
Et les flop-cakes ont quand même été engloutis au dessert.
Sauts sur canapé
Elles partent en courant chacune leur tour depuis l’entrée. Elles se jettent sur le canapé qui, ayant perdu son angle faute de place, se prête à toutes leurs roulades projetées en avant.
Les jambes passent par-dessus tête. Mais voilà qu’Hortense reste coincée au milieu de sa roulade arrière. Elle s’étouffe de rire. Eglantine vient rapidement à sa rescousse. Les cheveux s’ébouriffent, les couettes se délient, les rires succèdent aux encouragements. « Regarde ! Regarde ! »
Papa voudrait un peu de calme. Il rend les armes sous une attaque de câlins.
J’ai pitié. J’emmène les filles à la cuisine. Atelier pop cakes.
Une marraine so british
Sous les lumières de la grande verrière
Grandes voutes de métal et de verre, le toit du Grand Palais est à lui seul tellement magique et parisien ! Patins oranges aux pieds, casques assortis à défaut d’être esthétiques pour protéger les filles lors d’éventuelles chutes, nous nous lançons sur la glace de la patinoire éphémère qui s’est installée sous les lignes fines de la plus belle verrière de Paris.
Quand la nuit tombe, les lumières se mettent à scintiller en milliers de paillettes colorées. Rouge, bleu, rose, violet, les tonalités changent, la boule à facette joue les soleils artificiels au milieu de la voûte étoilée.
Petit à petit Hortense prend confiance et lâche nos mains. Églantine accélère. Dernier tour avec elle, j’ai du mal à la suivre au milieu de la foule qui se densifie. Elle est allée puiser au bout de ses forces pour profiter de cette patinoire exceptionnelle. Elle s’endormira dans la voiture à peine engagés sur les Champs-Élysées.
Fêtes et retrouvailles
Tout le monde dort encore. Seul Django me tient compagnie, couché en travers du bureau pendant que j’essaye d’accéder au clavier. Il faut rattraper les courtes nuits de réveillons, l’excitation des fêtes, les trajets en voiture et les joyeuses retrouvailles.
Pour Eglantine, tout a commencé au début des vacances. Margot et Yael à la maison. Il ne manquait plus que Clélie pour retrouver au grand complet la fine équipe du CP B de Bucarest. Pour nous, ça a été l’occasion de passer un bon moment en compagnie de nos amis, anciens de Bucarest ou fraîchement arrivés de Roumanie pour quelques semaines de vacances en France.
Puis la voiture s’est transformée en traineau 6-rennes, les cadeaux bien cachés dans le coffre. Nous avons pris la route de Cognac où Grand-Mère attendait ses petites filles pour décorer le sapin. Nous avons réveillonné en compagnie des tourteaux, huîtres et autres coquillages et crustacés délicieux en provenance directe de la criée de la Cotinière. Le père Noël n’a pas eu de mal à nous trouver et au matin, des montagnes de cadeaux attendaient les mains fébriles des petites princesses. Kapla, Playmobil et Lego ont envahi le salon de Grand-Mère.
Quelques jours à se faire chouchouter. Une visite à Bordeaux chez Mamie Yvonne et nous reprenions la route de Paris. Un café à Vouvray pour voir la famille et encore des retrouvailles près d’Orléans avec des Bucarestois en vacances en France. Cette fois, Eglantine et Hortense ont retrouvé Jeanne et Marie. Il manquait la plage, les tentes et l’eau chaude de la mer Noire. Soirée moules-frites pour faire durer ces retrouvailles qui nous rappellent combien nos amis nous manquent. Quand nous avons enfin éteint le moteur devant la maison, les filles dormaient toutes les deux profondément, des beaux souvenirs plein la tête. Elles ont à peine ouvert les yeux le temps de les mettre dans leurs lits.
La nouvelle année se fêtait à la maison. Dernières courses, canapé et fauteuils se sont bousculés. Minuit est arrivé l’air de rien. Amis et cotillons, 2015 a commencé en dansant. Pour la première fois, Eglantine et Hortense sont restées éveillées bien au-delà de minuit, soufflant dans les serpentins et les sarbacanes, les sourires jusqu’aux oreilles et les yeux au milieu de joues, des chapeaux colorés sur la tête.
Tout le monde dort encore. Django a délaissé le clavier pour s’installer sur mes genoux. Ma tasse de thé est presque terminée, Une dernière gorgée froide avant de mettre le point final de ce premier vrai article de 2015. Bonne année !
Infusion
Mon homme a fait imprimer plus d’un an de ma Cafetière. Quelle émotion en feuilletant le livre ouvert de nos souvenirs ! Dix-huit mois de notre vie en Roumanie… Du coup je revois la Tasse de Thé sous un autre angle. Moins dépersonnalisé. Je reprends possession de la première personne. La vie est belle, avec ses nuances de gris et ses points noirs, mais surtout avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel qui se glissent dans les sourires du temps.
Nouvelle vie que ce retour en France. Il me faut du temps pour trouver ma place, mes marques et mon style. Une Tasse de Thé prend le temps d’infuser. Nul doute qu’elle va diffuser ses arômes avec autant de chaleur que ma bonne vieille Cafetière !







