Voici le temps de tes vingt ans

20 fêtes pour les 20 ans d’Eglantine. La surprise organisée par sa chorale est un condensé d’émotions.

Début juin, Eglantine a eu vingt ans.

L’âge de tous les possibles. Premier appart (même si c’est dans une résidence du CROUS sur son campus). Premiers choix décisifs. Tian de légumes ou tarte à la tomate pour dîner ? Plus sérieusement, elle réfléchit déjà à son envie d’entreprendre une thèse et commence à sortir le sujet du flou des possibles. Elle a encore le temps pour éclaircir tout ça, mais l’idée est là.  

Eglantine a eu vingt ans et nous n’avons pas organisé de grosse fête. Elle était en stage. Donc très fatiguée. Puis sa sœur partait à son tour faire un stage, à l’étranger, puis en vacances, puis en camp scout. Trouver une date, avec tout le monde, à un moment où Eglantine ne serait pas trop fatiguée, s’annonçait compliqué. Nous avons donc choisi une autre formule (copiée parmi les excellentes idées de notre ami Henri).

Vingt fêtes pour les vingt ans.

Un an pour vingt éclats de joie, vingt confettis de célébrations.

Un an de fêtes en pointillés en fonction des disponibilités de chacun. Un anniversaire au long court plutôt qu’un gros raout.

Avec la famille. Avec les amis de toujours. Avec les amis d’aujourd’hui. A la maison, à la fac, au restau, ou en tournée.

Car si Eglantine s’épanouie dans sa nouvelle vie d’étudiante, une rencontre a plus particulièrement marqué cette année, sa chorale. Elle les a rejoint à la fin du mois d’avril. Ce fût comme une évidence, une pièce de puzzle qui s’emboîte parfaitement. Elle y a immédiatement trouvé sa place. Et n’a pas hésité une seconde à partir en tournée avec eux en juillet au lieu de faire la véloscénie avec sa mère comme prévu (Paris-Le mont Saint-Michel à vélo).

Cette chorale est celle de son campus. Une bande d’étudiants (plutôt des doctorants), d’enseignants et de chercheurs. Un gang de joyeux scientifiques qui aiment chanter et rire, et dont le principal méfait consiste à détourner des chansons.

Comme Eglantine, cette chorale a vingt ans. Alors, quand je leur ai écrit pour leur demander de participer aux vingt anniversaires d’Eglantine, ils ont rajouté deux couplets à la chanson qu’ils travaillaient en secret pour leur chef de chœur.

Samedi soir, elle a chanté la chanson des vingt ans avec les autres. Une guitare, une trentaine de chanteurs, une terrasse éclairée de guirlandes d’ampoules, la surprise enjouée du chef de chœur et, à la fin du dernier couplet, un signe de tête, une main levée, la chanson continue.

On a eu la vidéo de l’émotion d’Eglantine quand elle découvre que ces derniers couplets sont pour elle. Elle est touchante notre louloute de vingt ans. Elle est heureuse. Elle trace sa route sans nous. Pas trop loin de nous quand même, après toutes ces années à galérer ensemble, il faut nous ménager, nous rassurer.

D’ailleurs, trop heureux de la voir à nouveau chanter, nous avons suivi sa chorale en Bretagne. Un week-end en amoureux dans la forêt de Brocéliande pour notre anniversaire de mariage (mais nos vingt ans à nous, ce sera l’année prochaine). Et un concert d’Eglantine dimanche, entre une fontaine magique et un miroir aux fées.

On nous a discrètement prévenu avant le début du concert, si on veut filmer, c’est à la fin. C’est une surprise. Eglantine n’est pas au courant. D’ailleurs, elle s’est échappée discrètement après ce qu’elle pensait être la dernière chanson, pour tenir le chapeau à la sortie de l’église.

Elle a dû revenir. Regardez.

J’ai coupé les images. Parce que contrôle par Eglantine de son identité numérique, parce que j’évite de diffuser le visage de mes filles. Mais vous avez l’ambiance et les paroles. Et le bonheur qui transpire dans cette petite église bretonne sous la chaleur écrasante de juillet.

Je ne m’en lasse pas.

Puis nous sommes repartis chacun de notre côté. La chorale, c’est son domaine, sa vie, sans nous. C’est nouveau, pour nous, de rester à l’écart. C’est normal pourtant. Eglantine a vingt ans. C’est beau, de voir qu’elle n’a plus besoin de nous (plus beaucoup en tout cas).

Mais je regarde la vidéo en boucle.

Pinson du printemps

Quand le printemps résonne des chants d’un oiseau qui s’était tu depuis trop longtemps.

Le jardin déploie depuis des semaines ses pastels fleuris et ses verts vifs. Les oiseaux envahissent le bruissement tendre des feuillages. Mais il en est un en particulier que nous sommes heureux de réentendre. Églantine a récemment rejoint une chorale sur son campus. A la maison pour les vacances, son chant tintinnabule sous la douche, murmure dans sa chambre, glisse dans l’escalier, volette en attendant le dîner.

Pinson printanier, mélodie d’un renouveau attendu depuis des années.

De la Maîtrise de son collège, Églantine a gardé l’art de déchiffrer les partitions, l’enthousiasme des chants sacré, le plaisir de la vibration des voix qui s’unissent, se répondent, se chevauchent. Elle a rapidement trouvé sa place dans cette chorale, plaçant les aigus de sa voix fluette dans le battement vital du groupe.

Soleil matinal dans l’arbre de Judée