C’est une journée où l’heure n’existe plus. Le soleil inonde la maison. On traîne dans le jardin. Le temps s’écoule dans une lenteur bonasse.
Les boulangeries sont fermées mais le marché foisonne de couleurs printanières. Le long des trottoirs ou entre deux étals, les marchands de muguet proposent leurs clochettes blanches serties de longues feuilles vertes. Ail rose. Céladon velouté des cosses de petits pois. Blettes originales aux camaïeux de jaunes orangés. Trames rouge et verte de la rhubarbe. Fraises écarlates.

Glycines et lilas embaument les rues sucrées de soleil. Les robes sont légères. Les pieds déploient leurs orteils dans les sandales estivales précipitamment ressorties. Lunettes noires. Chapeaux de paille. La pâleur des peaux se dévoile, avide du premier hâle.
Barbecue. Déjeuner au soleil. Se balancer dans les hamacs sous une pluie de pétales. L’arbre de Judée quitte sa robe de fleurs. Son rose vif s’estompe dans des pastels mats clairsemés de feuilles. Le vent divague dans les feuillages. Les ombres dansent sur l’indolence des chats. Un rouge-gorge virevolte dans un noisetier. Le chien s’étire dans la pelouse flétrie par la chaleur soudaine. Le muguet a fleuri sous l’églantier.



Nous nous abandonnons à la légèreté insouciante d’un 1er mai qui s’étire doucement jusque dans la tiédeur de la nuit.
