Félin paresseux

Félin paresseux

Sur le lit chaud et moelleux

S’étire et s’endort

Sphinx flegmatique

Au cœur des dunes moelleuses

Et l’oiseau gambille

Les heures sombres, un film lumineux

Les heures sombres, de Joe Wright, est un film qui raconte une vision. Celle de Churchill au moment où il devient Premier Ministre en mai 1940. Les jours s’égrainent, implacables, alors que l’Europe s’écroule. Et Churchill se retrouve seul à devoir porter le choix des pourparlers de paix pour tenter de sauver les Britanniques de la folie d’Hitler. Ou celui de la résistance coûte que coûte, dans la légitime appréhension d’une invasion de l’île, mais dans une dignité héroïque alors que déjà la France s’apprête à capituler. L’armée britannique est encerclée à Dunkerque. Sauver les soldats relève de la folie. Et la stratégie militaire engendre des décisions terribles. Entraîner 4000 hommes vers une mort certaine pour tenter d’en sauver 300 000 autres. Peut-être.

Or c’est là toute la force de ce film. Nous plonger au cœur de ces heures sombres qui ont vu l’Europe s’effondrer. Et en faire surgir la force de caractère d’un homme, qui avait senti gronder le péril de l’arrivée au pouvoir d’Hitler.

les-heures-sombres

Ce n’est pas que Churchill soit attachant. Il grogne, il hurle, il exige, il boit. Pour faire contrepoids à l’homme imposant, par son style et sa carrure, Joe Wirght a choisi de mettre en avant une jeune dactylo. Elle sera les larmes, l’émotion, la fragilité… bref l’humanité et la jeunesse qui font défaut au grand homme.

Au côté de Churchill, son épouse le soutient sans faillir. Esseulée et fatiguée, elle ne l’abandonne jamais. Elle sait se faire entendre tout en s’effaçant devant le devoir à accomplir.

Et s’il est une chose qui ressort de ce film, certainement sans le vouloir, c’est l’évolution de la place des femmes. Dans Les heures sombres, les femmes sont cantonnées à des rôles subalternes. Épouse dans l’ombre, dactylo rabrouée sans délicatesse, qui reste derrière la porte de la salle de bain alors que Churchill lui dicte ses mots de l’autre côté. Et quand il en sort soudainement, à peine a-t-elle le temps de filer dans les escaliers pour ne pas tomber nez à nez avec un Churchill en tenue d’Adam. #balancetonporc ? Au poste de commandement du Cabinet de Guerre, certaines salles sont tout bonnement interdites aux femmes. Pour la condition des femmes, on ne chantera pas l’air de C’était mieux avant.

Et en découvrant les colonnes de réfugiés français qui avancent péniblement sous les bombardements, comment ne pas penser aux Syriens qui traversent mers et continents pour tenter de sauver leurs vies ? L’histoire bégaye et nous avons la mémoire courte.

Enfin, les acteurs donnent toute sa crédibilité à ce film. On oublie le lourd travail de maquillage pour transformer Gary Oldman en Winston Churchill, et on se laisse porter par le personnage. Sa force, ses doutes, sa vision, son acharnement galvanisent. On comprend ses adversaires qui le trouvaient détestable. Pourtant on s’attache, voire on se retrouve dans les sentiments de sa femme, interprétée avec classe et brio par Kristin Scott Thomas.

Les heures sombres, c’est la découverte de Churchill, visionnaire et décalé, digne et horripilant, patriote et égoïste.

Nous étions une Française, une Russe et une Anglaise pour voir ce film entre amies. Et si la paix, c’était la puissance de ce partage au-delà des frontières. Je le souhaite à une époque où celles-ci se durcissent et se referment sur des haines assassines.

Rêves évaporés

Reflets de lumières

Poésie humide la nuit

Les rêves s’envolent

Fin d’année en famille

Cupcakes, brochettes sucré-salé, et autres petits plaisirs. Un 31 décembre tous ensemble.

Petites mains chapardeuses ou hésitantes, plan de travail enfariné. Les filles se mettent en cuisine dès l’après-midi.

Hortense se lance seule la première pour ses cupcakes. Elle grimpe sur les meubles pour attraper ce qui lui manque. Elle pèse, verse, mélange. Préfère le fouet au robot. Goûte avec application, et gourmandise. Et nous offre un goûter fondant.

2017-12-31-9369

Eglantine s’attaque au salé. Elle découpe l’agneau et enfile les brochettes. Un morceau de viande, un morceau de mangue. Puis un autre morceau de mangue pour elle. Parce que c’est trop bon, s’excuse-t-elle, se pourléchant d’un air angélique.

Quand arrive le temps du réveillon, nous avons respecté notre dimanche cuisine et repos, gardant les jeux, les perruques colorées et notre énergie pour ce soir. Rires, danse et explosion de canons à confettis. Pluie d’étoiles d’or et d’argent voletant partout dans le salon quand sonne minuit.

Olivier me fait tourner. Les filles sont épatées. Elles gloussent en s’emmêlant les bras pour tenter de danser comme papa.

nouvel an 2018-9384

Elles s’écroulent finalement dans leurs lits.

Ça y est, nous sommes en 2018. Bonne année !

nouvel an 2018-9376

Dernier jour de marché

Le marché du dimanche matin attire toute la région. Même en plein hiver les étals sont colorés, foisonnants de produits tous plus appétissants les uns que les autres. En ce 31 décembre, j’y termine donc les courses pour le menu de la Saint-Sylvestre, concocté par les filles.

Dernier jour de l’année, les frigos sont déjà pleins. Il n’y a pas foule pour braver le vent humide de ce dernier matin de 2017. Même les marchands sont moins nombreux. Mais l’humeur est à la fête et à la bienveillance.

Je repars avec une treize mangues pour 4€. C’est vrai qu’elles ont l’air vraiment bien mûres. Je vais certainement avoir un peu de déchets. Mais voilà une belle occasion d’essayer un chutney à la mangue. La cagette pleine de fruits pèse dans mon sac accroché à l’épaule. Avant que je ne parte, le vendeur en a rajouté une dernière. « Au cas où vous en auriez une de trop abîmée. »

mangues-marche-antony-9389

J’ai acheté quelques litchis de la Réunion. Et j’ai découvert le combava. Un cousin du citron vert, boursouflé, mais plus sucré paraît-il. Le vendeur de fruits exotiques n’était pas débordé. Il avait le temps de discuter. A tester une prochaine fois. Aujourd’hui je reste fidèle à la recette que les filles ont choisie.

Aux fruits secs, je prends quelques noix. Et hop, une dernière poignée une fois la pesée terminée. C’est cadeau, avec le sourire, et Joyeuses Fêtes madame !

Dans le Monoprix c’est la cohue. Petits achats de dernière minute. Le rayon de mascarpone est vide. Je me rabats sur un mélange crème-mascarpone qui, je l’espère, fera l’affaire. A la caisse, une autre cliente me demande ce que je vais faire avec ça. Nous discutons menu de réveillon. Elle, elle est venue chercher des frites pour les enfants.

Nous, ce soir, c’est la cuisine des enfants ! Avec un peu d’aide…

Les échos de l’expat

En dix ans d’expat, nous avons fait de belles rencontres. Donnant naissance à de profondes amitiés. Alors quelle joie de retrouver Aurore, Régis et leurs filles, Jeanne et Marie, juste avant que l’année ne termine !

En France pour les vacances,  ils sont venus d’Orléans pour le déjeuner. De les voir à la porte, déjà, nous avions les cœurs en fête. Les images anciennes jaillissent en surimpression. Les mêmes sourires, le même plaisir lorsqu’ils arrivaient chez nous à Bucarest.

Bien sûr les filles ont grandi et j’ai les cheveux gris. Mais le plaisir reste intact. La journée s’écoule tendrement. Ils nous manquent. Comme tous ces amis d’expat que l’on retrouve au gré des voyages des uns et des autres.

Eglantine aurait bien gardé son amie à dormir. Après tout, me rappelle-t-elle, la première fois que j’ai rencontré Jeanne, c’est parce qu’elle venait coucher à la maison. C’est vrai. J’avais oublié. Une soirée de l’afb. Elena gardait les filles à la maison. J’avais proposé à Aurore de laisser les siennes chez nous pour aller ensemble à la fête. Eglantine et Jeanne ne se connaissaient pas encore. Elles étaient toutes les deux en CP, mais pas dans la même classe. Nous venions d’arriver. Nous ne savions pas encore que de cette soirée naîtrait une si longue amitié. De cette soirée et de bien d’autres, de week-ends à camper sur la plage et de virées dans les Carpates…

camping-plage_juin_2013-12
Coucher de soleil sur une plage de la Mer Noire – Roumanie

Les échos de l’expat ravivent les souvenirs qui sédimentent sous notre nouvelle vie en France. Ça me démange de programmer un voyage en Roumanie…

D’autant que ce soir je suis tombée sur un reportage d’Arte sur la Roumanie. Les astres se liguent, n’est-ce pas ?

A l’ombre des Carpates

 

De l’art à la carte

Dans la boîte aux lettres ce matin, deux cartes postales. Elles portent des timbres ukrainiens et sont destinées aux filles. Chacune la sienne. Au dos des cartes colorées, nos écritures. Nous les avions oubliées ! Ces cartes qui faisaient partie d’un projet artistique à l’aéroport de Kiev. Nous y étions restés quelques heures début novembre à la faveur d’une correspondance en revenant de Jordanie.

Dans la tristesse d’un aéroport sans charme, alors que nous avions vu le soleil se lever au-dessus de la Turquie depuis notre vol Aman-Kiev, nous prenions un petit-déjeuner dans un café. A quelques pas, une vingtaine de boîtes-aux-lettres joyeusement peintes. Sur un chevalet en leur centre, des cartes postales attendaient les voyageurs. L’envoi était gratuit. Il suffisait de remplir la carte.

Entre une tasse de thé, un café crème et un cruel manque de sommeil nous avions aimé l’idée de poster des cartes aux filles. Sans trop savoir quand elles arriveraient à destination. Forcément après nous, puisque nous atterrissions à Roissy quelques heures plus tard.


J’avais posté chaque lettre dans une boîte différente. Des oiseaux rêveurs, d’un bleu qui invite au voyage dans les nuages pour Églantine. Un cœur rouge vif, ailé, et des roses carminées pour Hortense.
Souvenirs de voyage. Quand l’art illumine un interminable trajet, distillant un mois et demi plus tard un peu de joie au cœur de l’hiver.

Du cinéma grand spectacle avec Coco au Grand Rex

Habiter en banlieue parisienne, ce n’est pas uniquement se délecter de la grisaille humide et du froid acrimonieux ponctué de vent. C’est aussi profiter d’un cinéma mythique dont la grande salle est une poésie à elle seule, le Grand Rex.

En quelques stations de RER, nous voici au cœur de Paris, derrière Saint Eustache qui laisse enfin tomber ses échafaudages. La pierre claire dernièrement mise à nue, débarrassée de son voile de noirceur urbaine, chatoye sous le soleil d’hiver.

Dans la rue Poissonnière, à l’angle des Grands Boulevards, une file infinie s’étire sur le trottoir étroit. Manteaux et doudounes, bonnets et écharpes, tous les âges attentent patiemment l’ouverture de la grande salle. Il faut savoir arriver tôt pour avoir les meilleures places sous la voûte étoilée de la grande salle.

Les filles découvrent, éblouies, ce cinéma des années 30 qui a su traverser les époques sans perdre son âme. Dans les confortables fauteuils décatis, sous les stucs de style antique, nous allons assister à la représentation de Coco, le dernier Disney.

Quand la lumière s’éteint, l’arcade de la scène s’illumine de couleurs vives. Bientôt, la Féérie des eaux commence. Les jeux de lumières et de fontaines jaillissent de tous côtés. Des squelettes lumineux dansent sur les murs. Les mains se tendent pour attraper les milliers de bulles propulsées dans la salle et les serpentins qui tombent du plafond.

Sommes-nous vraiment au cinéma ? Ou dans un monde magique qui façonne des sourires sur tous les visages. Car à cette heure, nous sommes tous des enfants émerveillés.

Quand débute enfin la projection, les couleurs et la musique mexicaines prennent la relève. La transition est douce. Et l’on voyage avec Miguel dans le monde étincelant des ancêtres.

Quand nous rentrons sous les guirlandes de la rue Montorgueil, nos pas dansent sur les pavés, encore rythmés par ce film enthousiasmant.

A la rencontre de Bernard Prou, écrivain

Il est des rencontres qui stimulent les énergies. Ce sont souvent les plus inattendues. Comme celle avec Bernard Prou, en ce début du mois de décembre.

Vendredi début de soirée. Grosses bottes, doudoune épaisse, gants, bonnets, je n’ai rien oublié. Je vais chercher Hortense qui doit bientôt revenir de la piscine. Il est encore un peu tôt. Et si je passais à la librairie ? J’ai reçu le livret scolaire d’Hortense une heure plus tôt. Il est excellent. Je vais lui acheter un livre pour la féliciter.

Yesim, qui passe une semaine chez nous, est enchantée par l’idée. Les pompons de nos bonnets ondulent vivement dans la rue. Les lumières de la joyeuse vitrine d’Inkipit nous font oublier les voitures trop pressées qui bataillent à touche-touche sur l’avenue, dans les vapeurs des pots d’échappement cristallisées par le froid.

Je n’ai pas beaucoup de temps. Juste celui de saluer Oriane, la jeune libraire et je me précipite au fond de la librairie, section enfants. Mais au lieu des tables recouvertes d’albums colorés, un petit groupe discute autour d’un vieux bonhomme en barbe blanche. Le Père Noël ?

Aude se lève immédiatement pour me recevoir. Elle me remercie d’avoir pu venir. Mais non, je n’ai pas suivi les dernières publications de la page Facebook de la librairie. Et j’ai laissé passer les mails d’un œil distrait. Moi je cherche juste un album pour Hortense. Aude, libraire passionnée, ne perd ni son sourire, ni sa bienveillance, et me dégote une petite perle.

Elle me sait cependant curieuse et m’explique la présence de cette auguste barbe blanche au milieu des couvertures bariolés des livres jeunesse. Là, bien calé dans le moelleux d’un fauteuil club, Bernard Prou prend le temps de raconter la genèse de son dernier roman, « Délation sur ordonnance ». Je suis ferrée. Un auteur qui se raconte, qui dévoile les dessous de l’histoire, qui émaille son récit d’anecdotes savoureuses… Comment résister ?

Cependant, l’horloge est formelle. Le bus d’Hortense se faufilera bientôt entre les voitures mal garées devant l’école. Je file. Je promets de revenir au plus vite. Enfin, je ferai de mon mieux. A tout à l’heure !

J’ai hâte. Mais dans ces cas-là, le temps est facétieux. Hortense doit dire au-revoir à ses amies. Une maman bouche le trottoir avec ses enfants. Elle s’est arrêtée pour les soulager de leurs cartables. Attendre le feu vert qui nous ouvrira la voie au sein du flot lumineux des phares des voitures sur l’avenue. Descendre la rue jusqu’à la maison. Écouter les babillages des enfants. Tenter de repartir immédiatement pour la librairie en laissant tout le monde à la maison.

Finalement, nous repartons toutes les quatre pour la librairie. Yesim, toujours curieuse de culture, Églantine, toujours curieuse de l’autre, Hortense, toujours curieuse d’avoir un nouveau livre, et moi, toujours curieuse de création.

Notre arrivée double le nombre des auditrices. Aude déplie des chaises. Gants, bonnets et écharpes trouvent une place autour des livres de Bernard Prou. Nous prenons le train en marche. Et quel train ! Un long voyage vers l’ailleurs qui happe le promeneur. Il devient bourlingueur.

Nous sommes à Pau, avec un médecin antisémite dont le seul ami n’est autre que Céline. Mylène, du blog Cousines de lecture, éclaircit pour Églantine les zones encore floues de ses connaissances de préadolescente. Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale. Le médecin écrit une lettre de délation sur une de ses ordonnances. L’effet papillon se déploie sur le destin des protagonistes du roman.

Bernard Prou a recherché les traces des faits et des émotions. Il a rencontré, parlé, questionné. Cet ancien professeur de physique-chimie invente des histoires mais pas des faits. Cette lettre, cette « délation sur ordonnance », elle existe. Il sort un vieux papier jauni. Il a changé les noms dans le roman. Cette lettre, il l’a trouvée dans des vieux papiers chinés sur un marché.

Bien sûr, à l’heure où j’écris ces lignes, j’ai ses deux romans sur ma table de nuit. Dédicacés. Vous, vous êtes sur Facebook ? me demande-t-il au moment de signer. Alors je vous note mon nom pour Facebook. Alexis Soumachedchi. C’était le nom du héros de son premier roman. Soumachedchi, un mot russe qui veut dire fou. Celui qui est sorti de sa tête. On sent d’ailleurs chez Bernard Prou un respect de la folie. De ce moment qui fait sortir du quotidien et de l’ordinaire.

Cette folie qui fait basculer vers la création. Comme quand il a pris ses ciseaux pour finir d’écrire « Délation sur ordonnance ». Il s’était attaché à raconter la vie de ses personnages, l’un après l’autre, en parallèle. Passionnant pour l’auteur. Illisible pour de futurs lecteurs. Bernard Prou s’est transformé en Matisse littéraire. Il a pris ses ciseaux. Coupé les vies de ses personnages et les a imbriquées les unes dans les autres. Révélation. Le livre était né. Il a encore es yeux qui brillent alors qu’il finit de narrer cette anecdote.

Mais revenons à Alexis Soumachedchi. Car finalement le roman s’appelle « Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils de Maupassant ». Une jour, Bernard Prou apprend qu’il est impossible que son héros s’appelle Soumachedchi. Raisons culturelles contre lesquelles il ne peut rien. Sans nom, son héros est mort. Jusqu’à ce qu’il le renomme Vassilkov. Il y a derrière ce nom encore une histoire de train, de rythme sur les rails, une anecdote savoureuse. Mais il fallait être là, je ne peux pas tout vous raconter.

Son héros reprend vie et Bernard Prou termine son roman. Il l’envoie à tous les grands éditeurs. Refusé. Il s’édite à compte d’auteur et parcours la France pour placer son livre chez les libraires. Ils sont 400 à l’avoir soutenu, dont Aude, chez Inkipit. Dont la Griffe Noire à Sceaux, qui scellera son succès. Ensuite, ce sont les éditions du Livre de Proche qui le démarchent. Et qui nous permettent aujourd’hui de trouver facilement « Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils de Maupassant ». Les grands formats de l’édition originale sont collectors.

Toutefois, Bernard Prou a gardé une affection particulière pour Alexis Soumachedchi. Si bien qu’aujourd’hui, ce personnage est l’avatar de Bernard Prou sur Facebook. Car finalement, ce Soumandchedchi qui sort de sa tête, c’est lui.

Son deuxième roman est édité par Anne Carrière. Après le succès d’Alexis et son édition au Livre de Proche, elle était venu le trouver. Elle était décidée, le prochain roman de Bernard Prou serait édité chez elle. Le jeune auteur à la barbe blanche ne boude pas son plaisir. Même s’il garde toujours une affection particulière pour Le Livre de Poche. Il a encore en mémoire la couverture du premier, Koenigsmark, dans les années 50. Enfin des livres à bas prix qui ont pu démocratiser la lecture ! Pour Bernard Prou, être publié en Livre de Poche est un consécration de valeur, car elle fait sens à sa vie.

Cette soirée imprévue (pour moi) passe ainsi au rythme des anecdotes de Bernard Prou. Et nous pourrions rester encore à l’écouter pendant des heures. Mais Hortense s’impatiente. Elle a faim. Églantine se lève à 7h le lendemain. La librairie doit fermer. Et Alexis Soumachedchi est attendu ailleurs.

Quelle chance qu’il ait pris le temps de passer quelques heures chez Inkipit. Demain, il sera à la FNAC du Créteil Soleil. Avec sa barbe blanche et sa bonne humeur, il se glissera sous les néons au milieu des sélections de Noël. C’est la rançon du succès.

Love and friendship

love_and_friendship_ver3Vera me propose une soirée ciné entre copines. Expérience oubliée depuis des années, je dis oui sans hésiter. Séance à 21h, les filles resteront à la maison avec leur papa. Je m’échappe dans la douceur d’une soirée pas si estivale. Svetlana, Vera et moi nous retrouvons au bout de la rue. Nous habitons toutes dans le même quartier. Copines de sortie d’école et voisines. Esprit pas très différent des rues avoisinantes du lycée Français que je fréquentais en expatriation. Vera est russe. Svetlana  bulgare. Hasard ou plaisir inconscient de garder un goût d’ailleurs ?

Nous allons voir Love and Friendship en VO dans notre cinéma de quartier, flambant neuf. Sièges rouges ou velours confortable, rangées espacées où déplier ses jambes et petites lumières au plafond rappelant un ciel étoilé. C’est la fête du cinéma, la place est à 4€.

Tellement enthousiaste à l’idée de cette soirée entre filles, je ne m’étais pas renseignée sur le film. Entrée immédiate dans le XVIIIè siècle de Jane Austeen. Aristocratie anglaise de province où la réputation de la sulfureuse Lady Suzan devance sa beauté calculatrice. Manipulatrice réaliste qui ne possède aucune fortune si ce n’est celle d’un époux. Veuve, cherchant à marier sa fille. Maîtresse d’un homme marié. Charme et cynisme. Accent british et humour qui tranche au coupe-papier, fin et délicat. Crises de nerf et pleurs ne sont pas acceptables. Il faut sauver la face et savoir rebondir, jouer des codes et carcans de la bonne société.

Je ne serais certainement jamais allée voir ce film toute seule, d’ordinaire peu attirée par les histoires de chassés croisés amoureux en costume. J’ai finalement beaucoup apprécié la légèreté joyeuse,  cruelle et ironique de ce film dans une campagne anglaise de carte postale.