Verre à moitié plein ou à moitié vide ?

Première soirée sans Olivier et Hortense. Ils se sont envolés pour la Turquie en début d’après-midi. Notre chère Yesim les a récupérés à Istanbul. Désormais, des éclats de rires complices d’adolescentes peuplent sa jolie maison. Hortense a emmené sa grande copine Juliette dans son pays de naissance.

Elle tisse à travers ses voyages en Turquie une relation intime avec le pays qui l’a vue élever ses premiers cris, esquisser ses premiers sourires et former ses premiers mots. Un gloubi-boulga de turc et de français. Yesim est la précieuse magicienne de cette relation.

Pendant ce temps, Eglantine et moi restons à la maison. Ce genre de voyage est bien trop fatiguant pour elle. Surtout avec les épreuves de bac qui se profilent encore en mai puis en juin. Quelque part, nous sommes assez heureuses de profiter de la maison en toute quiétude pendant deux semaines. Pour moi, c’est une vraie pause avec beaucoup moins de logistique.

Tout de même, ce soir, il manquait la moitié d’entre nous autour de la table. Les sollicitations de sa sœur risquent de manquer à Eglantine. Ainsi que les conversations scientifiques à bâtons rompus avec son père.

De son côté, Olivier n’a pas l’habitude d’être à Istanbul sans nous. Petit sentiment de vide aussi.

Ah la famille… Elle nous étouffe parfois mais elle nous rassure souvent.

Alors, verre à moitié plein ou verre à moitié vide ?

Ce soir, le lit me semble tout de même un peu grand…

De l’art à la carte

Dans la boîte aux lettres ce matin, deux cartes postales. Elles portent des timbres ukrainiens et sont destinées aux filles. Chacune la sienne. Au dos des cartes colorées, nos écritures. Nous les avions oubliées ! Ces cartes qui faisaient partie d’un projet artistique à l’aéroport de Kiev. Nous y étions restés quelques heures début novembre à la faveur d’une correspondance en revenant de Jordanie.

Dans la tristesse d’un aéroport sans charme, alors que nous avions vu le soleil se lever au-dessus de la Turquie depuis notre vol Aman-Kiev, nous prenions un petit-déjeuner dans un café. A quelques pas, une vingtaine de boîtes-aux-lettres joyeusement peintes. Sur un chevalet en leur centre, des cartes postales attendaient les voyageurs. L’envoi était gratuit. Il suffisait de remplir la carte.

Entre une tasse de thé, un café crème et un cruel manque de sommeil nous avions aimé l’idée de poster des cartes aux filles. Sans trop savoir quand elles arriveraient à destination. Forcément après nous, puisque nous atterrissions à Roissy quelques heures plus tard.


J’avais posté chaque lettre dans une boîte différente. Des oiseaux rêveurs, d’un bleu qui invite au voyage dans les nuages pour Églantine. Un cœur rouge vif, ailé, et des roses carminées pour Hortense.
Souvenirs de voyage. Quand l’art illumine un interminable trajet, distillant un mois et demi plus tard un peu de joie au cœur de l’hiver.