Une seule route traverse cette vallée. Le trafic peut être plus ou moins dense mais il ne cesse jamais vraiment. Quand on grimpe dans la forêt, la clameur des moteurs enveloppe les arbres et leurs racines tortueuses, la terre tendre, les roches saillantes, les herbes hautes, les fleurs fragiles, les feuilles de gentiane, les bourdons poilus, les papillons colorés, les insectes insolites et, même, le chant des oiseaux.
Petit à petit, le tampon sylvestre atténue les ronflements des voitures à essence et les vrombissements des motos. Ou est-ce la fatigue qui fait oublier les bruits de la vallée ? Les derniers mètres du sentier grimpent raide. Les muscles tirent. La bouche s’assèche. Le cœur accélère. Les pieds butent. La sueur emporte avec elle petits et grands soucis. L’esprit se concentre sur le haut du parcours.
Quand enfin le chemin longe la montagne, le corps s’allège, le pas se hâte, la respiration se libère. Le sous-bois préserve la fraîcheur humide d’une nuit d’orages. Mon cœur s’apaise. Mon regard se pose sur ces petites plantes mises en lumière par le soleil qui transperce les hautes frondaisons. Les ailes fragiles d’un papillon sur une fleur sauvage m’émeuvent plus qu’une vue dégagée.



En contrebas, les immeubles en constructions cernent les vieux clochers. Les grues jettent des éclats jaunes. Pourtant, qu’il est doux de retrouver les hautes herbes de la vallée, les chemins blancs et les champs moissonnés. Puis la fraîcheur des vieilles voûtes de la maison.

Retirer les grosses chaussures de randonnée. S’affaler sur le canapé. Et ne plus entendre le ronronnement de la circulation.
Nous profiterons du silence de la montagne et de ses grands espaces quand nous rejoindrons des versants plus éloignés des axes routiers.