Crayonnés à vive allure

Dessins d’Hortense

Combiner une belle amitié et ses passions, c’est l’assurance de belles journées propices aux sourires. Tous les samedis, Hortense retrouve Juju au cours de dessin.

Elles partagent de nombreux centres d’intérêt communs, elles font aussi du badminton ensemble le mercredi. L’année dernière, elles avaient testé le golf, largement influencées par leurs papas respectifs. Elles préfèrent finalement les raquettes et les volants aux clubs et aux balles.

Hortense et Juliette aiment la même musique – un truc un peu électro, très pointu, qu’elles partagent avec peu d’autres personnes. Elles lisent les mêmes mangas et jouent aux mêmes jeux videos.

Elles ont aussi inventé un jeu très créatif qui consiste à dessiner à deux. Chacune commence un dessin sur une feuille puis elles échangent et continuent le dessin de l’autre. Ca donne des résultats vraiment très sympa.

Cette semaine, Hortense a délaissé les mangas pour travailler les positions, les visages et les mouvements de ses personnages. Traits vifs, rapides, elle a enchaîné les dessins durant ses deux heures de cours.

J’adore le résultat ! Trois dessins crayonnés à vivre allure où elle commence à s’exprimer, bien d’avantage que dans le format très reproductif du manga.

Dire qu’en maternelle, sa maîtresse s’inquiétait parce qu’elle dessinait des bonhommes patate en kit. Un bras, par ci, le nez à l’autre bout, loin de la tête et des jambes. Je ne regrette pas d’avoir laissé Hortense en faire à sa tête.

Pérégrinations fantastiques

Univers étranges où des femmes plus ou moins nues, des poils sous les bras, des tatouages, s’enlacent et se prélassent. Des mondes peuplés de bêtes imaginaires, mythologiques où trône un soleil bienveillant au milieu d’océans alternants tempêtes et douceurs. Des aquarelles, des dessins à la mine de plomb, de la gouache sur de vieilles cartes postales, des films sur pellicule, des dioramas (mises en scènes de personnages de papier découpé), des diapositives, des papiers épais, charnus, organiques… Le support est partie intégrante des œuvres présentées.

La terre se fait mère nourricière dans des grottes où filtre la lumière et dont les plafonds ressemblent à des mamelles d’où goutte du lait. Rappelant ces femmes qui allaitent, des perles miniatures suintant de leurs seins, ronds comme le soleil.

Les oiseaux se font chamans pour interpréter ce monde merveilleux. Livres, dés, cartes de jeux ou divinatoires guident ces créatures dans un entrelacement cosmique où chacun semble chercher sa place.

Sensations éphémères, surprises miniatures, détails attachants, couleurs saisissantes, délicatesse hypnotisante, raffinement brûlant tel ce cœur ardent qu’une femme étreint tendrement. Le monde de Karine Rougier est un jeu de masques, bienveillants ou effrayants dont je n’ai pas saisi tout le sens. Mais dans lequel j’ai déambulé un long moment en ce lundi hivernal au Drawing Lab.

Une parenthèse calme et silencieuse. Personne d’autres que les créatures de l’artiste pour m’entraîner dans des pérégrinations fantastiques.

D’autres artistes sont invités, dont les œuvres font écho à celle de la miniaturiste. Tel ce poème de Nina Leger à mettre en regard du dessin éponyme de Karine Rougier : Maintenant vivantes.

Il sera plus facile de dire qu’on a rêvé.

Nina Leger