
J’ai découvert cette semaine une citation de Christian Bobin qui illustre bien ma Tasse de Thé quotidienne.
Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles.
A l’heure de préparer le dîner, je me retrouve face à mon tas de compost qui s’élève de jour en jour. J’ai trop froid pour avoir envie de traverser le jardin pour jeter tout cela dans le grand composteur derrière l’arbre de Judée.
Les épluchures s’accumulent. Les racines de poireaux. Les feuilles de thé infusées. Les fleurs fanées d’un dîner passé.
Mon grand bol en terre cuite noire de Marginea, rapporté de Roumanie lors de notre retour en France, suffit d’ordinaire à contenir quelques jours de déchets compostables. Ces temps-ci, il déborde sur un plateau ramené de Turquie. Rien d’autre qu’un plat rond, avec un bord assez haut, pour préparer normalement de délicieux Su Böregi. Je ne sais pas cuisiner les Su Böregi mais j’adore ce plat.
Ainsi, comme le bout du monde est trop loin, comme le fond de mon jardin a sévèrement refroidi, je trouve aujourd’hui des merveilles au cœur de l’accumulation de mon compost.
L’entrelacement des verts et des blancs, rehaussé de touches noires, les pompons blancs de la gypsophile m’évoquent un jardin enchanté et joyeux, un printemps au cœur de l’hiver, une échappée lumineuse dans la morosité de janvier.
Comme le dit Belinda Cannone dans son livre S’émerveiller qui traîne sur ma table de nuit depuis quatre ans :
L’émerveillement résulte du regard désirant posé sur le monde.
Cette Tasse de Thé est l’expression de mon regard désirant sur le monde. Et sur mon compost.