Sous les feuilles coule la Bièvre

Fixé sur le guidon de mon vélo, mon téléphone me sert de GPS. Geovelo me guide dans les petites rues, les pistes cyclables et autres chemins praticables en deux roues non motorisées. L’assistance électrique de vélo n’est définitivement pas un moteur. Aucun mouvement sans action de mes muscles. Mon amie Véro m’a proposé de la rejoindre aujourd’hui pour déjeuner dans un joli village de l’Essonne, à quelques kilomètres de chez moi. Je me laisse guider entre les meulières cossues et les allées verdoyantes de petits villages hors du temps.

Nous avons rendez-vous au Mille Feuilles, un restaurant, librairie, salon de thé, galerie au centre de Bièvre. Rue pavée, portes rouge vif orant une vieille demeure cossue à la façade couverte de lierre. De l’autre côté de la rue, des bancs attendent les promeneurs sous de solides platanes. La charmante église ornée d’une dentelle de pierre, de quelques vitraux et d’un porche avancé, donne l’heure aux curieux qui entrent dans le musée de l’outil. Ici, Paris semble loin, le paysage fait penser à un roman de Flaubert. C’est Victor Hugo pourtant, qui écrivit un poème en s’inspirant de cette petite église provinciale.

« C’était une humble église au cintre surbaissé,

L’église où nous entrâmes,

Où depuis trois cents ans avaient déjà passé

Et pleuré bien des âmes. »

Premiers vers du poème de Victor Hugo, Dans l’église de***

J’attache ma monture aux arceaux à vélo que ni Hugo, ni Flaubert n’ont connu et suit mon amie dans la boutique baignée de lumière. Douceur des livres que l’on a envie de feuilleter, chaleur d’un lieu accueillant. On nous installe sur la terrasse dominant les frondaisons encore vertes de la forêt en contrebas. Sous les feuilles coule la Bièvre, ses berges luxuriantes et ombragées, le clapotis de l’eau, la fraîcheur du sous-bois. Depuis la terrasse, la vue dégagée repousse dans le lointain le ronronnement de l’autoroute.

Une librairie insolite loin du tumulte de la ville

Véro est venue à pied avec deux amies en suivant la rivière. Balade, déjeuner entre copines, balade. Leur programme est simple sous l’œil complice du soleil d’automne.

Repas très végétal. Saveurs riches de l’été indien où les couleurs égayent les assiettes et les esprits. Discussions sans fin autour d’un verre de rosé. Au moment de partir, la libraire nous explique comment elle a réussit à faire venir Gaspard Koenig. Dans quelques jours, il sera présent dans cette délicieuse librairie insolite pour une rencontre avec les lecteurs autour de son dernier livre, Humus. La libraire a une chevelure grise bouillonnante et des lunettes aux couleurs vives. Elle s’étonne encore d’avoir réussi à convaincre cet auteur de venir chez elle. Elle fait partie de ces gens qui s’enthousiasment sincèrement et vous donnent envie de croquer la vie.

Photo prise sur la page Facebook du Mille Feuilles

Quand vient l’heure de partir, je reprends mes étroits chemins cyclables baignés de verdure. Petit à petit, je retrouve les voitures et les feux rouges. Dans mon cœur persiste un morceau du Mille Feuilles.

Rouler loin des voitures et des promeneurs du bord de la Bièvre
La Coulée Verte à Antony, dernier tronçon loin des voitures et presque sans piétons.

Paris – Tokyo dans un bol de soupe

Il existe un endroit à Paris qui permet de se rendre directement au marché aux poissons de Tokyo. Les voyageurs patientent sur l’étroit trottoir à quelques pas de la Comédie Française. Quand une table se libère enfin, il vous suffit de passer la porte pour vous retrouver au milieu des cagettes de polystyrène débordant de poissons et autres crustacés dans de la glace pilée.

Le sol brille d’humidité. Les vendeurs portent des bottes en caoutchouc blanches assortis à leurs grand tabliers. Des sacs en plastique pendent au plafond, des balances ponctuent les étals au milieu des affiches en japonais et des prix en yen.

Vous entendez les cris des vendeurs, les moteurs des camions qui viennent livrer ou s’approvisionner, le brouhaha de l’animation quotidienne du marché.

Gyoza, edamame, shoyu ramen de sardine ou chintu de dorade royale. La carte est alléchante. Les odeurs de poisson en provenance de la cuisine ouverte aident à parfaire le dépaysement de ce restaurant japonais parisien.

Les points négatifs

L’attente… Comme j’avais crevé Porte d’Orléans, nous sommes arrivées à 12h30, certainement le pire moment pour obtenir une table. Nous ne nous sommes assises qu’à 13h30. Certes, le système de file d’attente virtuelle est pratique. Il suffit de scanner le QR code à l’entrée et vous recevez un sms quand c’est à votre tour. Vous avez alors dis minutes pour rejoindre votre table. Ca vous permet normalement de faire un tour dans le quartier. Pourquoi pas se poser sur un banc au Palais Royal ?

Eglantine et moi sommes allées faire un tour à l’exposition du moment au Drawing Lab, de l’autre côté de la rue. Et nous avons choisi de boire un verre au bar de l’hôtel, calme, préservé du tumulte de la rue, ouvert sur un jardin intérieur.

La crevaison puis cette longue attente avaient déjà bien entamé nos forces. Si bien que nous avons eu un peu de mal avec l’ambiance sonore du restaurant, hyper saturée en sons divers entre les conversations des clients, la bande-son du marché et les cris que lançaient les cuistots quand un plat était prêt.

Nous sommes parties au plus vite une fois nos ramens terminés.

Les plus

L’ambiance extraordinairement bien recréée par des professionnels des décors de théâtre et de cinéma. Le sol aurait été moulé sur l’original au marché aux poissons de Tokyo. Une expérience unique et époustouflante.

L’adresse

Kodawari Ramen – Tsukiji
12 rue Richelieu
75001 Paris

Ça ouvre à 11h45. Et si vous n’avez pas de problème de pneu Porte d’Orléans, c’est mieux d’arriver tôt.