Blanc nuit, couleur jour

Jeux de couleurs dans la froideur de l’automne.

Quand le froid mord la moindre chair découverte, on accumule les couches comme des oignons. On ressort les chaussettes en laine et les bouillotes, les écharpes et les gros plaids. Et on se terre dans la chaleur douillette de la maison avec une tasse de thé.

L’ado, elle, ne craint pas les morsures glaciaires. Surtout quand il s’agit de rejoindre ses amis à une énième fête d’anniversaire. Pull chaud et pantalon fluide par-dessus la petite robe noire, autant pour se protéger des températures polaires que des regards masculins, elle s’engouffre prestement dans la maison amie avec les silhouettes tièdes des autres ados.

Je m’endors sur le canapé en attendant l’heure d’aller la chercher. Le réveil me cueille à l’heure où tombent les premiers flocons, épais et scintillants dans la lumière des réverbères. La neige nappe les rues d’un silence mat. Tel un navire brise-glace, la voiture navigue dans la nuit devenue plus épaisse. Les flocons déferlent dans la lueur des phares, s’obstinent sous les balais des essuie-glaces.

Emmitouflée dans ma doudoune, j’ai reculé le siège pour lire en attendant ma passagère. Je ne retire mes gants que pour tourner les pages. Déjà, mes orteils se refroidissent. Une pellicule blanche noie la voiture. Je distingue à peine les ombres encapuchonnées qui sortent de la maison en riant. L’une d’elle ouvre la portière. Elle est rayonnante. La neige ajoute une pincée de magie à cette belle soirée.

Quand tout le monde est couché, mon regard se pose sur le silence ouaté du jardin. Aucune empreinte ne vient perturber le moelleux immaculé de la nuit. La neige m’hypnotise.

Au petit matin, seules quelques cendres blanches sont encore accrochées dans l’herbe ou sur les toits. La grisaille urbaine brille mollement dans les flaques de l’asphalte. L’agressivité du froid a été remplacée par l’infusion perfide de l’humidité.

Heureusement, le marché ravive les couleurs de nos cœurs. Le rose vif des radis, les camaïeux oranges des courges, jusqu’aux blettes qui déclinent toutes les nuances de rouge. La couleur, c’est mon moteur, ma pompe à chaleur.

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