Quelle trogne cette noix de coco !
Elle est ma star de la photo du lundi.

Qui sait encore ce qu’est une trogne ? Ce n’est pas simplement un visage remarquable, c’est avant tout une façon de tailler les arbres. Le tronc, régulièrement étêté à hauteur d’homme, fait des petits rejets à chaque coupe. Au fil des années, le tronc s’épaissit alors que les branches sont d’une extrême finesse. Ça donnes des arbres trapus, épais, rendus difformes par l’âge, tordus, fendus avec une tignasse de branches échevelée sur la tête. On découvre souvent dans les boursoufflures de leur écorce, des visages grotesques, irréguliers, un peu monstrueux.

Ce matin justement, Eglantine découvrait un visage vieillissant dans une trogne devant son lycée.
Voir des visages humains dans notre environnement est un phénomène qui s’appelle pareidolie. C’est le principe qui est utilisé par les psy lors des tests de Rorschach. Ceux où il faut donner un sens à des tâches d’encre. Notre cerveau a besoin, pour gagner du temps, de se référer à des formes déjà connues, à des représentations mentales préexistantes.
Ainsi les trognes à visage humain ou cette noix coco qui semble parfaitement surprise de se retrouver là.
Le maître incontesté de la paréidolie est sans nul doute le peinte italien Arcimboldo. Il donnait naissance à des visages humains en cumulant des fruits, des légumes et autres cadeaux de la nature.

On peut retrouver des visages humains dans les fleurs des orchidées mais aussi à l’échelle de la planète. Comme ce projet qui consiste à déceler des visages humains à la surface de la terre à partir de Google Earth.
Si le phénomène a une explication scientifique, liée à la survie de l’humanité – identifier rapidement une présence dans son environnement proche – l’art de découvrir un miroir de l’humanité dans le monde qui nous entoure appelle, selon moi, une certaine poésie.
C’est elle qui m’interpelle quand je photographie ma noix de coco.