Fragments de printemps

Besoin d’air. De grandes bouffées aspirées à plein poumons. A l’heure où le jour est encore pâle, les températures encore basse, les joggers encores rares, je cours vers le parc de Sceaux.

Traverser les travaux du tramway et entrer dans le parc par l’entrée de la Grenouillère. Les jonquilles ont envahis tous les sous-bois. Camaïeux de jaunes et de verts où restent suspendues les dernières gouttes de pluie.

Les bourgeons éclosent en premiers bouquets de feuilles. Encore petites et timides face aux milliers de petites fleurs éphémères des arbustes à travers le parc.

Les nuages étouffent encore la douce couleur jaune orangée du soleil matinal. Parfois, un rayon illumine les troncs nus où se promènent lentement escargots et limaces. Dans les grandes plaines ponctuées de chênes, quelques chiens courent, pris d’une folie de liberté, loin des laisses et du béton de la ville.

Les corneilles au regard noir ont mis les poubelles à sac et planent au-dessus des frondaisons. Les percussions d’un pic vert retentissent à proximité. Des petites mésanges volettent entre les branches nues. De petits passereaux sautillent dans les allées, se réfugiant en hauteur à mon approche.

Dans le bosquet nord, les larges troncs noueux des cerisiers de Japon attrapent les premiers éclats du soleil. Leurs bourgeons sont encore fermés, austères.

Le parc se remplit. On marche, on court, seul, à deux ou en groupe. Vêtements colorés. Téléphones fixés au bras pour évaluer ses performances. J’ai aussi un brassard pour accrocher mon téléphone. Mais je ne suis pas dans la performance. Je m’arrête sans cesse, cherchant ces petits détails qui m’émerveillent.

Fragments de printemps, quand la lumière et les couleurs reprennent le pouvoir.