Alors que je regarde les parapentes dans le ciel bleu, Eglantine se repose. Elle est prisonnière de ce mal invisible qui la cloue, encore, inévitablement, au fond de son lit. Grande fatigue. Épuisement. Elle a tiré les rideaux. La pénombre apaise ses yeux.
Elle puise dans ses dernières forces pour chausser ses skis une dernière fois et nous nous retrouvons à la terrasse d’un grand chalet blanc à la croisée de plusieurs pistes. J’ai déchaussé mes raquettes, elle a laissé ses skis en contrebas. Nous nous installons dans des transats. Notre regard embrasse une grande partie du domaine skiable.
La neige luit sous le soleil intense. Les skieurs sont de minuscules points noirs qui pleuvent sur les pentes de l’autre côté de la vallée. Eglantine n’a jamais pris le temps de regarder ainsi les pistes qu’elle dévale habituellement à toute vitesse. Elle s’émerveille de parcourir une telle distance en dix petites minutes.
Mais la musique du chalet est trop forte. La fatigue reprend le dessus. Nous redescendons vers l’appartement dans une neige fondue, collante et boueuse. Elle se cale sur le rythme de mes raquettes.
Enfin, elle regagne prestement la quiétude de son lit alors que je ramène chaussures, skis et raquettes au magasin.
Je rêve d’un jour où elle aura retrouvé toute la belle énergie qui l’a accompagnée durant son enfance. Celle qui lui permet encore, malgré tout, de garder un moral vigoureux, un enthousiasme inébranlable et une puissante joie de vivre.
