Plaidoyer pour la raquette

J’ai délaissé les skis et la vitesse pour les raquettes et la lenteur, mais aussi l’équilibre et la tranquillité. Peu de monde sur les chemins de traverse que l’on emprunte chaussé de ces planches de plastique à crampons. Pas d’attente interminable pour les remontées mécaniques.

Techniquement, la raquette se maîtrise rapidement. Trois positions : talon bloqué, talon libre ou talon surélevé. Deux bâtons. Une fois les raquettes ajustées par un système de clips et de sangles, n’importe qui peut partir en randonnée.

Mais pas dans n’importe quelle condition physique. La raquette, par sa simplicité d’appréhension, semble une activité presque reposante comparée au ski qui tire sur les muscles des jambes. Pourtant, une ballade en raquettes amène à travailler tous les muscles du corps. Les jambes bien sûr, pour la motorisation, les bras et tout le reste du corps pour l’équilibre. Notamment dans les dévers et les descentes – de l’intérêt des bâtons pour multiplier les points d’appui. Le relief, souvent accidenté, met à l’épreuve l’ensemble du corps.

Sans parler de l’endurance nécessaire et du souffle dont il faut adapter le rythme pour ne pas en manquer dès les premières montées – c’est mon plus gros problème.

Aujourd’hui, une jeune femme a rejoint le groupe pour une première expérience. Elle s’était blessée à l’épaule lors d’une chute à ski. Nous avons rallié un petit col après une longue montée au milieu des pistes bleues. La vue sur la vallée voisine était très belle.

Objectif en vue : le col de Forcle
Arrivée par le parcours de ski de randonnée
Vue sur la vallée de Champagny

La partie vraiment agréable de cette randonnée devait être la descente à travers un petit vallon loin des skieurs. Malheureusement, la jeune femme en question avait trop peur de tomber. Elle ne pouvait pas non plus s’appuyer sur un de ses bâtons à cause de son épaule blessée. La descente s’annonçait longue. Le guide a modifié ses plans. Et nous sommes redescendues au milieu des pistes, à nouveau, terminant de rejoindre la station de départ en télécabines. Grosse déception.

Déjà que le manque de neige émousse le plaisir des raquettes et réduit le choix des itinéraires, j’avoue que j’ai eu très envie, l’espace d’un instant, de partir de mon côté à l’assaut des pentes douces du vallon. Voir mes raquettes s’enfoncer dans la neige tendre et vierge de toute trace. Je pourrais avancer l’esprit de solidarité et d’entraide du groupe pour expliquer avoir rapidement écarté cette idée. Mais soyons honnêtes, c’est avant tout parce que je ne connais pas assez la région.

Non, la raquette n’est pas une planquette pour les blessés du ski. Elle reste un vrai sport, moins technique mais tout aussi exigeant physiquement.

Heureusement, il reste le plaisir du grand air, de la lumière qui joue sur la neige, du Mont Blanc au loin, du soleil qui batifole à travers les arbres, de l’esprit qui se détend et du corps fourbu qui accueille la nuit sereinement.

Décalage hivernal