Team-building. Au théâtre L’Azimut, on parle d’escale. Un dernier arrêt avant la bouquet final de la saison, le festival Solstice. L’occasion de rassembler les équipes, de souder tout le monde, régie, production, direction, communication, programmation, de ravitailler le groupe en solidarité, bienveillance et envie de construire quelque chose ensemble. Car il faut de l’envie pour réussir à donner vie à trois lieux culturels sur deux villes année après année. J’y apporte la plus modeste des contributions depuis deux ans avec mes quelques heures par mois.
J’aime cette escale qui me permet de connaître celles et ceux que je côtoie rarement. Je n’aime pas, par contre, découvrir l’activité proposée à la dernière minute. Je préfèrerais savoir à l’avance ce qui m’attend. Même si je ne suis pas certaine que le karting m’aurait plus motivé que l’escape game l’année dernière. Tourner en rond sur des moteurs avec quatre roues au ras du bitume en consommant une quantité ahurissante d’essence, pas certaine que j’en eus réellement rêvé.
Pourtant, cette année encore, je me suis trompée. Tout comme l’escape game avait été très réjouissant car organisé autour des cinq sens, coopératif et drôle, ce karting n’avait rien de classique.
Ça commençait pourtant mal.
Un trajet en RER alors que le thermomètre s’emballe. Le GPS m’annonçait plus de deux heures à vélo. J’ai longtemps hésité mais j’ai choisi de ne pas cumuler presque cinq heures de vélo dans la journée, 70 km aller-retour, avec une activité potentiellement fatigante. Mauvais choix, j’aurais préféré revenir en prenant l’air plutôt qu’enfermée dans la promiscuité poissarde d’une rame de RER.
Un parc d’exposition sans charme écrasé de soleil. Des entrepôts posés les un à côté des autres et une verdure misérable parsemée au milieu de l’asphalte.
Tout ça pour aller faire du karting.
Mais, déjà, il y avait l’effet Azimut. Le trajet en RER à papoter joyeusement. Les retrouvailles avec l’ensemble des l’équipe, lunettes de soleil sur le nez, le plaisir de ne rien avoir à organiser et de se laisser guider.
Et puis, ce n’était pas un karting classique mais un karting électrique. Nous avons poussé la porte d’un des entrepôts. La salle était plongée dans une épaisse pénombre d’où montait des lumières vives : la piste ultra colorée, les voitures éclairées comme des vaisseaux spéciaux, le bar à la lumière chaude et rassurante. Tout rappelait l’univers de Mario Kart.


On nous a présenté le fonctionnement de la voiture. Accélérateur pied droit. Frein pied gauche. Quatre boutons sur le volant dont deux réellement utiles. Le bleu pour la marche arrière. Le jaune pour envoyer ses bonus sur les autres joueurs et les ralentir – nitro, fusée, huile, bouclier pour se défendre. Comme un Mario Kart grandeur nature. C’est un karting électrique en réalité augmentée. Fabuleux !
On enchaîne une course style Mario Kart, une bataille style Snake.io – il faut attraper le maximum de pastilles colorés pour avoir une queue de plus en plus longue, que l’on perd si on coupe celle d’un autre joueur – et une bataille de couleur – colorer un maximum de cases avec sa propre couleur en roulant simplement dessus. On termine par une dernière course.

Je ne joue jamais à Mario Kart et à Snake.io. Il me faut un peu de temps pour assimiler les règles. Je me concentre sur ma conduite et pilant mon bouton jaune dès que j’ai quelqu’un en face de moi. Il ne sera pas dit que je ne me serais pas battue. Ma défaite sera honorable. Je m’amuse énormément. La pédale de frein ne sert à rien. Je prends les virages à fond. Je maîtrise mon volant. Je me sens pilote de Formule Un. Je ne regarde pas l’écran sur lequel s’affichent le classement et le nom de ceux qui m’attaquent.
Pour le serpent, je pige rapidement qu’il vaut mieux prendre son temps pour grandir en toute sécurité et engranger les points contrairement aux rageux qui accélèrent frénétiquement pour attraper plus de pastilles colorées sur la piste.
Nous sommes plus de trente. Nous passons par groupes d’une dizaine de personnes. Deux passages chacun. Je me débrouille bien. Deuxième ex-æquo puis première ex-æquo.
Puis le responsable du lieu annonce le classement final. J’emporte la première marche du podium ! Au grand dam de certains compétiteurs déjà persuadés de leur victoire, l’attendant impatiemment. L’air de rien, tranquillement, c’est moi qui ai remporté le plus de points. Une belle surprise.
D’un autre côté, je sais tenir un volant et le vélo en région parisienne, ça entraîne à faire attention à ce qui nous entoure sur la route. Surtout, je reste persuadée que ma patience au jeu du serpent m’a rapporté beaucoup de points.
Une grande envie d’y retourner avec Olivier et les filles…