Esprit d’escalier

Longtemps, j’ai pensé qu’avoir l’esprit d’escalier, c’était sauter d’une idée à une autre comme on passe d’une marche à l’autre quand on monte un escalier. De marche en marche, d’idée en idée, un raisonnement se mettait en place comme l’architecture d’un escalier, menant à un palier, un étage entier ou en haut d’une pyramide.

Pour moi, avoir l’esprit d’escalier, c’était construire des palais extraordinaires s’élevant vers le ciel en des milliers de marches pouvant se croiser. Escaliers droits, pensée claire, tournants, on se cherche un peu , hélicoïdaux, pensée qui part en vrille, escaliers crémaillères, escaliers suspendus, avec ou sans contremarches, pour une pensée plus ou moins aérée et perméable aux autres points de vue, ou en marches alternées, pour sauter du coq à l’âne.

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L’esprit d’escalier, c’était créer un univers où déambuler sans fin, monter, descendre, se suspendre à une marche, se balancer sur une autre, en sauter parfois. L’esprit d’escalier, c’était la créativité.

Mais non. Avoir l’esprit d’escalier, c’est simplement trouver la bonne répartie une fois que on est arrivé en bas de l’escalier. C’est la petite phrase bien sentie qui vient une fois que l’interlocuteur est loin et qu’il est trop tard pour remonter lui répondre. Finalement l’esprit d’escalier, c’est le contretemps, la frustration du manque de répartie. C’est aussi triste qu’une cage d’escalier humide au milieu de la nuit quand la fête est finie.

Je préférais mes châteaux fantastiques.