Et coule la Bièvre

Décembre était complètement fou. Impossible de trouver un moment à partager avec mon amie Véro. Elle habite pourtant dans la commune voisine et je passe sous ses fenêtres chaque fois que je rentre du lycée d’Eglantine en voiture (tous les jours, plusieurs fois par jour). Alors, nous nous étions réservé ce 26 décembre pour marcher ensemble le long de la Bièvre.

Six kilomètres à vélo pour me rendre chez elle. Six kilomètres de marche le long de la rivière. Un déjeuner au chaud. Puis six kilomètres pour rentrer chez elle. Echanger des nouvelles, discuter à bâtons rompus tout en profitant de la douceur humide et grise d’un lendemain de fête.

Au détour du chemin, un immense héron cendré quitte l’eau et s’élève amplement au-dessus des arbres. A notre retour, nous le retrouverons posé sur un terrain de golf fermé le temps des fêtes. Les canards aussi n’ont que faire des nuages bas et de la bruine hivernale. Les perruches, elles, inondent la cime des arbres de leurs jacassements vert vif.

Belles demeures au charme suranné d’un roman de Flaubert alors que ronronne l’autoroute sous laquelle nous suivons le cours d’eau. Calme des larges troncs des arbres dénudés. Langueur de la rivière où se dépose le reflet des branches envahies de gui. Quelques touches verdoyantes hivernent le long des berges. Couleur sombre des sapins contre tonalités vives des bambous. Profondeur contre légèreté. Concert d’une nature qui n’a rien d’éteint pour qui prend la peine de regarder.

La Bièvre emporte nos paroles tranquilles, accueille nos confidences, écoute nos espoirs.