S’endormir au fil des saisons

Nous sommes tous des péninsules. Des êtres reliés à la terre, à la communauté, mais un peu seuls dans leur mer intérieure. Je viens de terminer La péninsule aux 24 saisons de Mayumi Inaba. Une femme, à peine plus âgée que moi, quitte Tokyo pour vivre une année dans sa petite maison de vacances sur une péninsule où la nature déploie tous ses charmes.

Sa vie est rythmée par les changements de saison. Loin de se contenter des douze périodes classiques, elle cadence sa vie sur les vingt-quatre saisons de l’ancien calendrier japonais. On est dans l’infime, dans l’observation intime, dans le temps lent, à l’opposé de l’effervescence frénétique des grandes mégapoles.

J’ai eu un peu de mal à la lecture avec cette épaisse douceur. Je perdais mes repères, comme dans un brouillard ouaté où les sons sont atténués et les sensations tamisées. En plus, j’ai lu ce livre sur ma liseuse, donc le soir, avant de m’endormir. Je règle la luminosité de l’écran à son niveau le plus bas pour ne pas perturber le sommeil d’Olivier. Petit à petit, le sommeil me gagne et je m’endors à mon tour. Une lecture de toute fin de journée, un ultime voyage avant de transiter vers un nouveau jour. Si bien qu’il n’était pas rare, en lisant ce livre, que les mots se bousculent, que les images s’entrechoquent dans ma tête, augmentant cette sensation de flou qui me poursuit après la lecture de ce livre.

Je rejoins par contre cet intérêt pour le quotidien, cette observation des petits changements, ce goût de l’insignifiant.

Des vies simples et curieuses, cassées, réparées ou abandonnées qui se retrouvent sur cette péninsule où dansent les lucioles. Un livre à relire, peut-être. A l’ombre d’un grand cèdre, le nez chatouillé par les odeurs d’herbe fraîchement coupée, un rouge-gorge chantant dans les branches du prunier alors que le soleil se faufile à travers le feuillage de l’arbre de Judée.

Django, lui, appréciait mes lectures nocturnes. Il venait se caler près moi, appuyant parfois son museau contre mon livre électronique.

Lecture et chatteries nocturnes

Selon l’ancien calendrier japonais, nous terminons aujorud’hui la première période du printemps – du 4 au 18 février – le risshun, ou saison du premier jour de l’année lunaire. Demain commencera la deuxième saison, le usui, lorsque la neige laisse place à la pluie et que les glaces fondent.

Pour une poésie plus visuelle et contemplative, il faut visionner les vingt-quatre vidéos YouTube de The seasons of Yamato, avec la pianiste Mine Kawakami. Voici le lien vers la première saison, risshun, celle du premier jour de l’année lunaire.

Enfin, j’ai trouvé sur le site Aventure Japon, le résumé de ces vingt-quatre saisons.

Extrait du site Aventure Japon