Certaines journées sont plus lourdes que d’autres.
Et Hortense se met au piano.
La mélodie allège l’atmosphère. Les notes volent dans le salon, emplissent la maison. Le thème épique de Pirates des Caraïbes transforme les émotions pernicieuses en pensées légères. Je pourrais l’écouter jouer toute la nuit.
A défaut de vous montrer le superbe jeu d’Hortense, je vous partage cette modeste version symphonique 😉
Ma rêverie s’amplifie sur l’air d’Expérience, de Ludovico Einaudi. Bercée par les vagues qui roulent et s’enroulent sous les touches du piano. Envolée dans les nuages qui paressent lentement dans le ciel rosé d’une soirée d’été. Allongée dans les hautes herbes qui ondoient dans la chaleur fraîche du printemps.
Hortense, magicienne du bonheur. Sous ses allures désinvoltes, elle distille un éclat effervescent. Parfois ça pique. Souvent, ça égaye. Parfois, ça bouscule; Toujours, ça vivifie.
Dans notre ville, comme ailleurs, la saison des spectacles de rue bat son plein. Musique, cirque, théâtre, le spectacle vivant se déploie dans les parcs, sur les places et dans les allées. Les sonos résonnent contre les falaises minérales des immeubles. Les voisins pestent contre le bruit. Les enfants se faufilent. Les badauds s’arrêtent. L’art s’installe devant les yeux de tous.
On s’assoit sur des gradins en bois ou des sièges pliables, certains restent debout, pour mieux voir ou pour mieux partir, qui sait. D’autres s’assoient par terre. Un verre à la main. Une gourde d’eau dans le sac. Un goûter pour les enfants. Le chien tenu en laisse à ses pieds. L’ambiance est détendue. La bousculade joyeuse. Le spectacle terminé, le public prend son temps pour se disperser alors que les techniciens s’affairent pour démonter les structures ou préparer le matériel pour les suivants. Demain, plus aucune trace des câbles et des architectures provisoires.
Le spectacle de rue, c’est l’assurance d’interpeller le public, l’occasion de toucher celui qui n’a pas l’habitude de venir au théâtre. Pour beaucoup, le théâtre reste un lieu sérieux, intimidant, fermé. Un lieu pour les gros portefeuilles, les cheveux blancs et les têtes pensantes. Avec Solstice, tous les ans au mois de juin, le théâtre se révèle dynamique, engagé, drôle, décalé mais surtout, accessible.
Spectacle dans une cour d’école, Solstice 2023
Quand, en raison des orages, les régisseurs décident de rapatrier des spectacles en intérieur, la décision est difficile. La fréquentation baisse fatalement. L’ambiance n’est plus la même. La fête est mise en conserve. A l’apéro concert qui termine chaque journée de Solstice, ce ne sont plus qu’une cinquantaine de personnes qui dansent sur la scène dimanche soir. Ils étaient plusieurs centaines à profiter de l’atmosphère gaie et détendue d’un concert en plein air samedi.
Le repli avait été décidé le matin même. Face aux orages, l’incertitude demeure toujours, le choix est épineux. Risquer de devoir tout annuler en restant dehors. Ou s’exposer à perdre son public en jouant en intérieur alors que le soleil brille.
La météo fait partie des aléas du spectacle de rue. La fête de la musique en est le meilleur exemple.
Une belle journée chaude et ensoleillée verra tous les musiciens dehors, un public curieux, décontracté, avide de découvertes. Sitôt la pluie tombée, chacun rentrera chez soi. Certains se réfugieront dans des cafés où quelques concerts se tiendront contre vents et marées. Mais, le mauvais temps gâchera la fête, immanquablement.
La ville d’Antony a décidé depuis plusieurs jours de rapatrier la fête de la musique en intérieur. On imagine que ça laissait plus de temps pour informer le public. Le site internet est à jour. Les visuels ont été modifiés. Le lieux sont annoncés, bien identifiés.
Finalement, le temps est splendide pour cette première journée d’été. Les musiciens vont tout de même aller s’enfermer dans les différentes salles de spectacle de la ville. Ils mettront de la joie et de la fête dans entre des murs. On ne viendra plus les voir par hasard, guidé par une mélodie ou des applaudissements.
Le spectacle aura lieu, oui, mais au détriment d’une ambiance festive et ouverte, d’un esprit de rencontre et de découverte. Sur le site le site du ministère de la Culture, on lit que le concept de base de cet évènement était « la musique sera partout, le concert nulle part ».
A Antony, le concert sera dans les salles. Où est l’esprit de la fête ?
Reste encore les petits groupes d’amateurs qui joueront sur les trottoirs, aux coins de rues, devant les maisons et les cafés.
Quand Petit Chat se réveille au milieu de la nuit, il se rendort en quelques minutes avec un gros câlin de maman. Pour moi, c’est une autre histoire. Me voilà donc à feuilleter des magazines pendant que même la lune dort. Un petit encart en bas de page me fait alors découvrir deux jeunes sœurs qui dépoussièrent la musique classique, Camille et Julie Berthollet.
Leur dernier, et troisième, album s’appelle #3. Prononcez « hashtag trois ». On sent déjà deux personnalités qui ont grandi à l’ère du 2.0. Elles vivent dans leur époque. Mais vont piocher leurs morceaux dans tous les styles. Musiques tziganes, grands auteurs classiques comme Schubert ou Brahms, ou encore musiques de films, les titres semblent hétéroclites. Une cohérence joyeuse ressort pourtant de l’ensemble.
Mon casque sur les oreilles, mon iPhone à la main, j’enchaîne les podcasts et les vidéos sur YouTube pour en savoir plus sur ces musiciennes d’à peine 20 ans pour qui la vie semble un grand éclat de rire.
Elles jouent depuis l’âge de 3 et 4 ans. Julie, blonde, cheveux courts, l’aînée, est au violon. Camille, rousse, longue chevelure bouclée, est au violoncelle. Mais elles pratiquent chacune au moins trois instruments. Leur complicité est telle qu’elles n’ont pas besoin de paroles pour se comprendre. Notamment lorsqu’elles jouent ensemble, se cherchant sans cesse du regard.
Pourtant leur proximité n’est pas exclusive. Elles ont su intégrer dans leur duo deux pianistes, dont particulièrement Guillaume Vincent. Elles partagent avec lui la même jubilation face à la musique, faisant courir leurs cordes du jazz, au classique en passant par la musique du film Forest Gump.
Vous avez noté ? Julie, la blonde, n’est plus blonde. Elle a viré au roux pour une harmonie encore plus forte avec sa cadette. Parce qu’en plus de la musique, le look, ça compte pour elles !