Vivre avec des chats

C’est passer l’aspirateur trois fois par jour mais avoir toujours des poils sur un fauteuil.

C’est ouvrir la porte vingt fois parce qu’il veut sortir, parce qu’elle veut rentrer puis ressortir. Un ballet sans fin de va-et-vient. Oui, il va falloir penser à poser une chatière.

Mais j’aime bien, quand je lui ouvre la porte pour qu’elle entre, la façon dont Maya fait systématiquement un détour pour se frotter contre mes jambes en miaulant vivement.Genre, « Ah enfin tu m’ouvres, j’ai failli attendre ! Mais merci quand même. »

J’aime la démarche nonchalante de notre vieux et gros Django, sa manière de s’allonger méthodiquement en plein milieu du passage, de courir en contrôlant plus ou moins ses dérapages dès qu’il entend ses croquettes tomber dans le distributeur, de croire qu’on ne le voit pas quand il grimpe sur le plan de travail de la cuisine à la recherche d’un petit truc à voler, et de détaler, l’air surpris, quand on hausse alors la voix.

Je raffole de la façon dont Maya dort en torsade, les pattes arrière dans un sens, la tête dans l’autre, comme un tee-shirt essoré à la main. Regarder Django dans son sommeil, c’est avoir envie, comme lui, de s’enfoncer dans le moelleux d’une couverture sans penser à rien, croiser les pattes et s’abandonner aux rêves.

Vivre avec des chats, c’est avoir des câlins de temps en temps, quand ils veulent. Ils sont très indépendants. Mais c’est aussi avoir une présence féline permanente à ses côtés. Maya qui se roule dans la corbeille de linge au moment du repassage. Django qui vient voir comment se passe la douche. L’un qui vient s’installer sous un buisson voisin pendant que j’élague le noisetier, l’autre qui chasse les papillons juste à côté. Et en avoir un collé de chaque côté de mes jambes pendant la nuit.

Vivre avec des chats, c’est aussi les enfermer quand un faisan imprudent vient se perdre dans le jardin. C’est les regarder frémir et claquer des dents derrière la fenêtre alors que rouges-gorges et mésanges volètent de l’autre côté de la vitre. C’est se rassurer un peu car nos arbres sont très hauts et suffisamment nombreux pour que les oiseaux y trouvent refuge, à l’abri de nos félins chasseurs même si pas affamés.

Vivre avec des chats, c’est passer la main dans leur pelage – celui de Maya est particulièrement doux – écouter leurs ronrons, accueillir un museau au creux de son bras – ça, ça vaut surtout avec Django qui aime enfouir sa tête contre moi.

Vivre avec des chats, c’est aussi avoir une montée d’angoisse quand l’un deux ne rentre pas le soir. C’est débouler dans le jardin quand on entend les feulements d’une bataille à venir. C’est détester les voitures qui roulent trop vite dans la rue. On n’a pas envie qu’ils meurent comme ça.

C’est aller en urgence chez le vétérinaire un samedi matin parce qu’une morsure, une patte douloureuse, un Django neurasthénique qui ne daigne même plus avaler une croquette.

Vivre avec des chats, c’est mettre de la joie et de la chaleur dans son quotidien même quand il va falloir faire avaler des comprimés matin et soir à Django pendant les dix prochains jours.

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