Quel est le poids le culpabilité ? Comment faire payer au coupable ? Comment se souvenir sans sombrer ? Comment accepter ?
La houille noire devient lumineuse sous la plume de Sorj chalendon dans Le jour d’avant. Dans le regard que Michel porte sur son grand frère, Jojo. Mineur éblouissant, héros du charbon, idéal sur piédestal qui disparaîtra alors que la mine explosera au petit matin du 26 décembre 1974.

Puis c’est le père, paysan attaché à sa terre, celle des betteraves et du blé, pas celle que l’on creuse pour faire marcher l’industrie, qui se suicidera, un an après. Alors Michel deviendra parisien, loin de son pays, transformant son histoire en mausolée.
Ce livre n’est pas seulement un vibrant hommage aux mineurs en particuliers et aux ouvriers en général. Comme toujours avec Sorj Chalendon, l’humanité ne se peint pas en noir et blanc. Elle est plus sinueuse, surprenante, décevante, enthousiasmante, déconcertante, éclatante, touchante.
Alors qui est la victime ? Qui le coupable ?
Ce livre est avant tout une affaire de pardon, pour trouver la paix, avec soi-même et avec l’histoire, la petite et la grande, l’industrielle, la nationale. Une histoire d’amour aussi, entre deux frères. Amour en creux, en vide, après la mort du grand.
« C’est comme ça la vie » ajouterait Jojo.
Un roman bouleversant, une écriture ciselé, mordante comme une paire de menottes et un récit sous tension, dans la finesse des non-dits.
- Sorj Chalendon, Le jour d’avant, éd. Grasset, 336 p., août 2017