Pérégrinations fantastiques

Univers étranges où des femmes plus ou moins nues, des poils sous les bras, des tatouages, s’enlacent et se prélassent. Des mondes peuplés de bêtes imaginaires, mythologiques où trône un soleil bienveillant au milieu d’océans alternants tempêtes et douceurs. Des aquarelles, des dessins à la mine de plomb, de la gouache sur de vieilles cartes postales, des films sur pellicule, des dioramas (mises en scènes de personnages de papier découpé), des diapositives, des papiers épais, charnus, organiques… Le support est partie intégrante des œuvres présentées.

La terre se fait mère nourricière dans des grottes où filtre la lumière et dont les plafonds ressemblent à des mamelles d’où goutte du lait. Rappelant ces femmes qui allaitent, des perles miniatures suintant de leurs seins, ronds comme le soleil.

Les oiseaux se font chamans pour interpréter ce monde merveilleux. Livres, dés, cartes de jeux ou divinatoires guident ces créatures dans un entrelacement cosmique où chacun semble chercher sa place.

Sensations éphémères, surprises miniatures, détails attachants, couleurs saisissantes, délicatesse hypnotisante, raffinement brûlant tel ce cœur ardent qu’une femme étreint tendrement. Le monde de Karine Rougier est un jeu de masques, bienveillants ou effrayants dont je n’ai pas saisi tout le sens. Mais dans lequel j’ai déambulé un long moment en ce lundi hivernal au Drawing Lab.

Une parenthèse calme et silencieuse. Personne d’autres que les créatures de l’artiste pour m’entraîner dans des pérégrinations fantastiques.

D’autres artistes sont invités, dont les œuvres font écho à celle de la miniaturiste. Tel ce poème de Nina Leger à mettre en regard du dessin éponyme de Karine Rougier : Maintenant vivantes.

Il sera plus facile de dire qu’on a rêvé.

Nina Leger