Frère(s), une gourmandise à partager

Des jours que les mots dansent dans ma tête mais que je repousse le moment de les fixer dans un texte. Enfin, aujourd’hui je prends le temps de vous parler de Frère(s).

Fourneaux, foot et amitié

Les deux acteurs incarnent deux adolescents qui se rencontrent dans un CAP de cuisine. Tout les oppose. Le petit nerveux, le grand délicat. Le prolo, l’aristo. Le sans nom, le fils d’un grand chef. Le fan de foot, l’inconditionnel du yuzu. Le bagarreur, le rêveur. Le besogneux, le créatif. Le spartiate, l’esthète.

Leur amitié naît dans cette zone trouble de l’adolescence, à ce moment charnière où chacun cherche son identité et rêve de réussir sa vie. Entre violence et bienveillance. Dans les silences de mots qu’on ne sait pas dire, dans cette bulle d’affection masculine, entre respect, curiosité et vexations. Dans la fournaise des cuisines, les brimades des profs, les humiliations des brigades ou dans l’ambiance carnassière des tribunes, les deux amis construisent leur avenir.

Les grands thèmes classiques

Comme dans les grandes tragédies classiques, il est question d’amour (l’amitié n’en est-elle pas une de ses nombreuses formes ?), d’héroïsme (les cuisiniers, héros anonymes des restaurants, routiers ou gastro), d’honneur (honneur d’un métier, honneur d’un nom, honneur d’un ami dont on prendra la défense, ou pas) et de destin. La jalousie sème ses mauvaises graines.

La comédie lie l’ensemble du récit. Ridicule du quotidien, des batailles d’égo, des petites hypocrisies, du mépris ordinaire qui rabat la voile des grands rêves, de la prétention qui berce les illusions et écrase la camaraderie. Absurdité des ces hommes transformés en machines dans les cuisines des étoilés.

Le récit de Clément Marchand, magnifiquement porté par Jean-Baptiste Guinchard et Guillaume Tignati, touche en plein cœur par son humanité et sa tendresse.

Photos issue du site de L’Azimut ©François Fonty

Un moment de partage

Comme un bon repas qui se partage en famille, Frère(s) est une invitation à vivre ensemble. Nous étions huit ce soir-là dans la salle du théâtre Firmin Gémier (L’Azimut), de 10, 20, 50 ou 70 ans (oui, Henri, j’ai décidé d’arrondir les chiffres). Visages souriants. Envie de faire durer le moment. Nous n’avions pas envie de quitter ce morceau de bonheur simple.

J’ai encore le smile plusieurs jours après. Et comme une envie de goûter un osso bucco au yuzu.

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